LOURIA Renée, Esther [épouse PONTHIEU, puis MONIEZ et GORIS]

Par Julien Cahon, David Rosenberg

Née le 12 octobre 1921 à Amiens (Somme), morte le 9 mars 1984 à Paris (XVe) ; ménagère ; militante communiste de la Somme ; membre du bureau (1949-1950) puis du comité fédéral (1950-1956), secrétaire départemental et membre du conseil national des Combattants de la paix et de la liberté puis du Mouvement de la paix (1950-1953).

Archives nationales de France, AJ 38/5787 : photo tirée d’un fichier crée par les autorités en 1942 sur les Juifs du département de la Somme. Communiqué par David Rosenberg

Mariée à Amiens le 7 avril 1943 avec René Hippolyte Emile Ponthieu, Renée Louria fut ensuite déportée.
Enregistrée sur la liste des Juifs de la Somme en septembre 1940, elle était obligée de porter l’étoile jaune en juin 1942. Elle fut raflée avec d’autres juifs français de la Somme le 4 janvier 1944, envoyée a Drancy, et de la transportée par le convoi numéro 66, le 20 janvier a Auschwitz. Enceinte à son arrivée, elle témoigna du meurtre de son bébé. Son père, Léon Louria, président et fondateur de la communauté
israélite de la Somme, arrêté dans la même rafle, laissa sa vie a Auschwitz.
Renée Louria retourna à Amiens en mai 1945 juste avant la paix, et, tout en apprenant que sa mère Marguerite Louria née Aranias venait de mourir en avril, donna une longue interview au Courrier Picard qui détaillait ce qui lui était arrivé à elle et aux autres dans les camps d’extermination.

Elle se remaria à Amiens le 4 janvier 1947 avec François Numa Moniez. Numa Moniez, chirurgien dentiste à Amiens était membre du comité départemental du MURF constitué en décembre 1945 et présida la section locale de la FNDIRP. Adhérente du Parti communiste, Renée Moniez était aussi membre de la FNDIRP et des Combattants de la paix. Nommée membre du bureau fédéral du PCF le 20 novembre 1949, elle passa au comité fédéral lors de la conférence de mars 1950 et y figura jusqu’en 1956. Elle écrivit durant cette période de nombreux articles dans l’hebdomadaire communiste local, Le Travailleur de la Somme. Membre du comité de la section communiste d’Amiens, elle fut candidate aux élections municipales de cette ville, en juillet 1950, suite à la dissolution du conseil municipal. Elle figurait en neuvième position sur la liste « d’union républicaine et résistante et de défense de la paix » présentée par la PCF et emmenée par Augustin Dujardin. Dans les années 1950, elle fut également membre du comité départemental de l’UFF.

Secrétaire départementale et du conseil communal amiénois des Combattants de la paix et de la liberté, elle fut déléguée au congrès mondial de Sheffield en novembre 1950. En octobre 1950, elle était également signalée comme membre du conseil national des Combattants de la paix et de la liberté, devenus Mouvement de la paix en 1951. En 1953, elle figurait toujours au conseil national de ce mouvement. Elle était considérée par les renseignements généraux comme la « cheville ouvrière de cette organisation dans la Somme » et « élément le plus agissant du mouvement ». En octobre 1950, lors des deuxièmes assises de la paix dans le département de la Somme, elle présenta le rapport du comité départemental de liaison et à l’issue de cette réunion fut élue déléguée de la Somme pour représenter le département au IIe congrès mondial de la paix à Varsovie.

Son mari, Numa Moniez, aurait soutenu financièrement le Mouvement de la paix jusqu’en 1951 environ. Il abandonna alors son soutien financier selon un rapport des renseignements généraux – un précédent rapport de 1952 faisait déjà état des « fonds importants » qu’il aurait versé à l’organisation. Numa Moniez était aussi gravement malade en octobre 1951 et avait dû subir une intervention chirurgicale. Le mouvement réduisit grandement son activité ensuite. Robert Cerisier avait succédé à Renée Moniez à la tête du Mouvement pour la paix dans le département, mais ce fut sous la direction de Roger Kiintz* que le mouvement aurait repris une certaine activité après 1954.

Renée Moniez se remaria en troisièmes noces à Amiens le 23 décembre 1964 avec André Albert Goris.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139300, notice LOURIA Renée, Esther [épouse PONTHIEU, puis MONIEZ et GORIS] par Julien Cahon, David Rosenberg, version mise en ligne le 12 janvier 2012, dernière modification le 16 février 2018.

Par Julien Cahon, David Rosenberg

Archives nationales de France, AJ 38/5787 : photo tirée d’un fichier crée par les autorités en 1942 sur les Juifs du département de la Somme. Communiqué par David Rosenberg

ŒUVRE : Les Russes sont à Lemberg, Paris, Éditions Gallimard, 1979.

SOURCES : Arch. Dép. Somme, 21W326, 21W327, 23W49, 25W92, 1376W1, 1471W16. — Le Travailleur de la Somme, 1945-1960. — État civil d’Amiens. — Notes de David Rosenberg

Iconographie : Photographie de Renée Moniez dans le numéro du 11 novembre 1950 du {Travailleur de la Somme}.

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