MARON Maurice

Par Jean-Pierre Besse, Gérard Jolivet, Claude Pennetier

Né le 26 juin 1929 à Eyzin-Pinet (Isère) ; employé puis cadre de la Sécurité sociale ; militant communiste de l’Isère et de la Haute-Vienne, syndicaliste.

Petit-fils du menuisier et fils du facteur d’Eyzin-Pinet, près de Vienne, Maurice Maron appartenait à une famille pauvre de quatre enfants dont il était l’aîné. Son père, après sa tournée, allait travailler comme journalier dans les fermes. La famille Maron était très catholique. Le père était sacristain et chantait la messe avec le forgeron du village, tandis que son fils aîné était enfant de chœur de service permanent. Le premier accroc à cette foi traditionnelle et ardente survint lorsqu’en 1939, l’écolier fut surpris par une voisine en train de découper, en vue d’un travail en classe, le journal « Le Populaire », donné pour l’occasion par la receveuse des PTT. Aussitôt dénoncé, le père perdit sur-le-champ son petit emploi de sacristain. Souvenir marquant pour l’enfant, très bon élève, qui obtint le certificat d’études premier du canton. Après une année à garder les vaches, l’enfant poursuivit des études commerciales à l’Ecole pratique de Vienne. C’est alors que son père demanda sa mutation et que la famille s’installa en ville Cour de l’Ambulance, puis rue Saint-André-le-Haut.
Le jeune élève de l’École pratique est pris dans l’ambiance de la Libération. Il n’a que quinze ans lorsqu’il adhère aux Forces unies de la Jeunesse Patriotique, contrôlées par le Parti communiste. En septembre 1944, armé d’un pistolet, il surveille les Viennois suspects de collaboration enfermés dans la salle du cinéma L’Eden. Membre des Jeunesses communistes, alors dénommées Union des Jeunesses Républicaines de France et muni de son brevet commercial, il part chercher du travail à Lyon où il adhère au Parti communiste en 1947. En 1948, il entre à la Sécurité Sociale. Revenu à Vienne après son service militaire, il épouse en 1950 une tisseuse d’origine espagnole, Mercedes Gonzalès, qui travaille chez Vaganay, second fabricant de draperie de l’agglomération viennoise, et dont il aura deux enfants.
Militant à la CGT, il représente le syndicat de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie à la Commission administrative de l’U.L. de Vienne à partir de 1953, et il est membre du bureau syndical de la CGT de la Sécurité Sociale à partir de 1959. Lorsque la confédération crée en 1966 une Fédération des Cadres (Union Générale des Ingénieurs, Cadres et Techniciens), il siège à son Comité national. Mais c’est à l’action politique que le jeune homme se consacre avant tout. Dès 1954, il remplace François Olmos, un métallurgiste d’origine espagnole, à la tête de la section communiste de Vienne, qui compte alors environ 500 adhérents, et il entre au Comité fédéral de l’Isère.
Après quelques années d’apprentissage des responsabilités durant lesquelles il suit l’école centrale d’un mois, le jeune leader va devenir le candidat naturel du parti communiste à toutes les élections viennoises. Il n’a pas trente ans lors de sa première campagne législative en 1958. Avec 13% des suffrages exprimés, il arrive en troisième position après le candidat indépendant Noël Chapuis et le maire de Vienne, le socialiste Lucien Hussel. Celui-ci, bien qu’il se trouve en grande difficulté face au raz de marée de la droite, refuse le désistement communiste. Du coup Maurice Maron se maintient au 2° tour. Intransigeance qui semble payante auprès de l’électorat de gauche : Maron gagne des voix et Hussel, en recul, perd l’élection. Celle de 1962 semble valider la ligne de fermeté du dirigeant communiste : avec près de 22% des voix, Maron devance le candidat socialiste Joseph Cinelli. Mais celui-ci, appuyé par Lucien Hussel, refuse, contrairement à ses engagements pré-électoraux, de se désister en sa faveur. Maron est alors convoqué à Paris par Jacques Duclos qui le somme de se retirer. Gaston Plissonnier « descend » à Vienne pour convaincre la section communiste de laisser le champ libre à la SFIO. Déplorant une occasion manquée pour le communisme viennois, Maurice Maron obéit à la direction du parti, ce qui n’empêche pas le candidat socialiste d’être une nouvelle fois battu par Noël Chapuis, frère du maire de Vienne qui a délogé Lucien Hussel de l’Hôtel de Ville en 1959.
Elu au Bureau fédéral de l’Isère en 1963, Maurice Maron est de nouveau candidat à l’élection législative de 1967. Au premier tour, il est cette fois largement devancé par Mermaz mais il obtient tout de même 2000 voix (16% des suffrages exprimés). Dans le climat de peur de juin 1968, son score tombe à moins de 1200 voix. Les candidats communistes qui vont lui succéder dans les années 1970 vont certes remonter la pente mais ils n’égaleront plus les résultats de leur prédécesseur. Car au début des années 1970, malgré sa fidélité à toute épreuve envers le Parti, Maurice Marron n’est plus tout à fait en odeur de sainteté dans la fédération de l’Isère. Un dirigeant le qualifie « d’éternel battu ». A son franc-parler, à ses réticences à avaler toutes les couleuvres de l’opportunisme politique, s’ajoute un certain anticonformisme vis-à-vis de la « morale bourgeoise » qui régne encore dans le Parti, selon la ligne jadis imposée par Jeannette Thorez-Vermeersch : après avoir eu un enfant hors-mariage avec une collègue de la Sécurité Sociale, il divorce de sa première épouse. Il a un quatrième enfant avec une autre employée de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, Mireille San Bernardo, de vingt ans plus jeune que lui, qu’il épouse en 1972. L’ambiance s’en ressent dans la section communiste, et c’est une des raisons, avec l’absence de tout espoir de promotion professionnelle, qui le pousse à quitter Vienne en 1974 pour Limoges, où il obtient un poste de responsabilité à la Sécurité Sociale. C’est son jeune frère Daniel qui va bientôt lui succèder à la tête de la section viennoise du Parti.
A quarante-cinq ans, Maurice Marron commence donc une seconde carrière syndicale et politique dans la Haute-Vienne. A la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, son activisme fait merveille. Alors que le syndicat FO y est majoritaire, il crée en quelques mois une cellule communiste de 26 adhérents et retourne la situation syndicale en faveur de la CGT. A Isle, petite ville de 7000 habitants de l’agglomération de Limoges, il est élu sur une liste d’union de la gauche et devient adjoint au maire socialiste. En 1987, lorsque Marcel Rigout entraîne dans la dissidence la majorité du comité fédéral, c’est sur Maurice Marron que compte la direction du parti pour reconstruire la fédération de la Haute-Vienne. Marron devient alors secrétaire de la fédération reconstituée et permanent du parti. Comme il l’avait annoncé dès le départ, il se retire en 1994 à l’âge de 65 ans et commence une nouvelle vie amoureuse. Ayant divorcé de sa seconde épouse en 1985, il s’installe à Saint -Yriex, au sud du département, chez une jeune femme de 35 ans, puis part avec elle à Vence. L’expérience provençale est un échec, et il revient à Vienne en 1996. Il y reprend sa vie militante au sein d’une section communiste, désormais réduite à quelques dizaines d’adhérents.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139659, notice MARON Maurice par Jean-Pierre Besse, Gérard Jolivet, Claude Pennetier, version mise en ligne le 14 février 2012, dernière modification le 29 décembre 2015.

Par Jean-Pierre Besse, Gérard Jolivet, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. comité national du PCF.— Le Monde.

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