BRANQUART René, Englebert. Pseudonyme : « Tube de Cobalt ».

Par Jean Puissant

Hennuyères (aujourd’hui commune de Braine-le-Comte, pr. Hainaut, arr. Soignies), 14 mai 1871 − Braine-le-Comte, 12 juin 1936. Médecin, militant socialiste, conseiller provincial du Hainaut, conseiller communal, échevin puis bourgmestre de Braine-le-Comte, député de l’arrondissement de Soignies, sénateur provincial, militant wallon.

Fils d’Edouard Branquart, cultivateur, et d’Hortense Haulet, René Branquart entreprend des études de pharmacien puis de sciences et enfin de médecine à l’Université libre de Bruxelles dès 1887. Il obtient son diplôme avec satisfaction au jury central en 1897. Interne des hôpitaux, il se spécialise en chirurgie et exerce sa pratique à Braine-le-Comte.

En 1893, sous le pseudonyme de « Tube de Cobalt », René Branquart publie un article critique « de la soi-disant belle société de l’époque ». La même année, il adhère au Cercle des étudiants socialistes. Mêlé dès ses études au débat politique, parmi les nombreux étudiants progressistes et socialistes de cette époque, Branquart qui sera professeur à l’Université nouvelle, s’engage politiquement. Il est délégué de l’Association des travailleurs de Braine-le-Comte au Congrès du Parti ouvrier belge (POB) en 1895. Il représente régulièrement cette association aux congrès ultérieurs du mouvement.

René Branquart est élu conseiller provincial représentant l’arrondissement de Soignies en 1896-1899. En août 1899, il succède à Oscar Paquay, décédé, comme député du même arrondissement de 1899 à 1900, de 1902 à 1904 et de 1912 à 1932. De 1900 à 1908, puis en 1912, il est conseiller communal à Braine-le-Comte, échevin en 1922, bourgmestre de 1927 jusqu’à sa mort. En 1902, au Congrès du POB, Branquart propose que les socialistes fassent voter dans les conseils communaux des subsides pour organiser des conférences en faveur de la cause des Boers en Afrique du sud, comme cela s’est fait à Braine-le-Comte.

L’ascension politique de René Branquart s’est donc déroulée rapidement et à tous les niveaux de la représentation politique. Docteur « tant mieux », notable estimé dans sa ville où il exerce des responsabilités croissantes, il permet l’implantation du POB dans la partie rurale de cet arrondissement où seules les carrières apportent un caractère ouvrier parcellaire. L’introduction de la représentation proportionnelle lui fait perdre son siège en 1900, malgré une légère progression en voix, mais il le récupère, en 1902, à la suite d’une élection partielle consécutive à l’adaptation du nombre de sièges à l’évolution de la population. La nette progression de mai 1902 (45,9 % + 4,2 % ) est à souligner puisque elle suit immédiatement l’échec de la grève générale en faveur du suffrage universel. L’arrondissement n’échappe pas au reflux général pour le POB, lors des élections générales de 1904. Ce n’est qu’en 1912, au sein du cartel libéral socialiste, que René Branquart retrouve le deuxième siège socialiste de l’arrondissement. Ce cartel fait apparemment le plein des voix socialistes et libérales en comparaison avec 1904 et 1914, ce qui n’est pas la règle. Branquart est dès lors constamment réélu. Le canton de Soignies donne, avec le suffrage universel, 56% des voix au POB en 1919. En 1932, il cède sa place à un plus jeune et est élu sénateur provincial.

René Branquart qui est aussi rédacteur en chef du journal socialiste de l’arrondissement, Le Clairon, est un parlementaire actif qui intervient régulièrement. Il est « persuasif », « quelquefois caustique », c’est un « orateur à la voix puissante » qui n’hésite pas à interrompre les ministres et à mener une polémique fine et discrète. Ses interventions sont documentées, nourries d’enquêtes sur le terrain, par exemple, lors d’un débat lancé par une interpellation, en 1900, du ministre des Transports par Émile Vandervelde*, où il intervient sur les accidents du travail dans les chemins de fer. Il s’oppose aux dotations princières, défend les intérêts paysans, notamment en matière de chasse. Il rappelle, à cette occasion, ses origines paysannes.
Les interventions de Branquart portent essentiellement sur les matières sociales, la santé de l’ouvrier, son droit à choisir son médecin, les examens médicaux d’incorporation à l’armée, la pollution de la Senne par les effluents industriels, etc.

René Branquart défend, au sein du POB, avec d’autres comme Léon Colleaux et Georges Hubin*, une position pro-française. Ainsi en 1923, il défend l’occupation de la Rhur par les forces armées franco-belges, en vertu de l’accord militaire qui lie les deux pays, et critique donc l’intervention d’Émile Vandervelde à la Chambre qui la condamne.
En 1932, à propos de la législation linguistique en discussion, René Branquart défend l’idée de l’égalité et de l’autonomie nécessaire de chaque partie du pays. Il est considéré comme un défenseur de la Wallonie et de l’idée française. Il figure parmi les fondateurs de l’Assemblée wallonne. Pendant la guerre, il collabore à L’Avenir wallon, mais, très vite, récuse toute forme de collaboration avec les autorités allemandes. Signataire du compromis des Belges en 1932, il est favorable au fédéralisme. Il collabore à divers organes wallons dont La Bataille wallonne de Achille Chavée et Nopère. Émile Vandervelde le signale comme « le plus français des socialistes de Wallonie ».
René Branquart est décoré de la Légion d’honneur. Il collabore au Journal de Charleroi, à L’Action, hebdomadaire de la Fédération du POB. Il est membre du Comité fédéral et représente la Fédération de Soignies à divers congrès du POB.

René Branquart fait partie de la loge maçonnique, Les Amis philanthropes. Il est membre du Comité de patronage des habitations ouvrières et des institutions de prévoyance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139424, notice BRANQUART René, Englebert. Pseudonyme : « Tube de Cobalt ». par Jean Puissant, version mise en ligne le 4 mars 2012, dernière modification le 16 septembre 2021.

Par Jean Puissant

ŒUVRE : À mes frères les paysans, Braine-le-Comte, 1895 − Les accidents du travail, Gand, 1908 − En Wallonie pendant la guerre, Braine-le-Comte, 1919 − Collaboration à L’Action (1922), La Bataille (Namur), Le Clairon (1898) dont il est rédacteur en chef, La Défense (1895), La Feuille d’annonce de Braine-le-Comte, La jeunesse, c’est l’avenir, Le Peuple du Centre (1928), La Voix du peuple (1923), Le Cri du peuple (1924), L’Avenir du Borinage, L’Aurore, tous deux dont il est le directeur politique, La Bataille wallonne, L’Action wallonne, La Barricade, Noss’Pèron.

SOURCES : JORIS F., 1885-1985. Histoire des fédérations. Soignies-Thuin, Bruxelles, 1985 (Mémoire ouvrière, 10) − La Belgique active, 1931 − Notice réalisée par P. Dewames, section Journalisme de l’Université libre de Bruxelles, 1983 − (icono) Archives de l’Université libre de Bruxelles − DELHAYE J.-P., « Branquart René », dans Encyclopédie du mouvement wallon, t. I, Charleroi, 2000, p. 194.

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