JARNY Eugène, Prosper

Par Daniel Grason

Né le 31 octobre 1908 à Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine), mort le 23 avril 1944 à Vienne (Autriche) ; électricien, cantonnier ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; interné ; déporté.

Eugène Jarny.
Eugène Jarny.

Eugène Jarny était le fils de Henri, typographe et de Marie, née Houdain, domestique. De la classe 1928, ajourné, il effectua son service militaire en octobre 1929 au 106e Régiment d’infanterie à Châlons-sur-Marne, réformé temporaire, le 15 novembre, il sera rayé des cadres en janvier 1931. Il se maria le 28 décembre 1929 avec Jeanne Tixier à la mairie de Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine), le couple habitait 28 rue Jean-Jaurès à Gennevilliers.
Membre du parti communiste, il partit combattre en Espagne dans les Brigades internationales.

Etait-il au chômage lors de son retour d’Espagne ? Le 1er janvier 1939, il fut embauché comme cantonnier par la ville de Gennevilliers dont la municipalité était dirigé par Jean Grandel*. Une journée nationale de solidarité avec les blessés et les mutilés d’Espagne fut organisée le 2 avril 1939. La veille le directeur général de la police municipale répercutait aux commissaires de police de Paris et de la banlieue une décision gouvernementale, toute quête sur la voie publique était interdite. Le samedi 2 avril à 10 heures 30, quatre militants Hélène Guener, Marguerite Pochet, Alexander Szabo* et Eugène Jarny furent arrêtés sur la voie publique et conduits au poste pour vérification d’identité.

En septembre 1939, le parti communiste était dissous. Eugène Jarny était porteur au cimetière communal, le 8 février 1940, le conservateur signala au président de la délégation spéciale une absence de quatre heures sans autorisation. Le 15 mars le préfet de la Seine écrivit au président de la délégation spéciale qu’il n’approuvait pas l’arrêté d’embauche d’Eugène Jarny, le 18 mars il était licencié avec un préavis de huit jours.

Le 5 octobre, le préfet de police décidait l’internement de trois cents militants communistes et syndicalistes dont cinq ex-salariés de la ville de Gennevilliers, en application du décret du 18 novembre 1939. Eugène Jarny était considéré comme « dangereux pour la défense nationale et pour la sécurité publique », il fut interné au camp d’Aincourt (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Le Parti ouvrier et paysan français (POPF), créé par Marcel Capron ex-député communiste en rupture menait campagne à l’intérieur du camp d’Aincourt, il demandait aux militants communistes de désapprouver la politique du PCF en échange de leur libération. Des incidents éclatèrent les 5 et 6 avril 1941, Eugène Jarny défendait les positions du parti communiste, il fut incarcéré à la centrale de Poissy, le 8 mai à Châteaubriant (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), le 14 mai 1943 à Voves (Eure-et-Loir).

Le 18 octobre 1943 partait de la gare de l’Est en direction de Sarrebruck (Neue Bremm), un convoi d’une cinquantaine d’hommes parmi lesquels neuf détenus qui furent arrêtés en 1940 et 1941, tous étaient classés « Nuit et Brouillard » NN, condamnés à disparaître. Il prit la destination de Mauthausen (Autriche), affecté au Kommando de Wien-Schwechat à la construction d’avions et au montage de chasseurs de nuit, Eugène Jarny matricule 38746 mourut le 23 avril 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139106, notice JARNY Eugène, Prosper par Daniel Grason, version mise en ligne le 9 décembre 2011, dernière modification le 23 décembre 2017.

Par Daniel Grason

Eugène Jarny.
Eugène Jarny.

SOURCES : Arch. PPo. BA 1665, BA 2114, BA 2374, BA 2397. – Arch. Mun. Gennevilliers. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Gennevilliers 50e anniversaire, 1934-1984, Louis Blésy « La guerre d’Espagne », 1984. – État civil, Courbevoie.

PHOTOGRAPHIE : AM Gennevilliers.

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