DÉSIRAT Marcelle [née SOLAIRE Marcelle, Charlotte, Désirée]

Par Claude Pennetier

Née le 8 mars 1910 à Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine), morte le 9 avril 1991 à Paris [Xe arr.] ; sténo-dactylo ; militante communiste de Paris ; résistante déportée.

Cliché fourni par sa petite-fille, Sylvie Désirat

Fille d’un garçon boucher, socialiste avant 1920 puis communiste, et d’une couturière, Marcelle Désirat présentait son père comme membre de l’ARAC et du SRI, « il n’a quitté le parti que par fatigue » dit-elle en 1938. Elle suivit le cours complémentaire, apprit l’anglais et obtint le brevet élémentaire, mais elle échoua à l’examen de l’École normale.

Elle avait été membre du patronage laïque de Puteaux de 1920 à 1922 qui était, dit-elle, sous l’influence du parti, puis sympathisante communiste, travailla pour le Parti communiste mais hésitait « à venir à cause de mon gosse ». Elle s’était mariée le 10 févier 1930 à Paris et eut, la même année, un fils, Claude.

Son mari, Charles Désirat, commis dessinateur à la préfecture de la Seine, avait adhéré au Parti communiste après les événements de février 1934. Elle l’y suivit en 1935.

Trésorière de cellule, membre du comité de section de Paris VIIe arr., chargée des travaux dactylographiques du rayon, elle participa à la conférence régionale d’Argenteuil en 1936. Elle militait activement au Comité des femmes contre la guerre.

Suspendue deux ans de son travail aux assurances sociales pour avoir fait la grève du 30 novembre 1938, elle devint secrétaire du groupe parlementaire communiste de la Chambre des députés qui voyait en elle une excellente technicienne. Elle reprit son ancien emploi et fut évacuée par son ministère, en septembre 1939, à La Haye- Descartes (Indre-et-Loire). Son mari mobilisé, vint la voir en permission. En décembre 1939, elle fut mutée à Lalœuf, dans les environs de Nancy (Meurthe-et-Moselle), toujours dans le cadre des Assurances sociales. Pauline Brisorgueil, qui s’occupait de son fils, put la rejoindre avec l’enfant au printemps 1940.

Mutée à Nancy ville, avec deux collègues, Marie Durivaux et Louise Birgy, elles organisèrent la diffusion du matériel de propagande communiste clandestine. Elle est membre de l’équipe technique qui fait réapparaître clandestinement La Voix de l’Est janvier 1941. Elle était alors en contact avec Joseph Roque, dit Antoine, agent de liaison de l’inter-région 21 et par lui avec la direction nationale. Au printemps 1941, lors d’un voyage clandestin à Paris et organisa le retour de son fils dans la capitale. Le 23 octobre 1941, arrêtée en possession de documents, le tribunal de Nancy la condamna à 8 ans de travaux forcés le 8 novembre 1941. Son fils Michel naquit en prison le 6 décembre 1941. Entourée de prisonnières de droit commun, elle vécut des moments très difficiles. Elle demanda que son fils soit envoyé dans sa famille à Paris, mais l’administration le plaça chez des religieuses près de Lyon.

Libérée par la justice en mars 1944, la police allemande l’envoya avec son fils Michel à la prison de Châlons-sur-Marne, lieu qui fut moins pénible que la prison Charles III en raison de la présence de militantes. Le 1er mai, veille du départ pour Romainville, avisée de sa déportation vers l’Allemagne, elle demanda aux autorités allemandes et à la Croix Rouge la possibilité de rapatrier son fils Michel à Paris, chez sa mère, ce qui fut accepté.
Elle quitta Romainville le 13 mai et parvint à Ravensbrück le 18 mai 1944.
Face aux grandes difficultés rencontrées par la famille pour s’occuper de son fils Michel, très perturbé, il fut redirigé chez des religieuses près de Lyon, d’où ses parents purent le récupérer difficilement, en juillet 1945.
Elle fut affectée dans un camp de travail de Hanovre qui fabriquait des masques à gaz où elle se lia d’amitié avec deux résistantes : Suzanne Mahé de Saint-Nazaire et Rose Desserin de Bourges. Le camp fut évacué vers Lübeck où les nazis envisagèrent de noyer les survivantes mais les alliées arrêtèrent le convoi à Bergen-Belsen.
Le 15 avril 1945, elle arriva à l’hôtel Lutetia de Paris et reprit sa vie commune avec Charles Désirat qui avait été arrêté le 13 janvier 1941, s’était évadé le juin 1942, avait été arrêté à nouveau à Nancy et déporté à Oranienburg-Sachsenhausen.

Une fille, Annie, naquit le 15 août 1946. Marcelle Désirat devint rédactrice au Ministère du travail et fut collaboratrice de Pierre Laroque dans l’équipe d’Ambroise Croizat.

Elle se sépara de Charles Désirat en 1952 et divorça en décembre 1977. Toujours membre du Parti communiste, elle s’éloigna du militantisme actif, « fatiguée et profondément meurtrie par la guerre et dans ses relations personnelles », écrivit sa petite-fille en 2012.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139525, notice DÉSIRAT Marcelle [née SOLAIRE Marcelle, Charlotte, Désirée] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 5 février 2012, dernière modification le 23 février 2021.

Par Claude Pennetier

Cliché fourni par sa petite-fille, Sylvie Désirat

SOURCES : RGASPI, 495 270 2470, autobiographie de 1937 et du 12 décembre 1938, classé A1S. — Notes de Sylvie Désirat, petite-fille de Marcelle Désirat. — Jean-Claude et Yves Magrinelli, Antifascisme et Parti communiste en Meurthe-et-Moselle, 1920-1945, 1985 (la version annotée par Marcelle Désirat apporte quelques précisions). — État civil.

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