LOULE Élise, Marguerite, Céline

Par Jacques Girault

Né le 8 juin 1908 à Aurillac (Cantal), morte le 17 juillet 1975 à Cognac (Charente), professeure ; militante syndicaliste en Charente ; militante communiste, conseillère municipale de Cognac.

Fille d’un professeur adjoint, devenu surveillant général au lycée Emile Duclaux d’Aurillac et d’une professeur d’allemand, Élise Loule, sœur aînée d’Annette Loule, épouse Lussiaa-Berdou, élève du collège de jeunes filles d’Aurillac, titulaire du baccalauréat en 1925, fut admissible à l’École normale supérieure de Sèvres en 1928. Elle obtint une licence de lettres-allemand à la Sorbonne en 1930, se présenta à plusieurs reprises à l’agrégation de lettres et fut admissible en 1935.

Déléguée pour enseigner des lettres et l’allemand aux cours secondaires de filles de Châteaudun (Eure-et-Loir) en 1931, cet établissement étant supprimé, déléguée au lycée de jeunes filles de Poitiers (Vienne) de 1932 à 1934, elle y enseigna l’allemand et, en complément de service, le latin en classe de 6eme du lycée de garçons pendant une année. Titularisée professeur en 1933, elle obtint un poste au collège de jeunes filles d’Evreux (Eure) en 1934. Les autorités vantaient ses qualités d’enseignante fondées sur une pédagogie qui, selon le recteur de Caen, en 1936, était « une manière nette, directe, presque virile ». Par arrêté du 22 février 1940, sanctionnée d’une « peine de retrait d’emploi », elle fut réintégrée, avec rappel de traitement, en octobre 1944, comme professeur au collège classique de Cognac où habitait son amie Jeanne Bourroux. Elle y enseigna jusqu’à sa retraite en 1969.

Élise Loule adhéra au Parti communiste à Paris en octobre 1935. Secrétaire de la cellule communiste de la rue du Banquier (XIIIe arr.), elle était la responsable à l’éducation dans la section communiste de la Salpétrière. Nommée à Evreux, en 1938, secrétaire de cellule, elle participait aux activités militantes des communistes locaux, notamment au sein du Comité d’accueil aux réfugiés espagnols. Lors d’une perquisition à son domicile, le 20 décembre 1939, la police saisit 97 documents. Une copie du rapport du commissaire fut transmis au ministère le 5 janvier 1940. Le recteur la convoqua le 27 janvier et, n’ayant pas démissionné du Parti communiste, elle estima que « l’administration n’avait pas à lui demander ses opinions sur le pacte germano-soviétique. » La directrice du collège, le 29 janvier 1940 affirma, dans son rapport, qu’elle ne se livrait dans l’établissement à « aucune propagande ». Mais l’inspecteur d’Académie Pierre Ménanteau*, indiquait, le 5 février, qu’en dépit de ses qualités et de la « neutralité de son enseignement », « sa réputation de propagandiste extrémiste est nettement assise en ville et ne laisse pas de nuire à la réputation du collège. » Privée d’emploi, à partir du 26 février 1940, revenue dans sa famille à Aurillac, elle demanda sa réintégration le 4 juillet 1940, « l’enquête menée par la police militaire de Rouen [..] ayant prouvé qu’il n’y avait pas lieu à poursuivre », comme l’avait estimé le recteur dans une lettre du 8 janvier 1940. Revenue à Paris, le 19 septembre 1940, elle renouvela sa demande de réintégration. La directrice du collège et l’inspecteur d’Académie estimèrent qu’elle devait être nommée dans une autre ville. Aucune suite ne fut donnée à cette demande, d’après son dossier administratif.

A partir de janvier 1941, Élise Loule participa à l’organisation clandestine des cours de langue pour les militants communistes, milita en direction des instituteurs, en liaison avec André Voguet* et avec Georges Politzer. Arrêtée le 21 février 1941, pour « détention de tract », libérée en avril 1941 après un non-lieu, arrêtée le lendemain, elle fut internée successivement à la prison de La Roquette, aux camps de Châteaubriant, d’Aincourt, de Gaillon, de La Lande (où elle rencontra Jeanne Bourroux), puis à la prison de Poitiers. Elle organisa des cours de langue dans ces différents lieux de détention. Elle sortit de prison après la libération de Poitiers en septembre 1944. Elle vécut alors pendant quelques mois une manière de dépression devant se justifier contre diverses accusations. Son frère, en captivité de 1940 à 1945 en Allemagne revint en France tuberculeux.

Élise Loule, syndiquée avant la guerre, secrétaire-adjointe à Evreux du Syndicat du personnel de l’enseignement secondaire, fut, après la guerre, pendant plusieurs années la secrétaire de la section (S1) du Syndicat national de l’enseignement secondaire. Secrétaire adjointe du groupe de l’Union des femmes françaises, militante de sa cellule communiste, à partir de 1947, elle fut membre du bureau, puis du secrétariat à partir de 1957, de la section de Cognac du Parti communiste français. Elle devint membre de la commission de contrôle financier en 1951 puis du comité de la fédération communiste de 1952 à 1965.

Candidate en cinquième position sur la « Liste d’union républicaine et résistante et de défense des intérêts communaux », présentée par le PCF et conduite par Jeanne Bourroux, Élise Loule fut élue minoritaire au conseil municipal de Cognac en 1947 (neuvième dans l’ordre du tableau). La mention d’ « internée politique » figurait sur le bulletin de vote. Elle fut membre des commissions des œuvres sociales, hygiène, santé publique et Instruction publique, fêtes, Beaux-Arts, éducation physique et sportive. Candidate pour l’élection du premier adjoint supplémentaire, du deuxième adjoint supplémentaire, puis pour le poste de délégué à la commission administrative du Bureau de Bienfaisance, elle ne fut pas élue dans les trois cas. Réélue en avril 1953 sur la liste « d’Union ouvrière et démocratique pour la défense des intérêts de la population, pour la liberté, l’indépendance nationale et le Paix », en troisième position, toujours conduite par Jeanne Bourroux, toutes deux indiquées comme membres « du comité fédéral du PCF », elle fut membre des commissions des œuvres sociales, hygiène, logements, santé publique et Instruction publique, fêtes, Beaux-Arts, éducation physique et sports. Elle échoua à nouveau lors de l’élection à la CA du Bureau de Bienfaisance. En 1959, candidate sur la « Liste d’action républicaine et laïque pour la défense des travailleurs et des intérêts communaux présentée par le PCF », elle ne fut pas élue.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139575, notice LOULE Élise, Marguerite, Céline par Jacques Girault, version mise en ligne le 6 février 2012, dernière modification le 6 février 2012.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat. F17/ 29872, 30129/B (dossier d’Annette Lussiaa-Bergou). — Arch. Mun. Cognac (Carine Craipeau). — Archives du comité national du PCF.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable