PREY Ernest, René

Par Daniel Grason

Né le 19 février 1921 à Bauvin (Nord), mort en mai 2013 ; ouvrier spécialisé ; interné ; déporté ; vice-président de la FNDIRP.

Ernest Prey était le fils de Daniel, charretier, et d’Ernestine, née Duhem, ménagère. À l’issue de sa scolarité, il obtint le certificat d’études secondaires. Pendant la guerre, il demeurait chez ses parents 8 rue de la Fraternité à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine). Il adhéra en 1941 au Rassemblement national populaire (RNP) parti collaborationniste fondé par Marcel Déat, il quitta l’organisation lors de la rupture de Déat avec Eugène Deloncle en octobre. Ernest Prey était ouvrier spécialisé aux usines Chausson à Asnières, mille cent quarante-huit salariés y travaillaient. Spécialisé dans la fabrication des radiateurs pour automobiles, camions, chars d’assaut et chenillettes, l’entreprise comme l’ensemble de l’industrie française produisait pour les allemands.
Quelques militants communistes reconstituèrent sur les usines d’Asnières et de Gennevilliers, une cellule communiste. Jean Kerfest, le responsable fut interpellé le 26 mai 1942 vers 7 heures 15 du matin, place Voltaire à Asnières par des inspecteurs de la Brigade spéciale n° 1. Il tenta de déchirer une liste qu’il portait, celle des militants communistes et sympathisants des deux usines, le nom d’Ernest Prey y figurait.
Le lendemain des inspecteurs venaient arrêter dans les ateliers onze militants ou supposés tels pour « propagande communiste ». Sur la feuille saisie, Ernest Prey figurait comme responsable du groupe C de l’organisation. Lors de son interrogatoire, il affirma qu’il n’était pas membre du parti communiste, qu’il ne versait aucune cotisation à ce parti et ne distribuait aucun tract. Lors de la confrontation avec Kerfest, celui-ci maintint lui avoir remis quatre ou cinq tracts à distribuer à deux reprises, Prey réfuta.
Le 9 octobre 1942, il comparut en compagnie d’eux devant la Section spéciale. Tous furent condamnés. Ernest Prey à deux ans de prison, mille deux cents francs d’amende et au maximum de la contrainte par corps. Sous le titre : « Communistes condamnés », Le Petit Parisien du 10 octobre 1942 annonça les sentences. Il fut détenu ou interné successivement à la prison de la Santé, à Melun (Seine-et-Marne), puis à Châlons-sur-Marne (Marne).
Le 22 mars 1944, il partait du camp de Compiègne (Oise) dans un convoi de mille deux cent dix-huit hommes à destination de Mauthausen (Autriche), un camp de concentration particulièrement dur. Quatre-vingt-deux hommes seront gazés entre juillet et décembre 1944 au château d’Hartheim, six cent quarante (52,5%) ne rentrèrent pas. Ernest Prey matricule 60465 fut affecté au Kommando de Loibl Pass chargé de creuser un tunnel routier entre l’Autriche et la Slovénie actuelle. Dans la nuit du 7 au 8 mai 1945 les partisans de Tito libérèrent les prisonniers. Il a été homologué Déporté interné résistant (DIR).
Ernest Prey se maria le 5 août 1950 avec Liliane Aouize-Rate à la mairie d’Arcueil (Seine, Val-de-Marne).
Il débuta une carrière de journaliste sportif en février 1946 au journal Ce soir, puis au magazine Sports et Miroir Sport. Il travailla au journal Les Allobroges à Grenoble (Isère), avant d’être recruté au Courrier Picard. Il fut journaliste localier à Montdidier (Somme) de 1955 à sa retraite en 1978 et administrateur de la SCOP du Courrier picard.
À sa retraite, il s’installa dans le Var de 1978 à 1992, puis à Aix-les-Bains. Il fut très actif à la Fédération nationale des déportés, internés et résistants patriotes (FNDIRP), entra au bureau national en 1972 et en fut vice-président à partir de 1991.
Fait chevalier de la Légion d’honneur le 8 mai 1983, il fut promu officier en avril 1996.
Il fut enterré à Arcueil (Val-de-Marne) le 28 mai 2013.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139079, notice PREY Ernest, René par Daniel Grason, version mise en ligne le 6 décembre 2011, dernière modification le 16 février 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/59 dossier 408. – Arch. PPo. BA 1928, BA 2056, 77W 70. – Bureau Résistance GR 16 P 491038. – Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Éd. Tirésias, 2004. – Le Petit Parisien, 10 octobre 1942. — État civil, Bauvin. — Notes de Daniel Muraz, journaliste au Courrier picard.

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