VISAGE André, Louis, Désiré

Par Daniel Grason

Né le 23 mars 1904 à Saint-Cyr-en-Val (Loiret), mort le 28 février 1945 à Mauthausen (Autriche) ; ouvrier électricien à la SNCF ; communiste ; emprisonné ; interné ; déporté.

Fils d’Alphonse et de Célinie, née Porthault, André Visage alla à l’école primaire, obtint le CEP. Il se maria avec Marie Sainte-Marie, le couple eut un enfant. Il travailla aux chemins de fer Paris-Ouest dès le 1er novembre 1925, ouvrier électricien aux ateliers des chemins de fer de la ligne Paris-Orléans à Vitry-sur-Seine, il habitait dans cette localité 37 avenue du Bois (Danielle Casanova).
Il adhéra au parti communiste au début de l’année 1936, était organisé à la cellule des cheminots des ateliers de Vitry, milita jusqu’à la dissolution du parti communiste en 1939, sans occuper de responsabilité. Adhérent de la CGT, membre du conseil syndical, il était également organisé à l’association des Amis de l’Union soviétique. Lors de la déclaration de guerre, il ne fut pas mobilisé, mais affecté spécial sur son lieu de travail.
Il fut interpellé le 19 avril 1941 vers 19 heures par des inspecteurs de la Brigade spéciale n° 2 à son domicile. Il était responsable du groupe de cheminots qui fabriquait, diffusait des tracts et papillons du parti communiste dans les ateliers de la SNCF et à Vitry. Huit hommes et femmes participaient à ces activités, du matériel fut saisi lors des perquisitions : une machine à écrire, des stencils, des feuilles de papier carbone, cent mille feuilles de papier à ronéotyper, des bidons et tubes d’encre, des tracts déjà distribués, d’autres prêts pour être diffusés.
André Visage déclara qu’il trouvait les tracts dans son placard à l’atelier. Qu’il les diffusait et que quelquefois il portait à un couple de Vitry des brochures : les Cahiers du Bolchevisme, Nous accusons et un texte de Staline. Avant d’être arrêté fut-il l’objet de filatures ? Des liens professionnels et familiaux unissaient plusieurs membres du groupe ce qui fragilisait leurs activités clandestines.
Sept furent inculpés d’infraction au décret-loi du 26 octobre 1939 et activités communistes, ils comparurent devant la Section spéciale de la Cour d’appel de Paris le 22 avril 1942. André Visage fut condamné à six ans de travaux forcés pour « détention et distribution de tracts, même peine pour Louis Delhomme ; Eugénie Delhomme, son épouse quatre ans de prison ; Eugène Reisser, son beau-frère, un an de prison ; Jeanne Reisser, fille de Louis Delhomme trois ans de prison ; Madeleine Barre, quatre ans de prison ; Roger Andrieu, cinq ans de prison.
Incarcéré successivement dans les prisons de la Santé, Fresnes, Fontevrault, Blois et Caen, interné au Frontstalag 122 à Compiègne, le 22 mars 1944, il était ainsi que Louis Delhomme déportés à Mauthausen (Autriche). Les mille deux cent dix-huit hommes arrivèrent le 25, quatre cent quatre-vingt étaient affectés au Kommando de Gusen dont André Visage. Les détenus travaillaient dans des usines souterraines pour les firmes Steyr, Daimler, Puch et Messerschmitt à fabriquer des pièces de fusils et des moteurs d’avion. Le 28 février 1945 André Visage matricule 60686 mourut, six cent quarante hommes de ce convoi connurent le même sort.
Sa femme témoigna après la Libération, elle ne fut pas informée par son mari des activités qu’il menait. Elle déclara : « Mon mari que j’ai pu voir après son arrestation ne m’a pas dit avoir été maltraité par les inspecteurs des Brigades spéciales ». Le conseil municipal de Vitry-sur-Seine donna le nom d’André Visage à l’une des rues de la ville, le ministère des anciens combattants et victimes de guerre lui accorda la mention « Mort pour la France », sa femme reçue une pension.
André Visage a été homologué Déporté interné résistant (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139320, notice VISAGE André, Louis, Désiré par Daniel Grason, version mise en ligne le 26 janvier 2012, dernière modification le 3 novembre 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. KB 90, 77W 111. – JO n° 202, 1er septembre 2001. – Bureau Résistance GR 16 P 597526. – Livre-Mémorial, FMD, Ed. Tirésias, 2004. – Site Internet GenWeb. – État civil.

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