JODON René, Alfred

Par Daniel Grason

Né le 7 décembre 1908 à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine), mort le 19 septembre 1942 à Auschwitz (Pologne) ; chaudronnier sur cuivre ; militant communiste ; interné ; déporté.

Fils d’Alcide, cocher et de Marie Soliveau, René Jodon se maria avec Liliane Leclerc le 2 février 1935 à Rueil-Malmaison (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). Ils demeurèrent 4 av Maistrasse à Suresnes, il milita au parti communiste. Son frère Henri également communiste combattit dans les Brigades internationales. René Jodon fut arrêté le 5 octobre 1940 à Boulogne-Billancourt pour distribution de tracts communiste.
Le 29 avril 1941, il comparut devant le tribunal de la Seine, qui le condamna à six mois de prison, pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939. Libérable en mars 1941, il fut interné administrativement à la Centrale de Clairvaux dans l’Aube, puis dans les camps d’internement de Gaillon (Eure), étant considéré comme « un individu dangereux pour la défense nationale et la sécurité publique » (décret-loi du 18 novembre 1939), puis de Voves (Eure-et-Loir).
Remis aux Allemands au Frontstalag 122 à Compiègne (Oise), il était le 6 juillet 1942 dans le convoi de mille cent soixante-quinze hommes à destination d’Auschwitz (Pologne). Ce transport politique était composé essentiellement de militants communistes, de quelques socialistes et radicaux, de syndicalistes de la CGT, et de cinquante-six juifs. Parmi les déportés plusieurs anciens volontaires des Brigades internationales. L’administration allemande entendait dissuader les dirigeants et les résistants communistes de poursuivre la guérilla urbaine, commencée en août 1941,
sous la forme d’attentats contre des officiers et des troupes de l’armée d’occupation.
Ce convoi fut particulièrement meurtrier, 90 % des déportés périrent. Six militants de Suresnes étaient à Auschwitz deux rentrèrent Emile Bouchacourt et Jean Le Mouel, transférés à Mauthausen (Autriche), ils travaillèrent au Kommando de Gusen. Quant à René Jodon, il mourut le 19 septembre 1942 à l’âge de trente-quatre ans.
Son épouse Liliane témoigna le 14 juin 1945 devant la commission rogatoire qui enquêtait sur les agissements de l’inspecteur P. Elle reconnut sur photographies deux des inspecteurs qui interpellèrent son mari, elle déclara qu’il avait : « été arrêté le 5 octobre 1940 » à leur domicile « par deux policiers en civil du commissariat de Puteaux » « dont les inspecteurs P. et O. qu’elle reconnaissait sur photographies. La perquisition de l’appartement fut infructueuse. « Par contre » déclara-t-elle « dans notre cave, ils ont saisi des tracts communistes. Ils ont également saisi une somme d’argent ». Cette intervention était la conséquence d’une action envisagée par le personnel du constructeur aéronautique Aivaz de Suresnes où travaillait son mari. Les salariés avaient décidés d’engager une action contre la direction de l’entreprise en raison d’arriérés de salaire non payés.
Il fut emmené au commissariat de Puteaux où il resta deux jours « il a été sauvagement frappé au cours des interrogatoires » affirma-t-elle.
René Jodon a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139302, notice JODON René, Alfred par Daniel Grason, version mise en ligne le 4 mars 2012, dernière modification le 22 avril 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2113, BA 2374, BA 2397, 77 W 3124-291860. – Bureau Résistance GR 16 P 310033. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – JO n° 226, 29 septembre 1994. – Site Internet GenWeb. – État civil.

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