MARTIN Georges

Par Daniel Grason

Né le 24 mars 1909 à Paris (Xe arr.), mort le 23 mai 1965 à Paris (XIXe arr.) ; ouvrier sellier ; communiste ; interné ; déporté.

Georges Martin
Georges Martin

Georges Martin était le fils de Marguerite Tiramani, elle se maria le 10 mai 1913 à la mairie du XIXe arrondissement avec Pierre Martin qui le légitima. Son enfance, adolescence et sa vie d’homme eut pour univers un quartier du Paris ouvrier dans le XIXe arrondissement. Il épousa Henriette Le Cam le 4 janvier 1934, le couple habita 2 place du Maroc.
À la déclaration de guerre en septembre 1939, il fut mobilisé, fait prisonnier en juin 1940, les allemands le libérèrent en décembre en raison de son état de santé. Il fut réformé temporaire pour affections pulmonaires tuberculeuses. Il travaillait comme ouvrier sellier aux usines Chausson à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine) où il était apprécié pour son sérieux et ses qualités professionnelles. Les ouvriers fabriquaient des radiateurs pour les chars Somua, les chenillettes Hotchkiss, les moteurs Hispano-Suiza qui équipaient des avions fabriqués chez Breguet, Amiot, Morane, Lioré et Olivier, Dewoitine et Bloch. Des usines placées comme l’ensemble de l’industrie sous contrôle allemand.
En 1942, l’usine d’Asnières employait mille cent quarante-huit salariés, celle de Gennevilliers deux mille huit cent onze. La période du Front populaire restait vivace chez les ouvriers, quelques-uns renouèrent avec l’activité syndicale par le biais d’un comité populaire et du parti communiste. Jean Kerfest* ouvrier tôlier chez Chausson à Gennevilliers transmettait tracts et brochures à moins d’une dizaine de militants sur les deux usines dont Georges Martin qui adhéra au Front national en 1941. Le 26 mai 1942 vers 7 heures 15 du matin, trois inspecteurs de la BS1 l’appréhendaient place Voltaire à Asnières, à leur vue il tenta de déchirer une feuille de papier, une liste de noms d’ouvriers des deux usines.
Liste en main les policiers arrêtèrent onze militants ou supposés tels le lendemain dans les ateliers. Georges Martin déclara aux policiers qu’il ne s’expliquait pas pourquoi son nom était sur la liste de Kerfest n’ayant jamais distribué de tracts. Le 9 octobre 1942, il comparut en compagnie de Jean Kerfest, Maurice Leblanc, Ernest Prey, Georges Parent, Marcel Marion, Lauriano Perez et Émile Borny devant la Section spéciale. Tous furent condamnés. Georges Martin à deux ans de prison, mille deux cents francs d’amende et au maximum de la contrainte par corps. Sous le titre : « Communistes condamnés », Le Petit Parisien du 10 octobre 1942 annonça les sentences. Il fut détenu ou interné successivement à la prison de la Santé, à Melun (Seine-et-Marne), puis à Châlons-sur-Marne (Marne), libérable le 17 avril 1944, il fut transféré dans le quartier allemand.
Sa femme sans ressource devint en 1943 femme de chambre à la Kommandantur, rue de la Faisanderie dans le XVIe arrondissement. Gravement atteinte elle aussi par la tuberculose, certainement du fait de mauvaises conditions de logement, elle fut dans l’impossibilité de travailler de juin à septembre 1943.
Le 12 mai 1944, un convoi de deux mille soixante-treize hommes quittait le camp de Compiègne (Oise) à destination de Buchenwald (Allemagne), le plus important de tous les transports. Huit déportés s’évadèrent à Commercy (Meuse), dont deux furent tués par un SS, quatorze moururent lors du trajet, où le 14 mai à l’arrivée.
Dans son ouvrage 1945 La découverte, Annette Wieviorka soulignait : « c’est avec l’arrivée du résistant communiste Marcel Paul, en mai 1944, qui devient l’interlocuteur des dirigeants allemands, que le parti communiste français s’organise véritablement à Buchenwald et qu’il rassemble d’autres courants de la Résistance dans le Comité des intérêts français. Désormais, le Comité est à présent dans l’organisation de résistance du camp et peut protéger certains détenus. »
Le 11 avril 1945 dans l’après-midi, l’armée américaine conduite par le général Patton libérait Buchenwald. Un Comité militaire clandestin international l’accueillit. Le Comité des intérêts français était composé de : Henri-Frédéric-Henri Manhès, Albert Forcinal, Marcel Paul, Robert Darsonville et Jean Lloubes représentaient les français au sein de ce comité.
Georges Martin matricule 51281, était parmi les mille cent trente-neuf survivants du convoi (55%).
De retour en France fin avril, il reprit son poste de travail à l’usine Chausson d’Asnières. Georges Martin a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
En 1948, il vécut 3 rue Saint-Philippe-du-Roule à Paris, (VIIIe arr.) avec Suzanne Jamais née en 1918, une fille Viviane naquit en décembre 1951. Il divorça le 13 juillet 1957, se remaria le 27 juillet 1963 à Paris VIIIe arr. avec Suzanne. Georges Martin mourut le 23 mai 1965 à l’âge de cinquante-six ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139072, notice MARTIN Georges par Daniel Grason, version mise en ligne le 19 septembre 2019, dernière modification le 17 avril 2021.

Par Daniel Grason

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SOURCES : AN Z/4/59 dossier 408. – Arch. PPo. BA 1928, BA 2056, 77W 70. – Bureau Résistance dossier GR 16 P 397666. – Le Petit Parisien, 10 octobre 1942. – Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Éd. Tirésias, 2004. – Annette Wieviorka, 1945 La découverte, Éd. du Seuil, 2015. – Olivier Lalieu, La zone grise ? La résistance française à Buchenwald, préface de Jorge Semprun, Éd. Tallandier, 2005. – Pierre Durand, Les Français à Buchenwald et à Dora, Éd. Sociales, 1977. – État Civil, Paris (Xe arr.).

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 160

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