LOUBERT Kléber

Par Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier, Eric Panthou

Né le 26 décembre 1919 à Lens (Pas-de-Calais), mort accidentellement le 24 juillet 1972 aux Martres-de-Veyre (Puy-de-Dôme) ; mineur ; militant du Parti communiste (PCF) et syndicaliste CGT de Haute-Loire puis du Puy-de-Dôme, Secrétaire de l’UD CGT du Puy-de-Dôme de 1955 à 1960 ; membre de la direction fédérale du Parti communiste (PCF) du Puy-de-Dôme, non renouvelé.

Kléber Loubert adhéra au Parti communiste en haute-Loire en mai 1944 -ou 1946 selon une autre source. Il épousa Jeannine Jouanin en 1959.
Mineur, il prit très rapidement des responsabilités au niveau syndical, devant dès la Libération responsable de la CGT des mineurs de Sainte-Florine.
Il reste une figure respectée car il n’hésita pas à défier les patrons des charbonnages, mena des grèves dures. Mêmes ses adversaires de la CFTC reconnaissent qu’il a joué un rôle positif dans l’augmentation des salaires du bassin mais aussi dans le fait qu’il y a eu plus de silicosés reconnus ici plutôt que le bassin de la Combelle, à Brassac-les-Mines, malgré un charbon moins dangereux à Sainte-Florine.
Fin 1948, une grève très dure est menée dans le bassin de Brassac-les-Mines et Sainte-Florine. La répression est importante avec l’arrestation de 3 des principaux leaders, mais Kléber Loubert, alors secrétaire général des mineurs pour le bassin, réussit à échapper à l’arrestation du 12 novembre et put ainsi continuer à mener la grève clandestinement. Il fut cependant arrêté plus tard et écopa de deux mois de prison en décembre 1948. Il écrit alors à ses camarades communistes et cégétistes pour leur dire qu’il va profiter de cette incarcération pour continuer de s’instruire et se former. Il dit aussi sa confiance dans la classe ouvrière qu’il a vu prendre conscience de l’importance de la lutte au cours de ces semaines de grève. Il fut début janvier 1949 transféré à la maison d’arrêt de Riom (Puy-de-Dôme) avant d’être jugé en appel de sa condamnation prononcée par le tribunal de Brioude (Haute-Loire). A la suite de cette grève, lui et trois autres délégués mineurs de la Haute-Loire et Saint-Eloy-les-Mines furent révoqués. Le Bureau de l’UD CGT du Puy-de-Dôme émis une vive protestation lors de sa réunion le 2 mars 1949.
En 1949, une grève de protestation eut lieu pour protester contre sa condamnation. Sa situation fut évoquée lors des débats à l’Assemblée nationale.
En 1951, il fut condamné à 10 jours de prison pour avoir pris la parole sur le carreau de la mine alors qu’il était secrétaire régional de la fédération CGT du Sous-Sol.
Il siégeait au bureau fédéral en 1952. Le 20 mai 1952, 12 mineurs furent tués dans la catastrophe du site de Grosménil à Frugères-les-Mines (Haute-Loire). Kléber Loubert y fit un discours mettant sévèrement en cause la responsabilité des patrons, ce qui suscita une vive réaction d’une partie de la presse mais aussi des représentants CFTC et FO.
En 1954, il partit dans le Puy-de-Dôme où dès le 1er novembre 1955 il est amené à remplacer la principale figure du mouvement ouvrier du département depuis 1936, Robert Marchadier, secrétaire de l’UD CGT depuis 1946, qui venait d’être poussé à démissionner. Il arrive à la tête d’une UD tiraillée à la fois par des différends entre responsables mais aussi des désaccords politiques, certaines prises de position dès 1958 se prononçant contre l’inféodation de la CGT au PCF. A Cégédur, à Issoire, dans la métallurgie, la crise interne provoque la formation de deux clans où les militants communistes se trouvent confrontés à des militants partisans d’une "dépolitisation de la confédération". Néanmoins, le congrès de l’UD en 1959 confirme Kléber Loubert à la tête de la CGT avec un bureau composé avec 3 autres militants du PCF.
Kléber Loubert était entré directement en 1956 au bureau fédéral du PCF du Puy-de-Dôme. Il resta secrétaire général de l’UD-CGT jusqu’en 1960, date à laquelle il est limogé pour avoir mené une vie qui ne correspondait pas aux exigences imposées à un secrétaire syndical. Il fut remplacé à la tête de l’UD CGT par Robert Sandouly, bientôt exclu en mai 1963.
Après avoir adhéré au PCF en 1944 ou 1946, il fut proposé pour rejoindre le Bureau fédéral du PCF au moment du comité fédéral du 27 mai 1956. Il est alors rappelé qu’après avoir été le secrétaire de la fédération régionale des Mineurs il était alors l’actuel secrétaire de l’UD CGT et qu’il était un camarade qui apportait beaucoup et sous l’impulsion duquel l’UD CGT s’engageait sur la voie d’un meilleur travail, dit le document interne de la direction du PCF du Puy-de-Dôme.
En avril 1953, il avait été à Sainte-Florine (Haute-Loire), ville minière du bassin de Brassac-les-Mines, en tête de la liste d’Union ouvrière et démocratique pour le Pain, la Liberté, la Paix et la reconquête de l’indépendance Nationale présentée par le Parti communiste français, une liste composée exclusivement de mineurs, métallurgistes et cheminots.
En 1961, lors de la 13ème conférence fédérale du PCF du Puy-de-Dôme, il figure parmi les anciens membres élus du Comité fédéral non proposés avec le motif suivant : "Ancien secrétaire général de l’UD. Avait démissionné de son poste. Avons eu avec lui de nombreuses discussions politiques sur ses conceptions et son travail dans les syndicats. Depuis le règlement de ces questions, n’a jamais assisté aux réunions du Comité fédéral. Tient maintenant une gérance d’Alimentation à Ardes-sur-Couze et ne donne plus signe de vie."
Il est décédé accidentellement le 24 1972 et fut inhumé le 31 juillet au cimetière Saint-Jacques de Clermont-Ferrand. Il était père de trois filles et deux fils.
La direction de l’UD CGT du Puy-de-Dôme, par intermédiaire de son secrétaire général, Franck Martinet, fit alors des démarches auprès de la Fédération du Sous-sol afin de permettre la reconstitution de carrière de Loubert, sur la période fin 1948-fin 1955. Il s’agissait de permettre à sa veuve de pouvoir toucher les droits à pension de réversion dus à son mari. Après 1948, la fédération régionale des mineurs avait demandé l’affiliation de Loubert au régime minier, mais le Service des mines contesta alors l’existence même de la Fédération régionale, tout comme il contesta la désignation de Loubert au poste de secrétaire général et de permanent de cette Fédération Régionale. C’est à partir de cette déclaration de l’Ingénieur en chef du Service des Mines que la majorité de la Commission de liquidation de la Caisse autonome nationale a refusé l’affiliation de Loubert au régime minier. Le secrétaire général adjoint de la fédération, Ch. Diet, s’estima très pessimiste sur les possibilités de donner satisfaction à la veuve de Loubert.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139731, notice LOUBERT Kléber par Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier, Eric Panthou, version mise en ligne le 22 février 2012, dernière modification le 20 juin 2021.

