LLOBÈRES Jacques, François, Joseph.

Par André Balent

Né le 18 décembre 1882 à Montauriol (Pyrénées-Orientales) ; mort le 26 août 1956 à Thuir (Pyrénées-Orientales) ; bûcheron à Montauriol, puis ouvrier agricole, cultivateur, épicier-mercier à Thuir ; militant communiste de Thuir.

Jacques Llobères naquit à Montauriol, commune pastorale et forestière des Hautes Aspres, connue pour ses bois de chênes vert et de chênes lièges. Il y exerçait le métier de bûcheron. Son père, Denis Llobères bûcheron et charbonnier à Montauriol était alors âgé de trente un ans, alors que sa mère, Marguerite Doutres avait trente-trois ans. Ils eurent dix enfants. Trois de leurs fils moururent pendant la Première Guerre mondiale.
Selon le témoignage de son fils Charles, Jacques Llobères ne fréquenta l’école que jusqu’à l’âge de sept ans. Il se maria le 29 novembre 1909 avec Anne Nou, née en 1890 à Prunet-et-Bellpuig (Pyrénées-Orientales) et domiciiée à Calmeilles (Pyrénées-Orientales), fille de Michel Nou, fermier, et d’Anne Bourrat. Leur fille Denise épousa Sauveur Quintane*, militant communiste de Thuir. Anne Nou fut aussi une militante communiste qui, avant 1939, « secondait son mari dans sa propagande révolutionnaire ». Leur fils Charles Llobères*, évadé de France et militant communiste fit carrière dans l’enseignement.
Sa première occupation professionnelle fut celle de bûcheron. Par la suite, après son mariage, il s’installa rue de la mairie à Thuir, la grande bourgade industrielle (caves Viollet (Byrrh), IEE —industrie électrique Écoiffier—), viticole, et maraîchère des basses Aspres. Ses premières activités professionnelles furent agricoles. Il fut ouvrier agricole au mas Écoiffier à Thuir et travailla ensuite chez Violet où il eut un militantisme syndical qui ne lui permit pas de rester dans cette entreprise. Par la suite, il ouvrit avec sa femme un commerce (épicerie et mercerie) dans le centre de Thuir. Jacques Llobères fit son service militaire au 163e RI en garnison à Bastia (Corse) du 19 novembre 1903 au 22 septembre 1904. À la réserve il fut affecté au régiment d’infanterie de Perpignan.
Soldat pendant la Première Guerre mondiale, Jacques Llobères il était sous les drapeaux dès le 12 août 1914. Au front le 22 octobre 1914, il fut blessé à l’avant-bras gauche le 16 mai 1915 à Perthes (Marne). Renvoyé à l’arrière, il passa devant une commission de réforme à Béziers (Hérault). Réformé temporaire le 16 mai 1916, il fut démobilisé le 19 avril 1917 et pensionné définitif à 40 %.
Jacques Llobères adhéra au Parti communiste dès sa création. Il en fut, avec Émile Lassalle*, la cheville ouvrière à Thuir dans les années qui précédèrent la Seconde Guerre mondiale Il fut ouvrier agricole au mas Écoiffier à Thuir et travailla ensuite chez Violet où il eut un militantisme syndical qui ne lui permit pas de rester dans cette entreprise. Il fut ouvrier agricole au mas Écoiffier à Thuir et travailla ensuite chez Violet où il eut un militantisme syndical qui ne lui permit pas de rester dans cette entreprise. Dans son autobiographie, son fils Charles raconta par le menu les activités de son père pendant la Guerre civile espagnole, se rendant à plusieurs reprises à Barcelone afin d’acheminer l’aide matérielle récoltée par les militants de Thuir. Il accueillit chez lui, après la Retirada, une famille de militants républicains qui lui avaient été adressés par le PC et qui ensuite allèrent chez son beau-fils Sauveur Quintane : l’avocat Miguel Vidal Rico, d’Almeria, sa femme Pilar et leur fille Pilarin. S’il douta quelque peu, d’après son fils du bien fondé du pacte germano-soviétique, il ne mit pas en cause sa fidélité à son parti dont il devint un des militants clandestins à Thuir.
Soupçonné d’être un militant clandestin du PC, il fut inscrit sur la liste départementale des « suspects du point de vue national » et son domicile fut perquisitionné le 3 juin 1940, en même temps que celui de cinq autres militants thuirinois. À partir de ce moment-là, il ne conserva plus chez lui aucun papier qui eût pu compromettre son action en cas de perquisition. Après un moment de désorganisation et d’expectative en 1939-1940, le groupe communiste de Thuir se restructura.
Au début de 1943, alors que le groupe communiste clandestin de Thuir —dans les rangs duquel Jacques Llobères militait, ainsi que dans ceux du Front national— était toujours actif, l’épicerie les Llobères fut fouillée après une perquisition au domicile de Joseph Pujol.
Jacques Llobères fut arrêté par la police allemande lors d’une rafle, le 13 avril 1944, à Perpignan, Thuir et Vinça. Interrogé à propos des activités clandestines de son fils Charles, réelles ou supposées, il déclara ignorer tout de celles-ci. Il fut relâché, étant l’un des rares à échapper de la sorte à la déportation. Il fut à nouveau arrêté par la gendarmerie française le 6 juin 1944. L’intervention de son beau-fils, Sauveur Quintane, le tira d’affaire.
Comme tous les membres de la famille, Jacques Llobères ne cessa, après la Libération, de militer au PCF. Il fut très actif jusque vers 1950, date où il fut très affaibli par la fièvre de Malte.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139519, notice LLOBÈRES Jacques, François, Joseph. par André Balent, version mise en ligne le 5 février 2012, dernière modification le 6 février 2012.

Par André Balent

SOURCES : Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 1 R 460 ; série M non classée, versement du cabinet du préfet, 13 septembre 1951, suspects avant 1940. —Arch. com. Calmeilles, acte de mariage entre Jacques Llobères et Anne Nou. — Arch. com. Montauriol, acte de naissance de Jacques Llobères. — Ramon Gual & Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, tome II b, De la résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, 1998, p. 538. — Charles Llobères, Tu gagneras ta liberté. Récit, Perpignan, imprimerie Fricker, 1980, 198 p. —Georges Sentis, Les communistes et la Résistance dans les Pyrénées-Orientales, tome 1, Dans la tourmente. Février 1939-novembre 1942, Lille, Marxisme / Régions, 1983, 154 p. [p. 66] ; tome II, Le difficile combat vers la Libération nationale. Novembre 1942-août 1944, Lille Marxisme / régions, 1985, 175 p. [p. 49]. —Georges Sentis, Les communistes et la résistance dans les Pyrénées-Orientales. Biographies, Lille, Marxisme / régions, 1994, p. 130. —Entretien avec Charles Llobères, Thuir, 2 avril 1985.

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