POUZOL Jeanne [née JOANNÈS]

Par Daniel Grason

Né le 16 décembre 1904 à Billy-les-Mangiennes (Meuse), morte le 27 mars 2001 à Gournay-en-Bray (Seine-Maritime) ; employée, pointeau comptable ; communiste ; résistante ; internée.

Jeanne Joannès était la fille d’Henry, manœuvre et de Marie, née Jacquemin, elle se maria avec Pierre Pouzol, plombier couvreur, le 6 novembre 1928 à Longuyon (Meurthe-et-Moselle). Elle quitta la Lorraine, le couple habita 5 rue de la Liberté à Argenteuil (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), une enfant naquit, Pierrette le 5 mai 1932. Jeanne Pouzol fut employée à la SIPA à Argenteuil, puis pointeau comptable à l’Alsthom et chez Ericsson. Elle militait au Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme, Pierre se porta comme volontaire en Espagne républicaine.
Pendant la guerre, Pierre fut mobilisé, fait prisonnier, il s’évada. En 1941, ils prirent contact avec des militants communistes de Colombes, notamment René Appéré* (Irenée, Jean). Tous les deux participaient à diffuser les tracts et brochures édités par le parti communiste, elle transporta parfois des armes. Dans la nuit du 19 au 20 juin 1942, une bicyclette sur laquelle était attachée trois paquets de tracts était trouvée dans une rue de Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis). La plaque d’identité du vélo « n° 1042 YC 2 » portait le nom de Pierre Pouzol, les policiers se rendirent immédiatement à Argenteuil, le pavillon était vide. Des policiers restèrent en surveillance.
Le couple Pouzol était réfugié dans de la famille à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne) chez Georges et Marie Millet. Cette dernière, sœur de Jeanne Pouzol se rendit rue de la Liberté pour chercher du linge, erreur fatale, elle fut filée lors de son retour. Les policiers les appréhendèrent le 22 juillet 1942, Pierre Pouzol assuma la totale responsabilité de l’activité de propagande, il fut incarcéré à la prison de la Santé et Jeanne à La petite Roquette.
Le 12 juin 1943, ils comparurent devant le Tribunal de la Section spéciale de Paris. Selon l’enquête policière, Jeanne Pouzol était informée de l’activité de son mari, elle-même diffusait le journal Femmes sur son lieu de travail. Tous les deux furent condamnés, elle un an de prison et mille deux cents francs d’amende sera après les prisons de La petite Roquette et la Santé, internée à la caserne des Tourelles, à Paris (XXe arr.), Pierre déporté à Buchenwald.
À La petite Roquette, des religieuses portants cornettes veillaient sur les prisonnières, elles étaient chargées de l’intendance. Jeanne Pouzol s’opposa avec d’autres détenues à Sœur Saint-Émile à propos d’une soupe particulièrement infecte. Elles eurent droit à une leçon de morale du directeur entouré des Sœurs et des gardiens en uniforme. Jeanne écopa de quarante-huit heures à l’isolement dans une cellule glaciale.
Jeanne Pouzol témoigna dans l’ouvrage de France Hamelin des conditions de détention aux Tourelles : « Le matin, le bruit des clés et verrous qui ouvraient la grande porte, un coup sifflet et un bruit de bottes nous annonçaient l’appel. Nous devions être debout au pied de notre lit et répondre à l’appel de nos noms auquel procédait le lieutenant botté et ganté, entouré de deux sous-ordres. Ce cérémonial terminé, un autre coup de sifflet appelait pour aller chercher le café et le pain, sous l’œil vigilant de deux gendarmes ».
Des détenues quittaient Les Tourelles pour la déportation à Ravensbrück : « À chaque départ, nous manifestions bruyamment, ce qui nous valait des coups de sifflet de nos gardiens qui nous obligeaient à remonter dans nos chambrées ». Elles étaient trois à animer le collectif de résistantes communistes du camp, Georgette Bodineau, Renée et Jeanne Pouzol, cette dernière chaque soir lisait un communiqué sur la situation, redonnant au fils des mois l’espoir. Elle suivra des cours de français et d’espagnol, une façon de se projeter hors des murs de l’enfermement.
Elle sera libérée en août 1944, Pierre rentra de Buchenwald très affaibli en mai 1945. Ils retrouvèrent Pierrette qui des années trente au retour de captivité du couple ne vécut qu’entre huit et neuf ans avec ses parents. Elle fut élevée par sa grand-mère maternelle dans la Meuse, puis par sa tante Marie à Vaires-sur-Marne. Ils habitèrent Colombes, Jeanne Pouzol resta au parti communiste, Pierre le quitta.
Jeanne Pouzol a été homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
Elle mourut le 27 mars 2001.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139456, notice POUZOL Jeanne [née JOANNÈS] par Daniel Grason , version mise en ligne le 30 janvier 2012, dernière modification le 4 octobre 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2056, PCF carton 21. – France Hamelin, Femmes dans la nuit. 1939-1944, Renaudot & Cie, 1988. – Entretiens avec Pierrette Pouzol, l7 et 27 juin 2011, 30 janvier 2012. – Bureau Résistance GR 16 P 309799. – État civil, Billy-les-Mangiennes.

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