GÉNARD Hippolyte

Par Daniel Grason

Né le 30 septembre 1904 à Paris VIIIe arr. (Seine), mort le 23 janvier 1945 à Ebensee (Autriche) ; ouvrier métallurgiste, porteur des pompes funèbres ; militant communiste ; emprisonné ; interné ; déporté.

Fils de Jean, mouleur et de Joséphine, née Martin, Hippolyte Génard était le premier jumeau du couple. Il épousa Germaine Nourdin le 14 décembre 1929 en mairie de Bains-les-Bains (Vosges), le couple eut un enfant. Ils habitèrent 165 rue de Paris (Gabriel-Péri) à Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine), en janvier 1940, ils emménagèrent rue Richelieu dans un logement locatif de la Cité jardins.
Adhérent du parti communiste, il était connu comme militant dans la ville, le 1er janvier 1939 il entrait comme porteur aux pompes funèbres de la ville de Gennevilliers. Mobilisé au 622e Régiment colonial de pionniers, à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir) le 6 septembre 1939, il fut affecté comme ouvrier aux établissements Timken à Asnières le 4 décembre 1939. Cette entreprise américaine de la métallurgie était spécialisée dans la fabrication de roulements à billes coniques, très utilisés dans les canons de gros calibre, Hippolyte Génard y travailla jusqu’à sa démobilisation le 30 juin 1940, il fut réintégré dans son emploi à la ville.
Jean Grandel ex-maire communiste était arrêté le 26 juillet 1940, ce qui eut comme effet de mobiliser des militants communistes de la ville. Le 2 août un papillon était collé sur les murs : « Libérez Grandel et tous nos camarades », le 6 août un tract de la section communiste au ton pacifiste était distribué : Jean Grandel « seul a lutté et dénoncé la guerre impérialiste, et qui, si on l’avait écartée, eut épargné à notre pays les tristes épreuves qu’il traverse ». En décembre, selon l’Humanité clandestine, une trentaine de femmes se rendaient en mairie auprès de la délégation spéciale nommée par Vichy et obtenait la cantine gratuite pour les enfants de prisonniers.
La région Paris-Ouest du parti communiste organisa quelques comités populaires dans les entreprises, des papillons et des tracts étaient le plus souvent jetés à la volée nuitamment dans les rues des villes. Le 18 février 1941, la Brigade spéciale d’intervention du commissariat de Puteaux interpellait François Carcedo à son domicile clandestin du XVIe arrondissement. De la documentation fut saisie ainsi qu’une liste de militants communistes, les policiers en arrêtèrent plus d’une trentaine de Gennevilliers, Suresnes, Levallois-Perret, Villeneuve-la-Garenne entre le 17 février et le 1er mars 1941.
Le nom d’Hippolyte Génard était mentionné comme responsable de la propagande à Gennevilliers, était arrêté le même jour, la délégation spéciale nommée par Vichy, le licencia immédiatement de son emploi. Incarcéré à la prison de la Santé, au camp d’internement d’Aincourt (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), il comparut en compagnie de dix-neuf militants le 21 octobre 1941 devant le Tribunal de la Section spéciale de la Cour l’appel de Paris, condamné à vingt ans de travaux forcés. Il fut incarcéré à la prison de Fresnes du 12 décembre 1941 au 17 septembre 1943 à l’abbaye de Fontevrault (Maine-et-Loire), enfin à la prison de Blois (Loir-et-Cher), jusqu’à son transfert au Fronstalag 122 à Compiègne (Oise) en février 1944.
Il partit de la gare de l’Est dans un wagon de voyageurs aux fenêtres grillagées accroché au train de la ligne régulière vers l’Allemagne, destination le camp de Neue Bremm à Sarrebruck (Allemagne). Ils étaient au moins quarante-neuf détenus dont deux autres Gennevillois Jean Gourdoux et Eugène Toulgoat ainsi qu’Artur London, l’un des responsables de la Main d’œuvre immigrée (MOI).
Tous étaient condamnés à plus de sept ans de travaux forcés, Nacht und Nebel, Nuit et Brouillard « NN », ce qui signifiait destinés à disparaître sans laisser de trace, ils resteront un mois à Neue Bremm, seront transférés à Mauthausen (Autriche). Il sera affecté au Kommando d’Ebensee, les détenus effectuaient des travaux de terrassement dans des tunnels destinés à l’installation d’usines de production d’essence synthétique. Matricule 60739, Hippolyte Génard y mourut le 23 janvier 1945.
Son épouse témoigna en juin 1945 devant les membres de la commission rogatoire chargés du dossier de l’inspecteur P. qui participa à l’arrestation de son mari. Elle déclara avoir été arrêtée avec son mari le 19 février 1941 à leur domicile. Quatre policiers en civil se présentèrent, deux entrèrent dans l’appartement, ils effectuèrent une perquisition, elle fut infructueuse.
Le couple a été emmené au commissariat d’Asnières où ils passèrent la nuit. Le lendemain matin elle a été relaxée. Hippolyte Genard fut emmené au commissariat de Puteaux où il a été interrogé « bousculé mais pas frappé » témoigna son épouse. Le 21 octobre 1941 il comparaissait devant la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris qui le condamna à vingt ans de travaux forcés et d’interdiction de séjour pour « infraction au décret du 26 septembre 1939 ».
Le nom d’Hippolyte Genard a été gravé sur la plaque des morts en déportation apposée sur le Monument du cimetière communal.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139459, notice GÉNARD Hippolyte par Daniel Grason, version mise en ligne le 29 janvier 2012, dernière modification le 14 août 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES  : Arch. PPo. BA 1928, BA 1931, BA 2057, BA 2355, 77W 85, 77 W 3124 -291860. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – JO n° 024, 29 janvier 1993. – Arch. Mun. Gennevilliers. – Site Internet GenWeb. – État civil.

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