VILLAUME Maurice

Par Janine Olmi

Né le 8 octobre 1946 à Hérimenil (Meurthe-et-Moselle), mort le 5 octobre 2011 à Bayon (Meurthe-et-Moselle). Entré en 1965 aux PTT en qualité de facteur contractuel, titularisé en 1968 ; syndiqué à la CGT en 1967, secrétaire du syndicat départemental des PTT en 1970, secrétaire de l’union locale de Nancy en 1972 puis secrétaire général de l’union départementale CGT de Meurthe-et-Moselle de janvier 1978 à janvier 1986. En 1983, élu conseiller municipal communiste puis maire adjoint de la commune de Damelevières, maire en 1989, conseiller général du canton de Bayon (Meurthe-et-Moselle) de 1994 à son décès.

Maurice Villaume
Maurice Villaume

Natif de Hérimenil, village du Lunévillois où il vint au monde le 8 octobre 1946, ce Lorrain de souche quitta rapidement la quiétude villageoise pour embrasser un parcours militant qui le conduisit à siéger au conseil général de Meurthe-et-Moselle.

Son père, Marcel, était cheminot à l’exploitation en gare d’Azerailles, sa mère, Fernande n’était pas salariée. Maurice était l’aîné d’un frère Claude et d’une sœur Nicole.

Le 8 octobre 1966, Maurice Villaume épousa Évelyne Michel, cadette d’une fratrie de trois enfants nés d’Émile, cheminot et d’Émilienne Doubinger, ouvrière à la cristallerie de Baccarat. Le père, communiste et résistant fut déporté durant la Deuxième Guerre Mondiale. Les jeunes époux furent les parents de deux garçons : Olivier et Lionel.

Ces modestes origines familiales influèrent sur les engagements de Maurice Villaume, qui seront davantage orientés en faveur des ressources du terroir qu’en relais des appareils centralisés.

Des études secondaires lui ouvrirent la porte de l’administration postale. En 1965, il entra à l’agence de Lunéville en qualité de facteur contractuel. Il fut titularisé en 1968. Syndiqué à la CGT en 1967, cet héritier des soulèvements sociaux de 1968 rejoignit les rangs du Parti communiste de Waldeck-Rochet cette même année, dans un département où le PCF offrait depuis trois ans, la particularité d’une scission en deux fédérations : le nord où le communisme était porté par les bastions prépondérants de la sidérurgie et des mines, le sud construit sur la diversité industrielle, la prééminence du secteur tertiaire, terre de centre droit et d’une gauche ouvrière marginalisée.

En 1968 s’était opérée la rencontre de ce jeune postier avec l’effervescence d’un printemps turbulent. Il participa avec enthousiasme aux occupations d’entreprises et d’administrations et découvrit la diversité du salariat du bassin nancéien. Cette première expérience fut déterminante dans son engagement au sein des structures cégétistes interprofessionnelles. Le syndiqué devint dirigeant en franchissant au pas de charge tous les échelons de la hiérarchie syndicale.

En 1970, il fit ses classes en qualité de secrétaire départemental du syndicat des PTT jusqu’en 1972 où il fut élu secrétaire général de l’union locale CGT de Nancy. En 1974, les fonctions de secrétaire à l’organisation lui ouvrirent la porte du secrétariat général de l’union départementale de Meurthe-et-Moselle, qu’il anima de 1978 à 1986, date à laquelle il rendit son mandat.

La survivance de l’euphorie de 1968 inspirait le secrétaire adjoint dont les fonctions se sont construites au cœur d’une période ouverte au pluralisme, incarnée par Georges Séguy et fondées sur le soutien de la CGT au « programme commun ». Quelques années plus tard, il accéda à la fonction de secrétaire général à une étape où l’image gratifiante d’un 40e congrès qualifié de « novateur, audacieux, conquérant », connut l’émergence d’une équipe alternative emmenée par Henri Krasucki, laquelle ne tarda pas à faire valoir les paradoxes affectant une apparente unanimité.

Sous la direction de Maurice Villaume, plusieurs signes montrèrent la convergence de l’union départementale avec les thèmes rassembleurs du 40e congrès de Grenoble. C’est ainsi que la proportion de femmes promues à la commission exécutive CGT de Meurthe-et-Moselle connut une progression de 17 à 20% entre 1978 et 1980, alors même que dès 1977, la sixième conférence nationale de la main-d’œuvre féminine subissait la contestation de l’équipe du secrétaire confédéral à l’organisation.

La fin de l’année 1978 annonça une rupture économique puis sociale et politique, illustrée par l’engagement de la déstructuration des usines sidérurgiques de Longwy. Sous la direction de Maurice Villaume, le syndicalisme meurthois accompagna les six mois de la résistance combative et spectaculaire de ce bassin du Pays-haut. En relation avec le secrétaire confédéral Jean-Claude Laroze, il conduisit notamment les étapes de l’implantation de la radio rebelle de Longwy et fut l’inventeur du label : Lorraine Cœur d’Acier.

