MAGDELEINE Denise [née MONDANGE Denise]

Par Jocelyne George

Née le 9 septembre 1927 à Paris (XVe arr.), morte le 28 février 2009 à Paris (XVe arr.) ; employée des postes ; militante communiste et syndicaliste CGT, secrétaire de l’Union des syndicats de la région parisienne de 1952 à 1966, secrétaire de l’Union départementale de Paris de 1966 à 1968.

Denise Magdeleine
Denise Magdeleine

Henriette, la mère de Denise Mondange, était orpheline, elle fut recueillie par des sœurs de Saint-Germain des Prés qui l’élevèrent dans la religion et lui donnèrent une bonne éducation ; elles la placèrent, l’âge venu, comme femme de ménage dans un hôpital parisien et la marièrent à Maurice Mondange, mécanicien dans une usine d’aviation à Villacoublay. Denise fut leur première enfant, une deuxième fille mourut en bas-âge lorsque Denise avait trois ans et en fut durablement affectée.

Denise Mondange fut une très bonne élève. Collégienne au lycée Paul Bert, elle obtint le brevet élémentaire ce qui lui permit, à seize ans, d’entrer comme employée à la poste d’Issy-Les-Moulineaux. C’est là qu’elle rencontra son mari Bernard Magdeleine. Ils se marièrent en 1952. Ils eurent trois filles en 1953, 1956, 1960 ; ils ne les firent pas baptiser. Ils habitaient alors dans le IVe arrondissement ; tous deux militaient à la CGT et au Parti communiste. En 1956 Bernard Mondrange quitta le Parti communiste et s’orienta vers la militance dans la fédération des parents d’élèves Cornec, dans la Ligue des droits de l’Homme et enfin au Parti socialiste.

Denise Magdeleine fut élue au comité exécutif de l’Union des syndicats de la région parisienne au congrès d’octobre 1951 ; elle avait vingt-quatre ans et était membre de la JOC. Au congrès de 1952, elle entra au bureau, à celui de 1953 au secrétariat. Elle resta membre du secrétariat de l’Union départementale de la Seine puis de celle de Paris jusqu’en 1968. elle eut de nombreuses responsabilités mais la principale fut celle des femmes. Elle fut membre du comité de la fédération communiste de Paris de 1957 à 1962. Denise Magdeleine était une femme cultivée qui avait une facilité d’écriture ; elle aurait aimé être professeur de lettres. C’était aussi une syndicaliste féministe. Lorsque la CGT décida en 1952 de publier une revue pour les travailleuses, elle fit partie de son comité de rédaction et à partir de 1955, quand le magazine Antoinette succéda à cette publication, elle se dépensa sans compter pour organiser sa diffusion dans la région parisienne où se trouvait son lectorat le plus nombreux. Elle faisait évidemment partie du collectif féminin confédéral. Lorsqu’en 1964-1965 le secteur féminin de la CGT mena une grande campagne pour la réduction du temps de travail des femmes - pour qu’elles aient le « temps de vivre » - Denise Magdeleine s’y impliqua totalement comme en témoignent ses articles fréquents entre 1964 et 1966 dans Le travailleur parisien, mensuel de l’Union des syndicats de la Seine ; en 1965 c’est une double page qui était consacrée chaque mois aux problèmes féminins et à Antoinette. En 1967, Denise Magdeleine enchaîna sur la nouvelle initiative nationale du secteur féminin qui organisait une rencontre nationale sur les salaires féminins et la formation professionnelle. La CGT ayant pris acte de la départementalisation de la région parisienne, Denise Magdeleine organisa les 22 et 23 février 1968 la première conférence féminine de l’Union départementale de Paris dont elle voulut faire un événement parisien en invitant des artistes et des écrivains dans les salons de l’hôtel Moderne, place de la République. Paris comptait alors 950 000 travailleuses. Si l’on insère dans ce calendrier la conférence nationale des travailleuses organisée par la CGT en mars 1966, le mouvement de mai ne paraît pas une surprise.

En 1964 Denise Magdeleine fut déléguée à la deuxième conférence internationale des travailleuses à Bucarest. Elle fit partie de délégations à Moscou, à Berlin.

Denise Magdeleine compta parmi les principaux dirigeants de la CGT de la région parisienne, travaillant aux côtés d’André Tollet*, d’Eugène Hénaff*, d’Henri Krasucki*, de Marius Bertou*, et aussi aux côtés de Benoit Frachon* et de Madeleine Colin*, mais son nom apparaît peu. Elle étudiait, rédigeait, fournissait les éléments de la pensée et du discours des militants de son entourage. Elle était discrète, de celles qui sur les photos s’arrangent pour qu’on ne les voie pas.

En1969, elle rejoignit le bureau de poste de Paris XVe, et se retrouva au guichet ; elle continua à militer jusqu’en 1985, distribuant les tracts au petit matin, soucieuse d’aider et de former à la lutte syndicale les jeunes femmes avec qui elle travaillait et pour lesquelles elle resta une référence.

Une fois à la retraite, elle fut atteinte progressivement par la maladie d’Alzheimer ; pendant de longues années ses filles l’assistèrent dans son petit appartement de la rue Lecourbe.

Denise Magdeleine fut une femme talentueuse mais trop modeste qui vécut son engagement de façon absolue.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139679, notice MAGDELEINE Denise [née MONDANGE Denise] par Jocelyne George, version mise en ligne le 17 février 2012, dernière modification le 27 avril 2013.

Par Jocelyne George

Denise Magdeleine
Denise Magdeleine

SOURCES : Témoignage des filles de l’intéressée. — Notes de Slava Liszek. — Archives départementales de la Seine-Saint-Denis : archives de l’Union régionale de l’Île de France. — Archives de l’Institut CGT d’histoire sociale : 43 CFD 39 UD Paris.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable