LESIGNE Hubert, Auguste, Edmond

Par Jacques Girault

Né le 6 juin 1932 à Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne), mort le 13 mars 2016 à Paris (XVIIe arr.) ; professeur ; militant communiste en Meurthe-et-Moselle puis en banlieue Nord de Paris.

Fils d’un boucher-éleveur indiqué « marchand de bestiaux » sur son acte de naissance, Hubert Lesigne reçut les premiers sacrements catholiques, bien que sa famille fût assez anticléricale. Élève du cours complémentaire de Bourbonne, il entra à l’École normale d’instituteurs de Troyes (Aube) en 1948, puis à celle de Besançon (Doubs) pour préparer le baccalauréat, série "Philosophie".

Il évoqua sa jeunesse (Un garçon d’Est, L’Harmattan, 1995) puis sa vie de normalien dans Les J Troyes (D. Guéniot, 1999). Son hostilité à la religion se renforça. Titulaire du baccalauréat, il devint instituteur en 1951-1952. Admis en 4e année à l’École normale de Nancy (Meurthe-et-Moselle) pour préparer l’École normale supérieure de Saint-Cloud, il renonça, ayant "pris la philo (idéaliste) en aversion". Après une année de formation professionnelle à Troyes, il devint étudiant salarié comme surveillant à l’école normale de Nancy. Il obtint à la faculté des lettres de Nancy une licence de lettres modernes puis le CAPES en 1956. Il se maria en juillet 1954 à Montigny-lès-Metz (Moselle) avec Paulette Crétin-Maitenaz, dite « Bluette », professeur, communiste, fille d’un gendarme devenu vérificateur de débit à SEITA à Nancy, socialiste SFIO et d’une sympathisante communiste, membre de l’Union des femmes françaises. Le couple avait un enfant en 1962.

Nommé avec son épouse au lycée de Longwy (Meurthe-et-Moselle), soupçonné d’antimilitarisme, Hubert Lesigne accomplit son service militaire en France et en Algérie (juillet 1959-novembre 1961) dans un régiment du train comme soldat de 2e classe. Libéré, il retrouva son poste au lycée de Longwy en 1962. Il témoigna sur cette période dans Valse à l’envers. Chronique des années guerre d’Algérie 1953-1963 (L’Harmattan, 2008)

Hubert Lesigne, adhérent au Syndicat national de l’enseignement secondaire, fut un actif militant de la tendance "Unité et Action" dans son lycée. Il militait aussi dans le conseil de l’association de parents d’élèves. Entre 1957 et 1959, il présida l’amicale des locataires de la cité HLM où il habitait à Nancy.

Il adhéra au Parti communiste français en 1954 à l’ENI de Nancy et devint secrétaire de la cellule communiste de l’EN en 1955-1956. Secrétaire politique de la section communiste de Longwy en 1962, il animait la cellule communiste du lycée qui publiait un journal intitulé Tout dire. Membre du comité antifasciste du lycée, il entra au comité de la fédération communiste en 1962 et suivit l’école centrale du PCF en août 1962. Il apportait son aide pour la création des cellules dans les usines de la vallée de la Chiers. Influencé par [Maurice Kriegel-Valrimont->, il commença à prendre conscience "des méfaits de l’ouvriérisme et du stalinisme thoréziens".

L’année suivante, Hubert Lesigne obtint sa mutation pour le lycée Paul Éluard à Saint-Denis où il vint habiter. Reçu à l’agrégation en 1972, il fut nommé en 1973 à l’Ecole normale nationale d’apprentissage de Paris-Nord où il enseigna jusqu’à sa retraite en 1992. Il milita dans le SNES aux côtés de Gérard Alaphilippe* notamment dans la conquête de la section départementale (S2) par la tendance "Unité et Action".

Collaborateur du Comité central du PCF, il était membre du comité de rédaction de L’Ecole et la Nation, membre du comité et du bureau de la section communiste de Saint-Denis-Nord (qu’il évoqua dans son ouvrage Insoumis), membre du comité fédéral Seine-Nord-Est en 1965, et il entra au comité de la nouvelle fédération communiste de Seine-Saint-Denis. Ayant refusé d’être permanent, il devint membre du bureau fédéral en 1968 et reçut la responsabilité des intellectuels et de l’enseignement. Redevenu seulement membre du comité fédéral de 1971 à 1977, toujours responsable de la commission des intellectuels et de la culture, il participa à la création, dans la fédération, des commissions du primaire, du secondaire et du supérieur après la naissance de l’Université de Paris 13. Il ne fut pas renouvelé au comité fédéral pour des raisons de santé d’après le rapport fait sur la conférence fédérale de 1977. Il était aussi troublé par les débats sur les questions culturelles, sur les rapports avec les étudiants et commença à se "libérer" de ses responsabilités "avant de m’éloigner en silence" à partir de 1992.

Par la suite, influencé par les travaux de Pierre Bourdieu et par la pédagogie active inspirée des méthodes de l’École moderne ([Célestin Freinet->), Lesigne analysa les questions scolaires et universitaires dans des articles de revues (notamment dans les Cahiers du communisme, L’École et la Nation, Le français aujourd’hui). Il prit des distances avec les pratiques pédagogiques des enseignants communistes attachés "à une conception rétrograde de l’enseignement surtout en lettres". Il soutint une thèse de troisième cycle à l’université de Paris 13 sous le titre « Niveaux de vocabulaire, groupes sociaux et enseignement : essai de micro-lexicologie appliquée ».

Tourné de plus en plus vers son travail d’écriture, il publia des recueils de poésies. A partir des années 1990, ses ouvrages portaient sur les langages et autres particularités de sa région natale, la Champagne, l’évocation en trois tomes d’une « vie fantaisie » ou des études de lexicologie sociale. Il continuait, en 2012, à participer "aussi activement que possible" à l’Association pour l’autobiographie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139012, notice LESIGNE Hubert, Auguste, Edmond par Jacques Girault, version mise en ligne le 28 novembre 2011, dernière modification le 12 mai 2021.

Par Jacques Girault

ŒUVRE :
Voir texte. Parmi les dix ouvrages du catalogue de la BNF, citons aux éditions L’Harmattan
-  Blues des métiers, 1996, (poésie)
-  Les banlieues, les profs et les mots. Essai de lexicologie sociale, 2000,
et aux éditions Publibook
Une araignée dans le patrimoine. Exercices d’argomuche, 2009.

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Presse nationale. — Divers sites internet. — Renseignements fournis par l’intéressé.

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