Par Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier, Eric Panthou

SOURCE : Arch. comité national du PCF .— Olivier Rougerie, "Structures et militants communistes en Puy-de-Dôme au début de la V° République", Revue Siècles, n°11, 2000 .— http://www.cpauvergne.com/2014/11/les-mines-du-grosmenil-frugeres-et-la-catastophe-du-20-mai-1952.html .— La Défense : organe de la Section française du Secours rouge, 10 août 1951 .— "Histoire d’une grève de la faim : Maurin, un des héros de Clermont-Ferrand, raconte", La Défense : organe de la Section française du Secours rouge, 11 février 1949 .— 10ème conférence fédérale du PCF du Puy-de-Dôme, 26 et 27 mai 1956. Nouveaux proposés pour le Comité fédéral (archives du PCF du Puy-de-Dôme) .—13ème conférence fédérale du PCF du Puy-de-Dôme, 29 et 30 avril 1961. Camarades sortants du Comité fédéral non proposés (archives du PCF du Puy-de-Dôme) .— Laurent Doussin, "Le militantisme communiste à la Libération dans le bassin minier de Brassac-les-Mines", Revue Siècles, n°11, 2000 .— Archives UD CGT 63 : PV bureau UD CGT du Puy-de-Dôme, 2 mars 1949 .— Archives UD CGT 63. Courriers entre F. Martinet et Ch. Biet, de la fédération du Sous-sol, 12 décembre 1972 et 22 janvier 1973 .— Liste du PCF aux élections de Sainte-Florine, 26 avril a1953, archives privées Laura Artusi. — L’Auvergnat de Paris, 7 février 1959. — Avis d’obsèques, La Montagne, 29 juillet 1972. — Généanet.

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