BOSIERS Jean, Édouard.

Par Jean Puissant

Anvers (Antwerpen, pr. et arr. Anvers), 30 avril ou 1er mai 1847 – probablement Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 19 novembre 1929. Ouvrier bijoutier, membre du Parti socialiste belge, membre de la Ligue ouvrière de Jette (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), militant syndical et coopérateur.

Les parents de Jean Bosiers sont, selon Louis Bertrand, « très catholiques, ce qui n’empêchera pas leurs enfants de devenir de bons socialistes ». Sur les six frères Bosiers, trois sont membres du Parti ouvrier belge (POB) en 1902. L’un d’eux, Filip, est tué lors de la fusillade de Borgerhout (Antwerpen, pr. et arr. Anvers) le 18 avril 1893. À l’âge de vingt-deux ans, Jean Bosiers gagne Bruxelles, s’y marie et habite les quartiers populeux du bas de la ville. Il est bijoutier, « ouvrier d’élite, chef d’atelier, il gagne très bien sa vie ».

Jean Bosiers adhère au syndicat des bijoutiers et le représente à la Chambre du travail lors de sa création en 1875. Il en devient le trésorier. Lorsque paraît la Voix de l’ouvrier en 1879, il en est l’expéditeur. Chaque soir, il rédige les bandes adresses et le vendredi soir, « avec un ou deux camarades, sa femme et ses enfants, il fait le pliage de l’organe socialiste et sa mise sous bande. »

Militant du Parti socialiste belge, Jean Bosiers est proche de Louis Bertrand et le soutient dans sa lutte pour entraîner les associations ouvrières dans le combat pour le suffrage universel et pour s’opposer aux activités des socialistes révolutionnaires et des anarchistes. Il assiste à tous les congrès ouvriers de 1876 à 1890. En septembre 1884, il signe le Manifeste républicain.

Membre de la « section socialiste » flamande, Jean Bosiers est l’un des fondateurs de la Ligue ouvrière de Bruxelles et fait partie de la commission préparatoire du Congrès ouvrier qu’elle convoque en avril 1885. Il est membre du premier Conseil général du POB. Il fait ensuite partie du premier comité de rédaction du Peuple et du conseil d’administration de la société coopérative, Le Peuple, créée en 1886 pour continuer à l’éditer. Il est trésorier de la Fédération bruxelloise du POB en 1885 et 1886. En 1886, il est candidat du POB aux élections provinciales et accepte de remettre, au préalable, une lettre de démission non datée.

Mais c’est surtout à la coopérative, La Maison du peuple de Bruxelles, dont il est l’un des fondateurs que Jean Bosiers déploie ses activités. Il en est le secrétaire de 1882 à 1889 et, à ce titre, il la représente à l’enquête orale sur le travail de 1886. En janvier de cette même année, avec A. Denuit*, il lance un appel à la création d’un local ouvrier qui servirait à la coopérative comme aux autres organisations socialistes. C’est à la suite de cet appel que les fonds sont réunis pour l’achat de l’ancienne synagogue, devenue la première Maison du peuple de Bruxelles, rue de Bavière.

Devenu chômeur, Jean Bosiers est engagé comme caissier rémunéré à la coopérative. Il est remplacé comme secrétaire par Jean Volders, désigné pour examiner et redresser la situation de la société en 1890. Il semble qu’à cette époque, Bosiers quitte alors la coopérative. Il travaille un moment à Verviers (pr. Liège, arr. Verviers) comme ouvrier puis tient un magasin au Marché aux Charbons à Bruxelles.

À son décès, Jean Bosiers est membre de la Ligue ouvrière de Jette. Il s’agit là d’un de ces nombreux ouvriers, aujourd’hui inconnus, qui sont à la base de la formation et de la réussite du POB, mais qui sont mis à l’écart ou s’écartent lors de la structuration plus systématique de ce parti dans les années 1890.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139404, notice BOSIERS Jean, Édouard. par Jean Puissant, version mise en ligne le 2 mars 2012, dernière modification le 25 octobre 2020.

Par Jean Puissant

SOURCES : BERTRAND L., Histoire de la coopération en Belgique. Les hommes - Les idées - Les faits, t. 2, Bruxelles, 1903, p. 308-310 – Le Peuple, 20 novembre 1929.

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