TOULGOAT Eugène, Marie

Par Daniel Grason

Né le 10 octobre 1894 à Gourin (Morbihan), mort le 16 janvier 1945 à Schawitz (Allemagne) ; ouvrier fraiseur ; militant communiste ; emprisonné ; interné ; déporté.

Eugène Toulgoat était le fils de Pierre et de Marie, née Le Floch, il fit la guerre de 1914-1918, adhéra à l’ARAC. Il épousa le 10 octobre 1923 Françoise Nédelec en mairie de Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine), demeuraient 19 rue Trézel. Il travailla comme fraiseur de charbons pour dynamos à la société Le Carbone-Lorraine 41 rue Jean-Jaurès à Gennevilliers, même département. En 1930, le couple habita en face de l’usine dans un appartement locatif de la cité jardins 56 rue Jean-Jaurès.
La direction de l’entreprise considérait Eugène Toulgoat comme un communiste convaincu, en 1936, il déclencha la grève avec occupation. Membre de la CGT, secrétaire du syndicat, il fut élu délégué principal par le personnel. Lors des grèves de 1936, 1937 et 1938, il apparaissait comme le principal responsable des piquets de grève, il signait les bons de sortie et d’entrée du personnel au nom du comité de grève. À plusieurs reprises il fit entrer à l’intérieur de l’entreprise des conseillers municipaux communistes apportaient le soutien de la Municipalité communiste aux travailleurs.
La grève générale du 30 novembre 1938 contre les décrets lois du gouvernement Daladier-Reynaud qui démantelaient les quarante heures fut un échec. Après la capitulation de Munich le 30 septembre devant les exigences d’Hitler, le 30 novembre constituait un Munich social face aux exigences patronales. À Gennevilliers, des milliers de salariés étaient lock-outés, trois cents quatre-vingt-dix furent licenciés dont Eugène Toulgoat. Il figurait sur les listes patronales des ouvriers à ne pas embaucher. Étant réformé pour invalidité, il ne fut pas mobilisé. Du fait de l’état de guerre, des entreprises manquèrent de main d’œuvre, de janvier à juin 1940 la Fabrique Nationale d’Armes de Courbevoie l’embaucha comme manœuvre.
L’arrestation le 26 juillet 1940 de Jean Grandel ex-maire communiste suscita beaucoup d’émoi dans la ville, les militants communistes ripostèrent. Le 2 août un papillon était collé sur les murs de la localité : « Libérez Grandel et tous nos camarades » ; le 6 un tract de la section communiste était distribué demandant sa libération, Jean Grandel « seul a lutté et dénoncé la guerre impérialiste, et qui, si on l’avait écartée, eut épargné à notre pays les tristes épreuves qu’il traverse ». En décembre 1940, l’Humanité clandestine se faisait l’écho qu’une délégation de trente femmes dont les maris étaient prisonniers de guerre venait d’obtenir la cantine gratuite pour les enfants.
La région Paris-Ouest du parti communiste structura des comités populaires dans les entreprises, des groupes de militants diffusaient la propagande. L’un rayonnait sur Gennevilliers, Levallois-Perret. Le 18 février 1941, la Brigade spéciale d’intervention du commissariat de Puteaux interpellait François Carcedo* à son domicile clandestin du XVIe arr. De la documentation fut saisie ainsi qu’une liste de militants communistes, les policiers en arrêtèrent plus d’une trentaine de Gennevilliers, Suresnes, Levallois-Perret, Villeneuve-la-Garenne entre le 17 février et le 1er mars 1941.
Eugène Toulgoat responsable de l’équipe du centre de Gennevilliers fut arrêté le 21 février comme chef de secteur. Incarcéré à la prison de la Santé, il comparut en compagnie de dix-neuf militants le 21 octobre 1941 devant le Tribunal de la Section spéciale de la Cour l’appel de Paris, fut condamné à quinze ans de travaux forcés. Il sera emprisonné à Fresnes (Seine, Val-de-Marne), à la centrale de Fontevrault (Maine-et-Loire) jusqu’en 1943, puis à Blois (Loir-et-Cher), en février 1944 au Frontstalag 122 à Compiègne (Oise).

Il partit le 28 février de la gare de l’Est dans un wagon de voyageurs aux fenêtres grillagées accroché au train de la ligne régulière vers l’Allemagne. Destination le camp de Neue Bremm à Sarrebruck (Allemagne). Ils étaient au moins quarante-neuf détenus dont deux autres Gennevillois Jean Gourdoux et Hippolyte Génard ainsi qu’Artur London, l’un des responsables de la MOI.
Tous étaient condamnés à plus de sept ans de travaux forcés, condamnés Nacht und Nebel, Nuit et Brouillard « NN », ce qui signifiait destinés à disparaître sans laisser de trace, ils resteront un mois à Neue Bremm, seront transférés à Mauthausen (Autriche). Eugène Toulgoat matricule 60762 sera affecté au Kommando Passau II, où les détenus montaient des armes. Il sera ensuite envoyé à Flossenbürg (Allemagne), il mourut le 16 janvier 1945 à Schawitz.
En 1957, une rue de Gennevilliers porta son nom ainsi que la cellule communiste du Carbone-Lorraine. Son nom fut gravé sur la plaque des morts en déportation apposée sur le Monument aux morts du cimetière communal.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139385, notice TOULGOAT Eugène, Marie par Daniel Grason, version mise en ligne le 22 janvier 2012, dernière modification le 17 août 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 1928, BA 1931, BA 2057, BA 2355, 77W 85. – Arch. Mun. Gennevilliers. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Bureau Résistance 574744 (non homologué). – JO n° 002, 3 janvier 2001. – Site Internet GenWeb. – État civil.

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