MANSION Albert, Gabriel

Par Daniel Grason

Né le 14 janvier 1923 à Paris, XXe arr. (Seine), mort le 19 janvier 1945 à Dora (Allemagne) ; tourneur sur métaux ; résistant FTPF ; déporté politique.

Albert Mansion était le fils de Marie Clément, journalière, il fut reconnu par Georges Mansion, à Poissy (Seine-et-Oise, Yvelines) le 28 avril 1928. Albert Mansion, non marié, était père d’une fille de six mois, il habitait 224, rue des Blanchettes à Rueil-Malmaison (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). Il travailla dans différentes boulangeries dont la maison Doudard à Saint-Hilaire du Harcouët (Manche), qu’il quitta le 29 septembre 1942. Il travailla en dernier lieu aux usines Renault à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine) en tant que tourneur sur métaux, sa profession, jusqu’au 21 avril 1944.
Il fit l’objet d’une arrestation en 1940 pour distribution de tracts et condamné le 15 novembre de la même année à deux mois de prison par le tribunal militaire allemand de Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine), puis il bénéficia d’un non-lieu par le tribunal de Versailles.
En décembre 1943, il rencontra en compagnie de Christian, un jeune à qui il exposa sa situation de réfractaire au Service du travail obligatoire (STO). Celui-ci lui proposa alors d’entrer dans une organisation où il gagnerait trois mille francs par mois et serait pourvu de cartes d’alimentation. Le contact fut rompu du fait de l’arrestation du recruteur. Au début du mois d’avril 1943, Albert Mansion avec Christian noua un nouveau contact dans un café près de la gare Saint-Lazare, à Paris, puis tous les quinze jours dans une rue voisine de la gare de l’Est, nouvelle interruption.
Au début mai, Albert Mansion rencontra Delille qui immédiatement le nomma C.O (commissaire aux opérations) et Christian, chauffeur. Albert Mansion devint Garnier, matricule 6267. Delille était le commissaire interrégional et Vacher, commissaire aux effectifs distribuait les appointements, les cartes d’alimentation, transmettait les renseignements. Le commissaire technique de la région 6, Félix était chargé des armes et du matériel.
La première action d’Albert Mansion fut le vol d’une automobile Juva IV, en mai, en compagnie de trois autres résistants, dans un garage de Rueil-Malmaison (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine), tous les quatre étaient armés. La batterie s’étant déchargée, le véhicule fut abandonné quinze jours plus tard dans une rue de Suresnes. Aussitôt après, un véhicule Renault fut volé dans le même garage et abandonné lui aussi à Suresnes.
Au début du mois de juin, Albert Mansion participa à l’attaque de deux buralistes qui furent délestés de leur marchandise, paquets de cigarettes et de tabac à Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine), puis à Rueil-Malmaison (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). Également en juin, il était avec Raymond Jozon et Christian qui accompagnèrent Georges Schlepp à Rueil-Malmaison. Celui-ci rentra dans une quincaillerie et tira plusieurs coups de feu contre le commis membre du PPF, il fut blessé.
Le 26 juin, il attaqua avec Raymond Jozon, Georges Schlepp et Remon le centre de ravitaillement, de Rueil-Malmaison, deux gardiens de la paix furent désarmés, les tickets d’alimentation confisqués. Les cinq cent titres de rationnement furent remis à Vacher. Le 5 juillet, le magasin Maggi d’Asnières reçu la visite de cinq hommes armés, Schlepp, Jozon, Christian, Remon et Albert Mansion sucre, pâtes, haricots et confiture furent emportés.
Le 5 juillet à 19 heures, Georges Schlepp et Roger Salomon étaient arrêtés, rue du Marché, à Neuilly (Seine, Hauts-de-Seine) par six inspecteurs de la Brigade spéciale antiterroriste n° 2. Des policiers s’installèrent au domicile clandestin de Schlepp 16, rue Carles-Hébert à Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine). Le 6 juillet, en début de soirée Albert Mansion s’y présenta, trois membres de la BS 2 l’attendaient. Lors de la fouille au corps, il fut trouvé : deux revolvers, un Ruby 7 m/m 65 et un Unique SFM, tous les deux étaient armés et munis de leur chargeur garni. Des certificats de travail là où il avait travaillé ; trois feuilles manuscrites avec l’état civil et les photographies de trois hommes, documents destinés à la fabrication de fausses cartes d’identités ; des indications écrites sur un débit de tabac visité.
La visite domiciliaire où logeaient Mansion et Schlepp amena la découverte de documents sur l’organisation des FTP ; le rôle nominatif et les matricules des membres du bataillon Vengeance, compagnie Gabriel Péri ; une liste de personne à abattre dont Georges Barthélémy, le maire collaborateur de Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine) ; l’adresse d’une personne chez qui devait être récupéré de l’argent ; deux plans d’usines dont celui de chez Hotchkiss à Puteaux ; une note concernant l’exécution de deux gendarmes de Rueil-Malmaison.
Interrogé dans les locaux des brigades spéciales, Albert Mansion déclara : « Je n’ai jamais appartenu à un parti politique ». Il affirma : « J’ignorais que cette organisation était communiste, on me l’avait présenté comme une organisation de résistance ».
Arrêtés Claude Guy*, Robert Degert*, Marcel Laurent*, furent exécutés le 1er août 1944 à Montrouge, sur le lieu où abattirent le 26 juin un sous-officier allemand. Raymond Jozon* et Georges Schlepp*, furent exécutés à Suresnes le 2 août 1944, là où ils tuèrent un militaire allemand le 19 juin.
Appréhendés également, Eugénie Laurent, Lucien et Jeanne Angelard, Roger Salomon et Albert Mansion furent déportés le 15 août 1944. Le convoi partit de la gare de Pantin, les installations de la gare de l’Est ayant été détruites par la Résistance. Les deux femmes prirent la direction de Ravensbrück, Eugénie Laurent fut affectée au Kommando de Torgau dans une usine de munitions et d’explosifs, elle mourut à Ravensbrück le 21 décembre 1944. Jeanne Angelard fut libérée en avril 1945 de Schönefeld. Lucien Angelard, Roger Salomon et Albert Mansion arrivèrent le 20 août à Buchenwald (Allemagne), ils furent transférés à Dora, ils décédèrent à Ellrich, Lucien Angelard le 4 avril 1945, Roger Salomon le 9 mars, et Albert Mansion le 18 janvier 1945.
Entendue devant la commission d’épuration de la police, à la Libération, Suzanne Mercier qui hébergeait Georges Schlepp et Albert Mansion ignorait les conditions des arrestations, elle était absente à ce moment-là. Une plaque commémorative était apposée dans le cimetière ancien de Rueil-Malmaison « Albert Mansion FTP », la mention « Mort pour la France » lui fut décernée le 18 juillet 1946. Il a été homologué FFI.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139170, notice MANSION Albert, Gabriel par Daniel Grason, version mise en ligne le 17 décembre 2011, dernière modification le 23 septembre 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2104, PCF carton 16, KB 1, 77 W. – Bureau Résistance GR 16 P 390119. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Site GenWeb. – État civil, Paris XXe arr.

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