UMIDO Claude

Par Daniel Grason

Né le 29 mars 1894 à Cessole, Piémont (Italie), mort à une date inconnue ; artisan cordonnier ; antifasciste ; résistant FTP ; déporté.

Fils de Joseph et de Maria Chirotti, Claude Umido épousa le 15 mai 1926 Joséphine Bizzarri, brodeuse, à la mairie du XVIIe arr. Il obtint sa naturalisation en 1928, une fille Hélène naquit en 1931. En juin 1936, la famille s’installa 24 rue du Quatorze juillet à Bois-Colombes (Seine, Hauts-de-Seine), Claude Umido ressemelait les chaussures dans son atelier en rez-de-chaussée.
Il fit partie pendant la guerre d’un groupe de résistants dont notamment Alfred Bonenfant. Les inspecteurs de la BS2 appréhendèrent un autre membre du groupe, Robert Camus, lors de la perquisition Robert Camus, lors de la perquisition de son domicile 25 rue Rébeval (XIXe arr.) une clé fut trouvée, celle d’un garage loué par Claude Umido au 3 rue de la Renaissance à Bois-Colombes. Il fut arrêté le 19 décembre 1942, un pistolet 6,35 m/m, un chargeur garni de six cartouches, six clefs de cadenas et de serrures à combinaison étaient saisies à son domicile.
Dans le garage, une automobile Peugeot volée le 13 août 1942 était découverte, elle servit lors d’une opération de récupération de fonds contre un encaisseur de la SNCF à Rueil-Malmaison (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). Dans le véhicule étaient dissimulés : un revolver, un fusil mitrailleur, des chargeurs et des cartouches. Les policiers appréhendèrent Joséphine Umido sur son lieu de travail place Vendôme, Ier arr. Selon une autre source les arrestations eurent lieu à Reims (Marne).
Tous les deux furent emmenés à la Préfecture de police. Claude Umido resta dix jours dans les locaux des brigades spéciales, frappé au cours des interrogatoires, il fut inculpé ainsi que sa femme de menées terroristes et complicité. Le 30 décembre, il était livré aux Allemands, incarcéré à la prison de Fresnes, puis au Frontstalag 122 à Compiègne (Oise). Un membre de la famille écrivit le 3 janvier 1943 au préfet de police demandant où était le couple.
Le couple était dans le convoi politique du 24 janvier 1943, deux cents trente femmes et mille quatre cent soixante-six hommes prenaient la destination de l’Allemagne dans des wagons séparés. En fin de train, les wagons des femmes, la séparation aura lieu à Halle, les femmes prendront la direction d’Auschwitz (Pologne), les hommes Sachsenhausen (Allemagne). Claude Umido fut affecté au Kommando Heinkel où se fabriquaient des moteurs d’avions. Le 21 avril 1945, devant l’avance de l’armée Soviétique, le camp sera évacué.
Son beau-frère Charles Bizzarri s’inquiéta du sort du couple, il fut auditionné par la commission d’épuration de la police. Claude Umido matricule 58079 rentra en France le 8 juin 1945, très diminué physiquement, pensionné par la suite à 65%, il témoigna à deux reprises devant la commission d’épuration de la police et devant une commission rogatoire le 9 juin et le 16 juillet 1945. Il déclara que l’inspecteur B…le frappa : « à coups de nerf de bœuf sur les reins, les fesses et les cuisses. De plus au moment de mon arrestation j’ai été frappé à coups de poing ».
« Une perquisition effectuée à mon domicile a amené la découverte d’un important dépôt d’armes. De plus, il m’a été dérobé tout mon ravitaillement comprenant notamment dix kilos de beurre, dix kilos de lard, environ cent cinquante œufs, quarante bouteilles de vin fin, dix kilos de sucre et cinq ou six tablettes de chocolat, je crois également savoir qu’il m’a été dérobé du linge mais je ne puis en énumérer le détail en l’absence de ma femme ».
« Le jour où je suis parti à Fresnes j’ai entendu l’inspecteur Barrachin donner l’ordre à l’inspecteur B. d’aller avec une camionnette chercher cinquante litres d’essence et vingt litres d’alcool qui se trouvait dans mon grenier ».
Claude Umido porta plainte contre les inspecteurs qui l’arrêtèrent ainsi que son épouse, et plus particulièrement contre ceux qui le frappèrent et se rendirent coupable de vols.
La mise à disposition avait été effectuée par B. et André Hadet. L’Humanité du 10 janvier 1945 publia en page intérieure sa photographie avec ce titre : « Ce traître doit-être fusillé ! »
« Aidez à son arrestation ». Son activité était résumée en quelques lignes : « Il a procédé à l’arrestation de nombreux patriotes dont un grand nombre a été fusillé ou déporté ».
Lors des auditions d’inspecteurs devant les commissions rogatoires, André Hadet fut représenté par ses collègues comme un « fasciste notoire, antipatriote qui s’est signalé par son activité et la répression qu’il n’a cessé d’exercer, tortionnaire fanatique, sympathisant du PPF, tout acquis aux idées nazies, toute son activité a été celle d’un partisan pour tous les détenus conduits au service, il n’avait qu’une expression : "à la chaise !" » Condamné à mort, André Hadet a été fusillé.
L’épouse de Claude Umido, Joséphine mourut en déportation le 29 janvier 1943. Il porta plainte contre les inspecteurs qui procédèrent à son arrestation.
Claude Umido a été homologué membre des Forces françaises de l’intérieur (FFI), et Déporté interné résistant (DIR). Il mourut à une date inconnue.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139521, notice UMIDO Claude par Daniel Grason, version mise en ligne le 28 décembre 2021, dernière modification le 28 décembre 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. PCF carton 13 rapports hebdomadaires des Renseignements généraux, KB 18, KB 24, KB 54, KB 97, 1 W120 43943, 77 W 3113-293.378, 77W 3115. – Bureau Résistance GR 16 P 581015. – Les policiers français sous l’Occupation, Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun, Éd. Perrin, 2001. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004.

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