Par Jacques Girault
Né le 27 septembre 1919 à La Bonneville-sur-Iton (Eure), mort le 20 décembre 2003 à Vernon (Eure) ; instituteur dans l’Eure ; militant syndicaliste du SNI et mutualiste de la MGEN ; militant socialiste.
Fils d’un chimiste au laboratoire de l’usine Tréfimétaux et d’une ouvrière tisserande aux Filatures de l’Andelle, qui cessa de travailler après sa naissance, Marcel Luquet, élève du collège public Isambard d’Evreux (Eure), entra à l’École normale d’instituteurs d’Evreux en 1935. Il fut nommé en 1938 instituteur à Pont-de-l’Arche puis en 1940 au cours complémentaire César Lemaître, rue Saint Lazare, à Vernon, qui devint collège d’enseignement général, où il enseigna le français, l’histoire et la géographie pendant toute sa carrière.
Réformé du service militaire pour tuberculose en 1939, diagnostiquée à sa sortie de l’école normale, après des soins hospitaliers, Marcel Luquet séjourna au sanatorium de Saint-Jean-d’Aulph (Savoie) où il devait retourner en 1949, puis fut à nouveau soigné au sanatorium de Sainte-Feyre (Creuse) en 1955. Il y prit conscience du rôle de la mutualité dans la gestion exemplaire de ces établissements. Il se maria religieusement en avril 1943 à Vernon avec une institutrice qui enseigna aussi dans les classes primaires de son établissement. Les trois enfants du couple ne reçurent pas d’instruction religieuse.
Marcel Luquet, membre de l’équipe de basket-ball du Stade Porte Normande de Vernon depuis 1945, participa à la création vers 1948 du patronage laïque de Vernon, s’occupant notamment du cinéma en liaison avec la Fédération des œuvres laïques et des Francs et franches camarades. Par la suite, entre 1960 et 1965, il anima le ciné-club du lycée de Vernon.
Membre du Syndicat national des instituteurs, il devint le secrétaire de la section départementale du SNI en 1951. Il occupa la responsabilité de secrétaire jusqu’en 1971, avec une interruption en 1955 pour raisons de santé. Élu au Conseil départemental de l’enseignement primaire en 1951, il participa à la démission collective décidée par la direction du SNI pour protester contre la politique répressive du gouvernement et sa politique anti-laïque à la fin de 1953. Il fut réélu en janvier 1954 avec beaucoup plus de voix qu’en 1951. Par la suite, il fut élu à la commission administrative paritaire départementale.
Lors du congrès national du SNI, Luquet fut assesseur, le 7 juillet 1954. Au congrès de Bordeaux du SNI, le 21 juillet 1955, dans la discussion du rapport moral, il souleva la question de la situation des malades en demi-traitement. Lors de la séance du congrès à Brest, le 19 juillet 1958, consacrée aux « responsabilités de l’école et de l’université face aux problèmes que leur impose le devenir de la jeunesse », il évoqua la question des conséquences de la décentralisation pour l’ouverture de centres d’apprentissage. Au congrès de Strasbourg, le 6 juillet 1960, il fut assesseur de la séance consacrée à la question sociale sur les circuits de distribution. Comme secrétaire de la section du SNI de l’Eure, il signa les motions d’orientation présentées par la majorité pour les congrès du SNI de Paris en 1961, de Toulouse en 1962, de Lille en 1964.
Marcel Luquet fut désigné comme secrétaire provisoire, le 15 octobre 1944, lors de l’assemblée constitutive de la section socialiste SFIO de Vernon. Il assura le secrétariat de la section. Il collaborait, des années 1950 à 2002, au journal local Le Démocrate décrivant des portraits vernonnais parfois illustrés de caricatures puis tint une rubrique d’histoire locale, les « Echos du passé ».
En 1952, il devint membre de la commission administrative de la section départementale de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale qu’il présida de 1970 à 1991.
Membre de la troupe théâtrale du « Chiffon à Craie », Marcel Luquet participa à la revue poétique Vents et Marées qui publia certains de ses poèmes. Dessinateur et caricaturiste, il avait créé au sanatorium de Sainte-Feyre une bande dessinée Les aventures de la famille BK (bacille de Koch.
Les obsèques civiles de Luquet, surnommé « Papy-la-Pipe », rassemblèrent plus de 200 personnes au cimetière de Vernon. La cérémonie associa hommages, chansons (Georges Brassens, « Les copains d’abord », Yves Montand, « Le temps des cerises » et Jacques Brel « Quand on n’a que l’amour ») et lecture de vers d’Alfred de Musset.
Par Jacques Girault
SOURCES : Arch. mun. Vernon (Isabelle Laurence). — Presse syndicale ; : L’Ecole libératrice. —– Renseignements fournis par Nicole Marcadet, sa fille.