LÉVY Jeanne, Louise.

Par Jacques Girault

Née le 5 novembre 1895 à Alger (Algérie), morte le 1er juillet 1993 à Paris (XIVe arr.) ; professeur de médecine ; militante du SNESup ; militante communiste à Paris.

Jeanne Lévy reçut les premiers sacrements catholiques. Élève du lycée Lamartine à Paris, elle fut une des premières jeunes filles à obtenir un baccalauréat scientifique en 1914. Elle entreprit des études à la faculté des sciences de Paris (certificats de chimie générale en 1915, de mathématiques générales en 1916, de physique générale en 1917) et médicales. Elle participa aux travaux du laboratoire de chimie de guerre (1916-1918) puis enseigna la chimie organique pour l’Association philotechnique de 1921 à 1923.

Déléguée dans les fonctions de chef de travaux adjoint en 1919, préparatrice à la Faculté de médecine de Paris de 1926 à 1928, docteur en sciences physiques (1921) et en médecine (1931), elle travailla à la fin des années 1920 comme chercheuse dans le laboratoire pharmaceutique Lematte-Boinot et collabora avec Ernest Kahane. Assistante au laboratoire de pharmacologie de la Faculté de médecine à partir de 1930, directeur technique de l’Institut de biologie clinique en 1930, chargée des fonctions de chef des travaux de pharmacologie depuis 1931, elle publia, à la fin des années 1930, seule ou avec Kahane, des ouvrages sur la biochimie de la choline et de ses dérivés. En 1934, elle fut la première agrégée de médecine en raison de ses travaux fructueux de chimie organique, de pharmacologie, de chimie biologique. Elle travailla alors à la Faculté de médecine de Paris comme chargée de l’enseignement de pharmacologie. En novembre 1942, affectée à la Faculté de Médecine de Toulouse, elle y enseigna la chimie à partir de juin 1943, après avoir fourni à nouveau les preuves de sa non-judaïté définie par la loi.

À la Libération, Jeanne Lévy, qui avait participé à la Résistance, fit partie des praticiens qui mirent en place dans divers secteurs les fondements d’une nouvelle politique de la santé. Elle participa avec d’autres enseignants des facultés de pharmacie et de médecine à la mise en place d’un Comité consultatif de la pharmacie qui obtint la rédaction d’un décret ministériel, le 5 mars 1945, créant l’Ordre des pharmaciens. Elle participa à la création d’une association, en juillet 1945, « Le Renouveau », dont elle devint la vice-présidente. Cette association entendait aider les enfants victimes de Vichy et du nazisme, la plupart étant juifs. Le président était Henri Wallon. Elle fut chargée de faire fonctionner à partir de 1946 le Centre d’éducation pour enfants de fusillés et de déportés à Montmorency (Seine-et-Oise).

Directrice du Laboratoire de contrôle physiologique des médicaments antivénériens du Ministère de la Santé publique, Jeanne Lévy enseignait à la Libération en pharmacologie. Professeur sans chaire depuis janvier 1946, elle fut suspendue le 8 décembre 1947, pour quelques temps, de ses fonctions dirigeantes pour avoir participé, depuis le 1er décembre, « à une cessation collective de travail de caractère politique » et avoir « fait pression sur son personnel pour qu’il abandonne le travail ».

Intégrée dans le cadre des maîtres de conférences à compter de janvier 1949, Jeanne Lévy devint, en 1959, la première titulaire en France d’une fonction de professeur « à titre personnel » à la Faculté de médecine de Paris. En 1964, à deux ans de sa retraite, elle fut nommée titulaire de la chaire dédoublée de pharmacologie de la faculté.

Membre du Syndicat national de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, elle fut élue à la section de Médecine du Comité consultatif des Universités dans les années 1950.

Membre du Parti communiste depuis la guerre, Jeanne Lévy fut candidate, en septième position, aux élections législatives du 17 juin 1951 dans la première circonscription de la Seine sur la liste « d’Union républicaine, résistante et antifasciste pour l’indépendance nationale, la Paix, la Liberté et le Pain » présentée par le Parti communiste français. Elle fut à nouveau candidate en septième position sur la liste communiste le 2 janvier 1956.

Jeanne Lévy se montra favorable en 1948 aux thèses de Lyssenko et, écrivit un article « L’œuvre de Lyssenko et l’évolution de la génétique », dans La Pensée, dont elle était membre du comité de soutien. Elle y voyait une « conséquence des principes du matérialisme dialectique ». A la fin de 1948, elle confirma cet engagement dans un article des Lettres françaises intitulé « Victoire sur le racisme ». Elle entra au comité de rédaction de La Nouvelle Critique en juillet 1952. Elle maintint son soutien à ces conceptions lors de la Journée nationale d’études des biologistes communistes, le 21 juin 1953. Elle signa en novembre 1956 la lettre de 68 médecins critiquant la direction du PCF puis revint sur cet engagement. Elle collabora à plusieurs ouvrages scientifiques et au livre Pasteur, sa vie et son œuvre scientifique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139063, notice LÉVY Jeanne, Louise. par Jacques Girault, version mise en ligne le 5 décembre 2011, dernière modification le 30 avril 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., F7/ 15518 B, Dossier 6340 (Wallon), F/17/28732.. — Archives du comité national du PCF. — Presse nationale. — UZTOPAL (Deniz), Pouvoir idéologique et savoir scientifique. L’Histoire sociale de la Science et des scientifiques communistes français dans la Guerre froide, thèse, Université de Paris I, 2012. — Etat civil site internet Match ID.

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