JANSSOONE André, Abel, Marius

Par Daniel Grason

Né le 31 mai 1923 à Coudekerque Branche (Nord), mort le 2 février 1997 à Sens (Yonne) ; ouvrier ajusteur ; emprisonné ; déporté.

André Janssoone était le fils d’Henri, chauffeur et de Fernande née Dewintre, la famille comptait sept enfants, et habitait 18 rue Simonneau à Clichy (Seine, Hauts-de-Seine). Le père travaillait chez Citroën, l’éducation familiale était catholique en dehors de toute influence politique. En 1941, André Janssoone adhéra au Parti populaire français (PPF) de Doriot sans en parler à ses parents craignant des réprimandes, ils l’apprirent et l’obligèrent à démissionner.
Il était membre de la section de Clichy de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) dirigée par un professeur de cours techniques. Il exerçait sa profession d’ajusteur aux usines Chausson, 79 rue de l’Arbre-Sec (Paul-Vaillant-Couturier) à Gennevilliers.
Fin février 1943, alors qu’il était en compagnie de deux de ses camarades, il fut abordé dans une rue de Clichy par une jeune fille rousse (Andrée Massip). Méprise de la jeune fille ou méthode pour prendre contact, celle-ci proposa aux trois jeunes gens d’entrer dans une organisation qu’elle nomma « T.P. », elle fixa un rendez-vous dans un café de la ville le dimanche suivant.
Goût pour la curiosité, ils s’y rendirent, elle leur présenta Vincent (Robert Mailles*) qui renouvela la proposition initiale, et demanda de recruter d’autres personnes. Un autre homme était présent Roger Chevy, il indiqua qu’une réunion se tenait tous les mardis à 20 heures dans un café à l’angle de l’av. de Clichy et du bd Berthier à Paris XVIIe arr. André Janssoone parla sur son lieu de travail de cette organisation à Louis Vion, riveur qui était ami avec Gabriel Delbonnel.
Pierre Brossard dit Philibert, responsable des cadres du parti communiste fut arrêté le 1er mars 1943 par des inspecteurs de la BS1. Lors de la perquisition de son domicile entre deux cent cinquante et trois cents fiches ou notices biographiques de militants communistes étaient saisies, dont celle de Pierre Schlup. Il fut appréhendé le 22 mars 1943 par la BS2 antiterroriste. Entre les deux dates, vingt et un jours s’étaient écoulés, fut-il filé pendant cette période. Emmené dans les locaux des BS à la préfecture de police, il fut sévèrement frappé à coups de nerfs de bœuf. Sa chute entraîna celles d’une quarantaine de membres des groupes FTP.
Le 1er avril vers 18 heures deux inspecteurs des brigades spéciales appréhendaient André Janssoone sur son lieu de travail. La perquisition du domicile de ses parents où il habitait ne donna rien. Emmené dans les locaux de la préfecture de police, il y resta huit jours, fut frappé par un inspecteur de la BS2, puis remis aux Allemands, incarcéré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne).
Son arrestation suscita une réaction du responsable de la JOC de Clichy qui rencontra le 5 avril René Hénoque, commissaire divisionnaire de la BS2. Il lui déclara qu’il demanda aux jeunes contactés de rester à l’écart d’une « organisation occulte », les responsables proposaient « rien que moins que d’attaquer des gardiens de la paix à trois ou quatre afin de leur subtiliser leurs armes ». Il incita André Janssoone à rompre, « S’il n’en a rien fait, je suis persuadé qu’il a agi par pure faiblesse ». Il donna le signalement et l’adresse de la jeune fille rousse.
Ses parents effondrés par l’arrestation de leur fils écrivirent le 5 avril à la préfecture de police demandant de ses nouvelles. Le préfet transmis le courrier à l’ambassadeur Fernand de Brinon pour qu’il intervienne « auprès des Autorités occupantes en [sa] faveur […] si vous le jugez à propos ». Il envoya une seconde lettre le 11 juin qui se terminait ainsi : « en vous laissant le soin d’intervenir auprès des Autorités d’occupation si vous le jugiez opportun ».
Le 5 octobre 1943, André Janssoone comparut avec ses camarades devant un Tribunal militaire allemand, condamné à trois ans de prison, la peine fut portée à cinq ans lors d’une seconde audience le 3 novembre. Condamné Nacht und Nebel, Nuit et Brouillard « NN », ce qui signifiait destiné à disparaître sans laisser de trace. Il était transféré le 16 décembre 1943 en Allemagne à la prison de Karlsruhe, puis à la forteresse de Sonneburg réservée aux prisonniers « NN », enfin au Kommando Heinkel du camp-annexe du camp de concentration de Sachsenhausen au sud-ouest-d’Oranienburg, où alternaient les blocks des déportés et les halls de fabrication du constructeur d’avions Ernst Heinkel. Les prisonniers furent libérés par les troupes américaines le 4 mai 1945.
Il témoigna le 3 juin 1945 devant la commission d’épuration de la police, il indiqua qu’au moment de son arrestation, il était membre du Front national et des FTP. André Janssoone porta plainte contre les inspecteurs qui l’arrêtèrent et contre celui lui le frappa lors d’un interrogatoire.
Il se maria le 8 février 1947 avec Raymonde Chomet à la mairie de Clichy, ils eurent trois enfants. En 1957, il fit une demande pour l’attribution de la carte de déporté politique. Il a été homologué Déporté Interné résistant (DIR).
Divorcé le 23 novembre 1979, il se remaria avec Pennepa Sangiem le 29 mars 1980 à Romainville (Seine-Saint-Denis). Il mourut le 2 février 1997.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139328, notice JANSSOONE André, Abel, Marius par Daniel Grason, version mise en ligne le 19 janvier 2012, dernière modification le 3 novembre 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2299, carton 8, PCF carton 14 rapports hebdomadaires sur l’activité communiste, KB 1, KB 90, 1W 0241. – Bureau Résistance GR 16 P 306477. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil.

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