MARTY Alfred

Par André Balent

Né le 23 février 1905 à Perpignan (Pyrénées-Orientales), mort le 12 mars 1945 en déportation à Dachau (Allemagne) ; cheminot ; militant communiste ; interné à Eysses (Lot-et-Garonne).

Le père d’Alfred Marty, âgé de trente-quatre ans en 1905, était originaire d’Ille-sur-Têt (Pyrénées-Orientales). Il exerçait alors la profession de garçon boucher à Perpignan. Sa mère, Marie Peret était originaire de Perpignan. Elle avait trente-deux ans en 1905 et n’exerçait pas de profession. Alfred Marty se maria le 12 janvier 1925 à Perpignan avec Anne, Rose, Marguerite Nierga. Le couple eut deux enfants. En 1925, la famille habitait dans cette ville, 10 rue des Quinze degrés, dans le vieux quartier populaire de Saint-Jacques.

Alfred Marty fit son service militaire au 22e régiment de chasseurs à pied (chasseurs alpins) en garnison à Nice (Alpes-Maritimes) du 10 mai 1925 au 10 novembre 1926. Le 9 janvier 1934, l’administration militaire le classa dans la réserve comme affecté spécial à la Compagnie des chemins de fer du Midi.

Alfred Marty était cheminot à la Compagnie des chemins de fer du Midi (puis PO-Midi, puis SNCF). Il débuta comme homme d’équipe à Carcassonne et fut muté à Perpignan en 1930. En 1934, il était toujours homme d’équipe en gare de Perpignan.

Alfred Marty a été, avant 1939, responsable à la propagande de la cellule du PC des cheminots de Perpignan. Bien que résidant dans les Pyrénées-Orientales, il fut en octobre 1937, le candidat du PC dans le canton de Foix (Ariège). Après la dissolution du PC, il collectait « des secours pour les internés politiques parmi ses collègues cheminots et avoir cotisé en faveur du parti », activité qui motiva son arrestation le 18 juillet 1942 et sa condamnation à deux ans de prison. Un autre motif de son arrestation fut également sa participation à la manifestation du 14 juillet 1942 organisée par l’ensembles des mouvements de Résistance de Perpignan.

Sa fiche du registre matricule indique qu’il fut membre d’un groupe de cheminots FTPF du 1er juillet au 23 juillet 1944 (mais il avait été arrêté le 18 !). Cette appartenance aux FTPF a été validée le 28 janvier 1949 par le général de corps d’armée, commandant la 5e région militaire. Ses services dans une formation rattachée aux FFI furent à nouveau vérifiés le 29 novembre 1956 par le lieutenant Delpech, chef du 2e bureau. Le grade de sous-lieutenant lui fut attribué à titre posthume sur proposition de la commission nationale FFI. On peut s’interroger toutefois sur la réalité de cette appartenance à une unité combattante clandestine. Au début du mois de juillet, les FTPF étaient encore largement en gestation dans les Pyrénées-Orientales. En effet, ce n’est qu’en mai 1942 que Charles Robert (de Montpellier) était venu à Perpignan pour commencer d’organiser les FTPF dans les Pyrénées-Orientales et au début de l’été la mise en place d’une organisation structurée était à peine à ses débuts. La mention d’un groupe de FPT cheminots à Perpignan n’apparaît que cette fiche du registre matricule. La mention de ce groupe a-t-elle été imaginée a posteriori pour permettre à la veuve d’Alfred Marty, militant communiste clandestin arrêté pour son activité partisane, de toucher une pension ? La question reste posée.

Après son arrestation, le 18 juillet 1942, son domicile fut perquisitionné. Accusé de "reconstitution du parti communiste", il fut incarcéré à la maison d’arrêt de Perpignan jusqu’au 2 août 1942 puis à Montpellier (Hérault) jusqu’au 27 novembre 1942 avant d’être transféré à la prison centrale de Nîmes (Gard). Le 29 mai 1943, il fut condamné à Montpellier à deux ans de prison et, le 8 juin 1943, révoqué de la SNCF.

Il fut interné à la centrale d’Eysses à compter du 15 octobre 1943. Après avoir participé en février 1944 à la révolte des détenus de la centrale, il fut d’abord condamné à mort par une "cour martiale" de la Milice, avant d’être livré aux Allemands le 30 mai, comme la plupart des mutins. il fut déporté en Allemagne par un convoi qui partit de Compiègne le 18 juin 1944. Il mourut au camp de Dachau où il avait été interné.

Reconnu "mort pour la France", il fut reconnu "déporté politique" en avril 1955. Son nom figure sur le monument des cheminots des Pyrénées-Orientales morts pendant la Seconde Guerre mondiale érigé en gare de Perpignan.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139290, notice MARTY Alfred par André Balent, version mise en ligne le 10 janvier 2012, dernière modification le 21 septembre 2021.

Par André Balent

SOURCES : Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 1 R 600, f° 1363. —Arch. com Perpignan, état civil, acte de naissance d’Alfred Marty et mentions marginales. —Georges Sentis, Les communistes et la Résistance dans les Pyrénées-Orientales. Biographies, Lille, Marxisme / Régions, 1994, 184 p. [pp. 97-98]. — Stéphane Simonnet, Hervé Barthélemy, "Marty Alfred" in Thomas Fontaine (dir.), Cheminots victimes de la répression 1940-1945. Mémorial, Paris, Perrin, SNCF, 2017, p. 1006. — Notes de Corinne Jaladieu, professeur d’histoire-géographie (Béziers, Hérault), mars 2008. — http://wwww.fmd.asso.fr /, site de la Fondation pour la mémoire de la déportation consulté le 13 novembre 2011.

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