WEBER Lucien

Par Louis Botella, Léon Strauss

Né le 30 janvier 1904 à Strasbourg (Basse-Alsace, Alsace-Lorraine annexée), mort le 21 août 1990 à Roquebrune-Cap Martin (Alpes-Maritimes) ; fonctionnaire des PTT ; syndicaliste CGT, puis CGT-FO à Strasbourg, militant socialiste SFIO, résistant dans l’Indre, déporté ; secrétaire régional à la propagande du Parti socialiste SFIO, secrétaire général de l’Union départementale CGT-Force Ouvrière du Bas-Rhin.

Lucien Weber est né le 30 janvier 1904 à Strasbourg en Alsace annexée. Il fit à Strasbourg une carrière de fonctionnaire des PTT : contrôleur, puis inspecteur, puis inspecteur central des PTT. Il fut pendant plusieurs années secrétaire régional de la Fédération postale. Il fut blâmé pour indiscipline par l’Union locale CGT de Strasbourg ; ce blâme fut confirmé le 16.5.1933 par une résolution de l’Union départementale. Après l’évacuation de Strasbourg en septembre 1939, il fut affecté dans les Alpes-Maritimes. Après l’armistice de juin 1940, il refusa de rentrer en Alsace annexée et nazifiée. L’administration de Vichy le muta d’office à Argenton-sur-Creuse (Indre), où il devint l’un des dirigeants de la Résistance. Arrêté le 17 février 1944, il fut déporté au camp de concentration d’Oranienburg (matricule 85083)puis à celui de Neuengamme (matricule 33605). En 1945, il revint dans l’Indre et fut, avant son retour à Strasbourg, secrétaire de la section socialiste SFIO d’Argenton-sur-Creuse.

Secrétaire fédéral à la propagande en 1945-1946, il fut délégué de la fédération du Bas-Rhin au congrès national d’avril 1946. À Strasbourg, il figura sur la liste socialiste lors des élections municipales de 1947. En 1948, il était membre du comité fédéral SFIO et secrétaire régional à la propagande, mais ce poste de permanent fut supprimé comme celui des 27 autres délégués régionaux par mesure d’économie et en raison de leur faible rendement. Il avait tenté en vain de structurer la Troisième Force dans le Bas-Rhin, mais il s’était heurté à l’opposition du MRP. En 1950, il était secrétaire adjoint du groupe Jean Jaurès à Strasbourg. Après la scission syndicale de décembre 1947, il fut la cheville ouvrière de l’anticommunisme syndical à Strasbourg et il devint secrétaire général de l’Union départementale Force Ouvrière du Bas-Rhin en juin 1951. En effet, au cours du congrès du 3 juin 1951, le rapport d’activité de René Kunkel - le secrétaire général sortant - fut adopté à une forte majorité et le rapport financier à l’unanimité. Mais sous la pression du secrétaire général de la confédération, Robert Bothereau, une nouvelle équipe fut mise en place avec à sa tête Lucien Weber, des PTT, assisté de deux adjoints, Schott Alphonse (Tramways de Strasbourg) et Alfred Kunkler (Services publics).

Cette UD connut de sérieuses difficultés internes puisqu’un nouveau congrès eut lieu le 16 mars 1952, soit à peine neuf mois après le précédent. Placé sous la présidence d’André Lafond, secrétaire confédéral, il vota une motion de confiance à Lucien Weber et le bureau de l’UD fut à nouveau profondément remanié.

Lors du congrès confédéral de novembre 1954, Lucien Weber fut élu à la commission exécutive confédérale.

L’UD FO recueillit 200 nouvelles adhésions après la grève d’août 1953. Le congrès annuel de FO de février 1954 vota à l’unanimité pour son texte qui refusait tout contact avec la CGT et préconisait un rapprochement avec la CFTC. Lors du congrès de l’UD-FO le 6 mars 1955, son rapport moral faisait état d’une certaine progression de l’UD qui compterait 5 500 adhérents inscrits, soit une augmentation de 300 membres depuis un an. Ce chiffre paraissait exagéré aux Renseignements généraux. En juillet 1955, le préfet constatait que, sous l’impulsion de Weber, l’UD avait réussi à se donner une plus grande stabilité, à régler ses dettes et même à réussir une petite progression des effectifs dans le secteur privé, où les effectifs de FO restaient très réduits (250 dans le textile, 200 dans la métallurgie, 50 dans le transport).

Il resta en fonction jusqu’en 1962 au moins. Jacques Broussal, du ministère de l’Equipement, prit la suite ?

Il avait démissionné de la SFIO en 1956 après l’entrée en fonction du gouvernement Guy Mollet. En mars 1957, il demanda sa réintégration, qui se heurta à de fortes réticences dans la Fédération du Bas-Rhin à cause de son « caractère instable » et de ses « méthodes par trop autoritaires ». Lucien Weber, chevalier de la Légion d’honneur, médaille militaire, croix de guerre, médaille de la Résistance, mourut à Roquebrune-Cap Martin (Alpes-Maritimes) le 21 août 1990.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139699, notice WEBER Lucien par Louis Botella, Léon Strauss, version mise en ligne le 19 février 2012, dernière modification le 15 mars 2012.

Par Louis Botella, Léon Strauss

SOURCES : Freie Presse, Strasbourg, 18 mai 1933. – La Presse libre, 26 mars 1946, 1er août 1946. — Dernières Nouvelles d’Alsace, 28 août 1990. — L’Ours, Cahier et Revue, n° 175, mai-juin 1987, p.25. — Arch. Dép. Bas-Rhin, 544 D 9, 10, 11, 12. — Note de Stéphane Muckensturm. — Force Ouvrière, hebdomadaire de la CGT-FO, 1er et 15 janvier, 25 novembre 1948, 7 et 26 juin 1951, 27 mars 1952. — Comptes rendus des congrès confédéraux de FO de 1954 à 1961. — Ralliement, 20 octobre 1945.

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