Par Daniel Grason
Né le 24 juillet 1906 à Saint-Didier d’Allier (Haute-Loire), mort le 6 août 1942 à Auschwitz (Pologne) ; ouvrier soudeur à l’arc ; militant communiste ; interné ; déporté.
Fils de Joseph, cultivateur et de Marie, née Coubladou, ménagère, René Richard effectua en 1926 son service militaire à Alençon (Orne). Il travailla en qualité de soudeur à l’arc à la maison Vigor rue Anatole-France, à Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine), en octobre 1938, il exerçait la même profession aux établissements Monthéry et Gaillardet 16 rue des Petites-Murailles à Gennevilliers, dans le même département. Membre du parti communiste, il fut trésorier de la cellule n° 720 dans la ville. Il demeurait chez son amie Germaine Bergerat, concierge au 47 rue d’Angoulême (Jean-Pierre-Timbaud) à Paris XIe arrondissement.
Le 10 septembre 1939, il était mobilisé quelques mois au 271e Régiment d’infanterie au Mans (Sarthe), puis affecté spécial chez Monthéry et Gaillardet. L’usine fut évacuée début juin 1940 en province, il fut réembauché le 3 septembre. La police judiciaire saisissait le 8 octobre 1940 chez son amie une valise contenant du matériel datant du temps où le parti communiste était légal : tracts, bulletins d’adhésion, le dossier de la cellule 720, des exemplaires de l’Humanité et de Regards, ainsi que deux matraques, un revolver à barillet et dix cartouches. Interpellé René Richard fut remis en liberté provisoire, l’arme était certainement hors d’usage.
Le 12 octobre, il emménagea 61 boulevard Circulaire d’Épinay à Gennevilliers, noté par la police « comme un militant communiste notoire qui se livrait à une active propagande subversive parmi les jeunes ouvriers » son domicile fut perquisitionné sans succès par des soldats de l’armée allemande. Une lettre anonyme adressée au préfet de police, datée du 21 juillet 1941 à Paris, mais postée à Gennevilliers dénonçait René Richard et Émile Matioux comme « deux personnes qui sont communistes », l’auteur certainement un collègue de travail concluait « Vous pouvez les faire suivre de près et vous serez convaincu ».
Le 4 novembre 1941, la police perquisitionnait son domicile… rien. En l’absence de preuves matérielles, il devint un homme qui se livrait surtout à de la propagande verbale. Le 13 novembre, il était arrêté, interné au camp de Rouillé (Vienne). Un télégramme en provenance de l’Aigle (Orne) arriva à son domicile le 23 décembre : « Père gravement malade venir de suite », Richard. Il fut réexpédié d’office au dépôt de la préfecture de police à Paris. René Richard fut transféré le 22 mai 1942 au Fronstalag 122 à Compiègne (Oise)
Un convoi de mille cent soixante-quinze hommes partit de Compiègne le 6 juillet 1942 à destination d’Auschwitz (Pologne). Ce transport politique était composé essentiellement de militants communistes, de quelques socialistes et radicaux, de syndicalistes de la CGT, et de cinquante-six juifs. L’administration allemande entendait dissuader les dirigeants et les résistants communistes de poursuivre la guérilla urbaine, commencée en août 1941, sous la forme d’attentats contre des officiers et des troupes de l’armée d’occupation. Ce convoi fut particulièrement meurtrier, 90 % des déportés périrent. René Richard matricule 46054 mourut le 6 août 1942. Treize militants de Gennevilliers étaient dans ce transport, aucun ne revint.
Par Daniel Grason
SOURCES : Arch. PPo. BA 2113, BA 2114, BA 2377, 77W 125. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Triangles rouges à Auschwitz. Le convoi politique du 6 juillet 1942, Claudine Cardon-Hamet, Éd. Autrement, 2005. – État civil, Saint-Didier-d’Allier.