LONGEQUEUE Louis, Jean, André

Par Gilles Morin

Né le 30 novembre 1914 à Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne), mort le 11 août 1990 à Limoges ; pharmacien ; militant et élu socialiste de la Haute-Vienne ; maire de Limoges (1956-1990) ; conseiller général de Limoges-Landouge (1951-1982) ; président du conseil régional du Limousin (1981-1986) ; député (1958-1977), sénateur (1977-1990).

Louis Longequeue, Jean Le Bail, Edouard Herriot et le préfet.
Cliché communiqué par Pierre Broussaudier.

Fils de Pierre Longequeue et de Marie Élodie Jeanne Charbonniaud, tous deux instituteurs, benjamin de trois garçons, Louis Longequeue fut adopté par la Nation le 28 janvier 1922. Après avoir préparé le baccalauréat, mention math au lycée Gay Lussac de Limoges, Louis Longequeue fit des études de pharmacie à l’école de médecine de la ville. Il fut appelé à l’armée en 1937 et y resta jusqu’en juillet 1940, du fait des mobilisations successives d’après Munich puis de septembre 1939. Il s’installa comme pharmacien dans la ville et devait diriger plus tard un laboratoire d’analyses biologiques. Capitaine de réserve, il fut membre du Comité médical de la Résistance de la Haute-Vienne

Adhérant aux Jeunesses socialistes à la SFIO à l’âge de dix-huit ans, en 1932, Louis Longequeue entra en politique active en devenant secrétaire du comité de Libération de Limoges en 1944. Appartenant à la municipalité provisoire formée par Georges Guinguoin, il fut élu conseiller municipal aux élections de septembre 1945 et ne devait plus quitter l’hôtel de ville jusqu’à son décès 45 ans plus tard. Dans le même temps, il était membre de la commission des conflits de la fédération SFIO en 1945.

À partir des élections de l’automne 1947, Louis Longequeue fut adjoint au maire de Limoges, Léon Betoulle, chargé de l’instruction publique. Secrétaire de la section socialiste de la ville, désigné en mai 1954, Longequeue succéda à Léon Betoulle à la mairie de Limoges, au décès de celui-ci. Désigné maire le 10 décembre 1956, il fut reconduit six fois, de 1959 à 1989, dirigeant la capitale régionale durant 34 années. En 1965-1971, le conseil municipal comprenait vingt-sept socialistes et huit « apolitiques », bourgeois représentants l’électorat modéré. L’âge moyen avant ce renouvellement était de soixante-trois ans.

Conseiller général SFIO du canton ouest de Limoges, élu en 1951, réélu quatre fois, Louis Longequeue siégea jusqu’en 1982 à l’Assemblée départementale et fut secrétaire du conseil général en 1955. Démissionnaire de cette fonction, il ne fut pas reconduit à ce poste en 1958. Dès son élection en 1951, le préfet le présentait comme « un des espoirs du parti socialiste » dans le département mais notait chez lui un « manque de dynamisme » et constatait qu’il était « dépourvu de tout talent oratoire ». En 1955, le représentant de l’État écrivait encore : « Bien que dévoué, M. Longequeue ne semble pas devoir jouer un rôle politique plus important ». Le retour au scrutin d’arrondissement et la mise à l’écart de Jean Le Bail allaient pourtant lui donner l’occasion d’accéder à la députation.

Louis Longequeue fut élu député de la troisième circonscription de la Haute-Vienne le 30 novembre 1958, au premier tour, avec 33 404 suffrages, contre 17 946 au communiste Jean Tricart* et fut régulièrement réélu à l’Assemblée nationale, la dernière fois en 1973. À partir de 1970, il exerça la fonction de secrétaire de l’Assemblée. Il était membre de la commission de la défense nationale et des forces armées. Il devait désormais concilier ses fonctions de maire du chef lieu et de représentant d’un département essentiellement rural.

Longequeue combattit avec succès pour obtenir la création en 1968 de l’Université limousine et devait obtenir de François Mitterrand* l’ouverture d’une liaison autoroutière Paris-Limoges qui devait être poursuivit en autoroute A20.

Politiquement d’un socialisme très modéré, Longequeue appartint au comité de soutien de Démocratie socialiste, organe du courant animé par André Chandernagor en décembre 1969. Il signa encore une motion de soutien à la candidature Jean-Jacques Servan-Schreiber pour les élections de Nancy. Délégué départemental de François Mitterrand pour les élections présidentielles de 1974, il incarnait le socialisme limousin, hostile au communisme, faisant de rares références à l’Union de la gauche et au Programme commun. Grand baron socialiste de province, il ne chercha jamais à gagner une fonction nationale, mais décourageant les tentatives de parachutage parisien, comme celle de Georges Sarre* en 1973. Il était l’un des spécialistes des questions de défense nationale au PS.

Accentuant son enracinement notabilaire, le 27 septembre 1977, Louis Longequeue fut élu sénateur, jusqu’en 1990. Déjà vice-président du conseil régional depuis 1974, il succéda à André Chandernagor, devenu ministre, comme président de l’Assemblée régionale à partir du 21 septembre 1981, jusqu’en 1986. Il présidait l’association des maires et élus de la Haute-Vienne depuis 1967 et fut élu vice-président de l’Association nationale des maires des grandes villes à partir de 1983 et fut membre du comité directeur de l’AMF.

Délégué titulaire à l’Assemblée de l’Atlantique-Nord depuis 1962, Longequeue contrôlait de nombreuses institutions locales. Il fut ainsi président de la société d’équipement du Limousin à partir de 1959, membre des comités régionaux de distribution de gaz et d’électricité de la région de Limoges, président de l’Office HLP de la ville.

Louis Longequeue avait épousé le 27 décembre 1947 à Limoges, l’institutrice Marthe Rippe, née le 31 décembre 1909, à Bujaleuf (Haute-Vienne). Ayant cessé d’exercer ses fonctions en mars, il décéda d’un cancer le 11 août 1990 au centre hospitalier de Limoges.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139741, notice LONGEQUEUE Louis, Jean, André par Gilles Morin, version mise en ligne le 23 février 2012, dernière modification le 17 juillet 2020.

Par Gilles Morin

Louis Longequeue, Jean Le Bail, Edouard Herriot et le préfet.
Cliché communiqué par Pierre Broussaudier.

SOURCES : Arch. Nat., F/1cII/207 ; F/1/cII300 ; F/1cII/323. F/1cIV/155. F/1cIV/158 ; CAC, 19830172, art. 72, 75 et 105. — Archives de l’OURS, dossiers Haute-Vienne. — Arch. FJJ/6EF73/2. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Bulletin Intérieur de la SFIO, n° 41. — Tribune socialiste, 13 mars 1965. — Profession de foi aux législatives de 1958, 1962. — Démocratie socialiste, décembre 1969. — Profession de foi aux élections législatives de 1962. — Encyclopédie périodique, Communes et maires de France, société générale de presse, 1987. — Bulletin quotidien, 22 septembre 1981. — FNESER, Annuaires des maires socialistes, municipales 1989. — Thierry Pfister, Les socialistes, Albin Michel, 1975, op. cit., p. 159. — Le Monde, 14 août 1990.

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