LESAGE Pierre

Par André Caudron

Né le 24 septembre 1881 à Halluin (Nord), mort le 25 novembre 1960 à Saint-André (Nord) ; prêtre diocésain, missionnaire du travail, directeur du Secrétariat social de Roubaix-Tourcoing (Nord).

Fils de Jules Lesage, comptable, et de Maria Lecomte, « ménagère », Pierre Lesage joua tôt un rôle dans les œuvres paroissiales. Lecteur de La démocratie chrétienne, revue de l’abbé Paul Six* dont il allait être un des disciples, il s’inscrivit aux Facultés catholiques de Lille en 1902. Ayant obtenu la licence ès lettres, il fut ordonné prêtre en 1906 et nommé professeur au collège du Sacré-Cœur de Tourcoing. Il consacra dès lors ses loisirs à la formation religieuse et sociale des adolescents.

Vicaire à Tourcoing, paroisse du Sacré-Cœur, en 1910, il prit la direction d’un cercle d’études dans sa ville natale (1914-1919). Devenu aumônier des sœurs bénédictines de Blandain, aujourd’hui section de la ville de Tournai (Belgique), il prit part à l’implantation du syndicat libre de Roubaix-Tourcoing dans la vallée de la Lys. Aidant l’abbé Alphonse Debussche* au développement des cercles, il lui succéda bientôt à la tête du secrétariat social de Roubaix-Tourcoing (1923). Désormais missionnaire du travail, attaché à découvrir et à former des militants syndicalistes, il créa avec l’abbé Six la Correspondance des secrétariats sociaux de la région du Nord puis fit paraître Le militant, bulletin mensuel des secrétariats (1933).

Le père Stéphane-Joseph Piat*, franciscain, était venu renforcer en 1926 l’équipe installée à Tourcoing. L’abbé Lesage, comme ses confrères Paul Six et Jean Tack, avait signé le 18 mars 1927 la lettre de protestation remise à François Coty après son article du 15 mars qui mettait en cause, dans Le Figaro, ceux qu’il appelait les « prêtres dévoyés », autrement dit les « abbés démocrates ». Pierre Lesage fut touché de près, autour de 1929, par les conflits de l’industrie textile et les frictions entre le Consortium et les syndicats chrétiens.

Directeur de l’Union catholique du personnel des PTT à Roubaix (1929), chanoine honoraire (1933), il tomba malade cette même année et dut quitter le secrétariat social pour assurer l’aumônerie des sœurs clarisses d’Haubourdin. Il redevint toutefois missionnaire du travail en 1936 et reprit la direction du secrétariat social deux ans plus tard. Hostile, sous le régime de Vichy, aux dispositions de la Charte du travail concernant le syndicat unique, il rédigea avec le père Piat et le chanoine Raymond Zoete, en janvier 1944, un rapport intitulé Quelques réflexions sur l’évolution de l’Action catholique ouvrière adulte. En 1945, il prit parti en faveur du pluralisme des structures de la Sécurité sociale. En 1948, il réagit vivement aux déclarations de René Rémond et Alain Barrière contre la formule « doctrine sociale de l’Église », venant contester le magistère temporel des enseignements pontificaux. C’est alors qu’il publia une série d’articles approuvés par le cardinal Liénart, évêque de Lille, et réunis en plaquette : Y a-t-il une doctrine sociale catholique ?

Le chanoine Lesage abandonna ses fonctions pour une semi-retraite en 1948, tout en restant conseiller de son successeur, l’abbé André Deroo, puis se retira définitivement en 1950. Il avait donné des cours à l’École normale ouvrière de Lille. Il comptait une sœur religieuse et deux frères prêtres.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139594, notice LESAGE Pierre par André Caudron , version mise en ligne le 7 février 2012, dernière modification le 9 février 2012.

Par André Caudron

ŒUVRE : Du patronage au syndicat : la formation de la jeunesse ouvrière, Secrétariat social du Nord, 1921. — « Brochure verte » sur Les réalisations sociales chrétiennes de Roubaix-Tourcoing, Action populaire, 1928. — Le mouvement social chrétien du Nord, ses origines et son développement, Société anonyme d’imprimerie et éditions du Nord, Lille, 1948. — La doctrine chrétienne de la propriété et son application aux problèmes d’aujourd’hui, slnd. — Articles dans Nos œuvres, Nord social.

SOURCES : André Deroo, Le père Stéphane-J. Piat, Éditions franciscaines, 1980. — Joseph Debès, Naissance de l’ACO, Les Éditions Ouvrières, 1982. — Claude Paillat, Dossiers secrets de la France contemporaine, 2 et 3, Robert Laffont, 1980-1981.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable