ALMIRA José (ou Joseph)

Par François Ferrette

Né le 26 février 1895 à Sidi-Bel-Abbès (Algérie)  ; militant socialiste et du Comité de la IIIe Internationale, militant de l’ARAC à Marseille (Bouches-du-Rhône) puis animateur d’une officine antisoviétique à Paris.

José Almira naquit à Sidi-Bel-Abbès où ses parents, Thomas Almira et Marie Abenda, originaires d’Espagne, s’étaient établis.

Au cours de la Première Guerre mondiale il fut grièvement blessé et reçut une pension d’invalidité de 40 % et obtint la Croix de guerre. Il rejoignit la franc-maçonnerie dès sa majorité. Après la démobilisation, il s’installa à Marseille et après avoir été artiste peintre, se consacra à la politique et aux anciens combattants. Il fut salarié administrateur d’une coopérative qu’il avait fondé avec son ami Stretti. Les mauvais affaires commerciales lui imposèrent de ne plus y être salarié.

Il intervint au cours d’un meeting des Jeunesses socialistes et des jeunesses syndicalistes contre l’incorporation de la classe 20, le 28 décembre 1919. Il se qualifia dès son intervention comme « socialiste et révolutionnaire », mais il provoqua un tollé dans la salle. Le matin même, il avait été accusé de faire le jeu de la candidature de Schrameck qui devait devenir sénateur le 11 janvier 1920. Il y eut même une échauffourée à la tribune. Il expliquait qu’il était originaire « de la classe capitaliste et conservatrice ». Toujours est-il que la police le classe en avril 1920 parmi les éléments révolutionnaires de la SFIO et de ceux à arrêter en cas de conflits sociaux graves. Il intervint à plusieurs reprises dans le Populaire de Marseille (hebdomadaire socialiste) et faisait partie de la 8e section de Marseille de la SFIO. Il y mena une campagne contre Flavien Veyren, secrétaire fédéral, dont les hésitations irritaient au plus haut point les militants d’avant-garde. Almira avait d’ailleurs très peu d’enthousiasme pour ce parti et ses élus.

C’est pour cette raison qu’il organisa la campagne pour l’adhésion à la 3e Internationale en dehors de la SFIO. Il anima un comité régional de la 3e Internationale fondé durant l’été et regroupant des comités locaux. En août 1920, il demande l’aide du Comité de la IIIe Internationale pour organiser une série de conférences. La direction nationale du Comité lui donne mandat le 1er septembre 1920 de les réaliser dans le Var, le Vaucluse, l’Hérault, les Alpes maritimes et d’y constituer des comités locaux de la IIIè Internationale.

Les dissensions internes au comité régional et la préparation du congrès de Tours accéléreront la marginalisation de José Almira au sein du courant communiste. Il est destitué de son poste de secrétaire du comité le 25 octobre 1920 et exclu le 21 décembre. Selon la police, les membres dirigeants du comité ne pensaient pas qu’il ait été communiste. Déjà en juillet 1920, Gabriel Péri s’en était pris à sa position sur la « patrie » dans les colonnes du Populaire de Marseille.

Le secrétaire fédéral Flavien Veyren refusa d’adhérer au comité régional animé par Almira. Veyren choisit le 27 octobre 1920 de créer un comité de la 3e Internationale interne à la SFIO avec 120 socialistes à la réunion constitutive. Ce sera désormais dans ce Parti que les membres du comité interviendront.

En 1920, il était secrétaire général de l’ARAC et à la tête d’une coopérative centrale de consommation qui eut quelques difficultés financières. Il arrivait à Paris en 1924 et y créait plusieurs sociétés qui toutes disparaissent assez rapidement. En juin 1925, il fonda une société, les « éditions Radot », appellation forgée sur la fin des noms deux associés, José Almira et Mme Mallardot. Il a été tour à tour inspecteur général d’assurances, courtier en banques, administrateur de sociétés, homme de lettres et publiciste. Il est détenteur d’une licence de Droit et es-lettres. Il a publié plusieurs ouvrages littéraires dont Un idéal dans un tombeau qui a reçu un prix international de littérature. En 1938, il était gérant de société et directeur d’un hebdomadaire Le combat périgourdin.

À partir de 1931, il résidait à Paris, 2 rue Chaptal (9e). En 1937, il accomplit un retournement politique : il entra au Rassemblement antisoviétique, officine anticommuniste, et se rapprocha de mouvements antisémites et de Darquier de Pellepoix. À la veille de la Seconde guerre mondiale, il était membre de la société des Gens de Lettres, de l’association des journalistes et de l’Association des écrivains anciens combattants.

Président de la fédération des Bleuets et grognards en 1940, il était premier vice-président de l’Association nationale des anciens combattants de moins de vingt ans. Il fonda en 1940 la Phalange des combattants français de moins de vingt ans (devise Patrie, famille, honneur, travail”, puis après l’intégration des associations d’anciens combattants dans la Légion, il fonda en août 1940 “La flamme française”.

Il collabora encore durant l’Occupation aux Dernières nouvelles de Paris, au Combat périgourdin et la Relève (hebdomadaire).

À la Libération, José Almira tenta une nouvelle reconversion politique. Il fut membre du Comité national du MRP selon Charles Serre et son second sur sa liste en novembre 1946. L’année suivante, il fut inculpé pour faux certificats de résistance.

En 1949, il était toujours directeur et PDG de la coopérative l’Union syndicale agricole, crée en 1933, qu’il dirigeait depuis 1938. Il fit l’objet d’une enquête car la coopérative avait des relations avec la représentation commerciale polonaise à Paris.

Divorcé en 1917, il s’était remarié en avril 1927 avec Edmée Gavelle de Rosny, née le 7 octobre 1902 à Seil-sous-Couzan (Loire). Il était père d’un enfant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139526, notice ALMIRA José (ou Joseph) par François Ferrette, version mise en ligne le 5 février 2012, dernière modification le 7 juillet 2013.

Par François Ferrette

ŒUVRES : Rires de marbre, Eugène Figuière éditeur, 1924. — Le déclic de Sarajevo‎, ‎Editions Radot, 1927 (avec G. Stoyan). — Un Idéal dans un Tombeau‎, ‎Paris, Editions d’Art Radot, 1926. — Les Trois Collines 1919-1927, Reliure inconnue 1928. A collaboré à : Le Semeur, organe de libre discussion1923-1936. Liste non exhaustive.

SOURCES : Arch. PPo, 77W/139/112359 (consulté et reporté par Gilles Morin). — Arch. Nat. F/7 12975. — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M1. — Le Populaire de Marseille, L’Avant-garde, 25 septembre 1920, L’origine du parti communiste à Marseille (1914-1924), Frédéric Grossetti, 1997, université Aix-en-Provence. — Simon Sabiani, Un « chef » à Marseille, 1919-1944, éditions Olivier Orban, 1991 ; CAC, 940432, article 121 dossier 11637.

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