THIÉCHART Lucien, Achille

Par Daniel Grason

Né le 25 janvier 1896 à Paris XVe arr. (Seine), mort le 25 mars 1945 à Mauthausen (Autriche) ; ouvrier menuisier ébéniste ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; interné ; déporté.

Fils de Désiré et de Claire, née Barbare, confiseurs, Lucien Thiéchart se maria le 12 février 1918 avec Georgette Blanc. Ils eurent deux enfants, habitaient 35 rue Bonneau, dans un pavillon qu’il construisit de ses mains à Champigny-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne).

Il combattit comme soldat dans l’infanterie pendant la guerre de 1914-1918, nommé caporal, puis sergent, il fut décoré de la Croix de guerre pour sa bravoure au combat. Ouvrier ébéniste, il travaillait en usine, adhéra à la CGT et au parti communiste pendant le Front populaire, ses camarades firent de lui leur délégué.

Il arriva en Espagne à une date inconnue, incorporé à la XIVe Brigade internationale, commissaire politique du 12e bataillon, il fut blessé à la tête lors des combats d’Arganda, dut être évacué le 15 mars 1937, et versé dans un service auxiliaire. Le 26 avril 1937, il reçut sa nomination de commissaire politique d’un centre de permissionnaires.

À son retour, il changea d’employeur, le 3 octobre 1938 il exerçait désormais sa profession pour la prestigieuse Maison Bugatti dont les ateliers étaient dans le XVIIe arr. Sur son lieu de travail, très bien noté, il ne faisait pas part de ses opinions communistes. Après le décret-loi de dissolution du parti communiste du 26 septembre 1939, Lucien Thiéchart poursuivit ses relations militantes.

Tous les 14 juillet, le parti communiste appelait les citoyens à exprimer leurs sentiments patriotiques. L’un des militants de Champigny Fernand Perotto, coiffeur, était arrêté le 14 juillet au métro Château de Vincennes, lieu de rendez-vous pour se rendre à un rassemblement prévu à Ivry-sur-Seine. Il portait sur lui un schéma de l’organisation communiste de Champigny.

Le 16 juillet Lucien Thiéchart était appréhendé par des inspecteurs des Brigades spéciales, aucun tract ne fut trouvé lors de la perquisition de son domicile, interrogé, emmené au dépôt. Il comparut avec Fernand Perotto le 9 octobre 1942 devant le Tribunal de la Section spéciale de la Cour d’appel de Paris. Ettore Bugatti, directeur témoigna que Lucien Thiéchart « n’avait jamais eu, à sa connaissance, aucune activité politique ». Les deux hommes furent relaxés pour insuffisance de preuves.

Le lendemain de l’audience, Lucien Thiéchart était interné à na caserne des Tourelles, XXe arr., en application du décret-loi du 18 novembre 1939, étant considéré comme un « individu dangereux pour la défense nationale et pour la sécurité publique ». Le 10 octobre, il fut transféré au camp de Rouillé (Vienne).

Son avocat s’adressa le 23 octobre à Lucien Rottée, directeur des Renseignements généraux. Il rappelait que la cour relaxa « purement et simplement Thiéchart ». Il joignait à sa démarche une lettre d’Ettore Bugatti qui demandait à ce que Lucien Thiéchart « puisse reprendre son travail le plus vite possible ».

Transféré au Frontstalag à Compiègne (Oise), il était le 21 mai 1944 dans le convoi à destination de Neuengamme (Allemagne), deux mille quatre hommes étaient entassés dans des wagons à bestiaux. Ils arrivèrent le 24, Lucien Thiéchart fut transféré à Sachsenhausen, puis à Mauthausen (Autriche), matricule 31089, il y mourut le 25 mars 1945.

Son amie Suzanne Dacourt témoigna en 1945 devant la commission d’épuration de la police, elle lui rendit visite à la prison de la Santé. Lucien Thiéchart fut frappé par des inspecteurs lors de son arrestation et des interrogatoires dans les locaux de la préfecture de police.

Son nom figure sur le monument aux morts de Champigny-sur-Marne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139324, notice THIÉCHART Lucien, Achille par Daniel Grason, version mise en ligne le 18 janvier 2012, dernière modification le 27 octobre 2016.

Par Daniel Grason

SOURCES : RGASPI 545.6.1041, BDIC mfm 880/1. – Arch. PPo., KB 49, 77W 374. – Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Éd. Tirésias, 2004. – JO n° 203, 2 septembre 2000. – Site Mémorial GenWeb. – État civil.

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