En 1980, l’union départementale connut son apogée médiatique. L’épisode de l’assaut du siège nancéien de la Maison du Peuple, par les forces de l’ordre, le 6 juin, visant à se saisir de l’émetteur de la radio « Lorraine Cœur d’acier Nancy », se conclut à l’avantage des syndicalistes. Le 12 juin, une manifestation intersyndicale de quelque 15 000 participants se rassemblait au cours Léopold autour de la CGT et de neuf de ses militants, emprisonnés à la maison d’arrêt Charles III de Nancy. Les neuf emprisonnés furent relaxés après qu’Henri Krasucki, présent sur le site, eut plaidé la légitime défense.

La comète des clartés de 1968 trouvera son épilogue dans le sillage de l’accès au pouvoir de gauche. Le 13 octobre 1981, François Mitterrand vint à la rencontre des forces vives, à l’abbaye des Prémontrés de Pont-à-Mousson. Le secrétaire de l’union départementale interrogea le Président sur la portée des avancées sociales inscrites au programme du candidat, lequel en confirma l’essence dans un premier temps.

En 1983, la France s’engagea en faveur de la construction européenne. La perspective d’une sidérurgie fer de lance de la Lorraine industrielle sombra irrémédiablement au moment de l’arrêt du train feuillard de Rehon en 1984. Ainsi revint le temps de la relance des résistances ouvrières doublées de l’accélération d’une désyndicalisation qui s’était amorcée depuis la période des années 1975. Le désenchantement populaire suscita une crise au sein des directions du PCF, mettant aux prises, refondateurs, rénovateurs, réformateurs et orthodoxes, dont un certain nombre se trouvaient en responsabilité dans les instances de la CGT.

L’union départementale subit les répercussions des contradictions endogènes à la confédération. Le 1er avril 1985, Maurice Villaume accueillait, à Blénod-les-Pont-à-Mousson, Georges Seguy venu inaugurer l’un des premiers Instituts régionaux d’Histoire Sociale. Cette manifestation, rassembla quelque trois cents adeptes de la transmission de la mémoire ouvrière, militants, chercheurs et historiens de renom. Quelques mois après cette démarche innovante, en janvier 1986, Maurice Villaume remettait son mandat et le 6 février, il regagnait l’administration postale de Meurthe-et-Moselle en qualité d’agent de maîtrise. L’épisode syndical était clos, mais le citoyen Maurice Villaume entra en scène fort de son expérience dirigeante. S’étant engagé dans la mouvance associative en qualité de membre actif de la FCPE et président fondateur d’une association de quartier puis de jeunesse « DAMJ » de Damelevières, il allait désormais déployer ses compétences dans la vie politique.

Adhérent du PCF depuis 1968, membre du comité puis du bureau de la Fédération de Meurthe-et-Moselle Sud, il disparut des organigrammes au lendemain de l’échec du PC aux élections européennes de 1984. Celui qui avait retrouvé ses origines de postier, rebondit alors dans la sphère publique. Élu conseiller municipal en 1983, puis adjoint au maire, le communiste André Claudel, il devint premier magistrat de la cité cheminote de Damelevières en 1989 où ses qualités d’organisateur et de créateur d’idées se développèrent libres de contraintes partisanes.

Avec le syndicat intercommunal scolaire, il soutint, souvent avec succès, les résistances aux suppressions de classes. L’attention qu’il apportait à la jeunesse n’éludait pas une empathie vigilante à l’égard des seniors. À ce titre, la commune réalisa la rénovation du foyer des anciens. La qualité du cadre de vie, fut un autre pilier de la palette des réalisations communales, notamment illustrée par le choix du maintien des commerces et des services de proximité.

En 1994, Maurice Villaume accéda au conseil général de Meurthe-et-Moselle ; il en devint l’un des vice-présidents. L’élu de cette instance territoriale, assuma successivement la charge des collèges et des transports jusqu’en 1998, puis en 2001, celle de délégué aux infrastructures et aux transports, au partenariat avec les communes et l‘urbanisme en 2004, au développement territorial chargé de l’appui aux territoires en 2008. En 2011, quelques temps avant sa disparition, il accédait à la responsabilité de vice-président chargé de la politique générale de l’environnement, des nouvelles énergies, eau, assainissement. Maurice Villaume s’éteignit prématurément, le 5 octobre 2011, au cours de la permanence qu’il assumait au bénéfice de ses concitoyens, à Bayon, une des localités de son canton

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139312, notice VILLAUME Maurice par Janine Olmi , version mise en ligne le 15 janvier 2012, dernière modification le 24 janvier 2012.

Par Janine Olmi

Maurice Villaume
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SOURCES : Entretien du 29 juin 2005 – Janine Olmi, Les femmes dans la CGT : les secrétaires généraux de l’union départementale de Meurthe-et-Moselle, Thèse de doctorat. – L’Est Républicain . — Le Réveil Ouvrier. — Passé/Présent, revue trimestrielle de l’ILHS. – Jeannine Olmi, Longwy 1979 : les ressorts d’un soulèvement. — Hommage de Michel Dinet Président du Conseil Général. — Bulletins municipaux de Damelevières. – Vivre la Meurthe-et-Moselle, revue trimestrielle du conseil général. — État civil.

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