LUCIBELLO Casimir, Jean.

Par Jacques Blin

Né le 15 octobre 1914 à Cette [Sète] (Hérault) ; mort le 14 Août 1987 à Cavaillon (Vaucluse) ; employé de commerce ; résistant de l’Hérault, des Pyrénées-Orientales et de la Haute-Garonne ; FTP ; militant du Parti communiste ; président national de l’ARAC ; vice-président national de l’UFAC ; vice-président des Amis d’Henri Barbusse.

Casimir Lucibello, à gauche et Georges Delcamp à droite, Toulouse, 1945 ; Collection André Balent
Casimir Lucibello, à gauche et Georges Delcamp à droite, Toulouse, 1945 ; Collection André Balent

Fils d’Antoine Lucibello, journalier, sujet italien originaire de Majori (Italie) et de Brigida Buonomo, Casimir Lucibello fut tout d’abord employé de commerce. Il était un des responsables de la Jeunesse communiste et de la section de Sète du PC avant la seconde guerre mondiale. Marié à Sète le 14 avril 1939 avec Juliette Rochasse dont il divorça en 1950, il fut mobilisé peut de temps après en août 1939, versé dans une unité stationnée à Bitche (Moselle), il fut blessé lors de l’offensive allemande de mai puis fait prisonnier à sa sortie de l’hôpital.

Après deux tentatives d’évasion, il fut transféré au camp de Rawa-Ruska (Pologne orientale) et ensuite en décembre 1942, au camp disciplinaire de Brüx (Sudètes, aujourd’hui Most, Tchéquie). Il réussit en s’en échapper en septembre 1943. De retour à Sète, il entra dans la clandestinité avec le pseudonyme de « Lambert ».

Ce fut Amilcar Calvetti* qui lui permit de renouer avec le PC. Quand Calvetti fut muté à Perpignan (Pyrénées-Orientales) en octobre 1943, Lucibello l’accompagna. Il prit contact avec Fernand Cortale* et assura avec lui, ainsi qu’avec Georges Delcamp* et Amilcar Calvetti la direction de la région D1 des FTPF. Il devint à Perpignan recruteur départemental des FTPF (colonel « Laborde », puis « Lambert ») en remplacement d’Antoine Tomas* et, à ce titre, supervisa la création d’un des premiers maquis des Pyrénées-Orientales, près d’Estagel, dans la commune de Cassagnes, au hameau de Pleus (Lucibello y apporta quelques armes). L’automne 1943 coïncida avec un développement notable des FTPF. En décembre 1943, remplacé à Perpignan par l’ancien pivertiste Émile Masnou*, il fut nommé commissaire aux effectifs de l’Interrégion C des FTPF à Toulouse (Haute-Garonne) où il retrouva Calvetti qu’il nomma commissaire aux effectifs des FTP de la Haute-Garonne. À Toulouse, Lucibello travailla au développement des FTPF et participa à la création des Forces françaises de l’intérieur. Il prit part aux combats pour la Libération de Toulouse et fut nommé lieutenant-colonel des FFI.

Casimir Lucibello joua ensuite un rôle important au sein des commissions militaires du Front national. En mars 1945 il devint secrétaire national de l’Association des amis des FTPF. Marco Marcovitch (de l’ARAC des Alpes-Maritimes), expliqua, lors de l’hommage à Casimir Lucibello en 1987, comment celui-ci fut sensible, dès 1945, alors qu’il était responsable FTPF dans la région parisienne, au récit du massacre de son maquis dans la forêt de Saint-Sauvan (Vienne) le 21 juin 1944 : trente et un résistants furent sauvagement massacrés par les SS de la division Klaus von Berlichingen. Après avoir décimé le maquis, les SS passèrent sur les têtes des massacrés afin de les rendre méconnaissables. Casimir Lucibello organisa aussitôt un déplacement afin de les identifier. À cet effet, il obtint du ministère des Anciens combattants deux grands cars pour transporter les familles ; trente corps purent ainsi être identifiés.

Lucibello participa en 1948, à la création des Combattants de la Paix et de la Liberté présidée par Yves Farge. Il fut secrétaire de l’Association républicaine des Anciens combattants de 1959 jusqu’au XXXVIIIe congrès national (23-26 février 1975) puis en fut le président délégué, et enfin, le président national lors du XXXIXe Congrès (15 octobre 1977). Casimir Lucibello était également vice-président de l’UFAC.

S’exprimant régulièrement dans le journal de l’ARAC, Le Réveil des Combattants, il stigmatisa les politiques gouvernementales successives : ainsi, dès 1953, il mit sa plume au service de la paix en Algérie, condamna le vote des pouvoirs spéciaux accordés au gouvernement et signa plusieurs articles pour montrer l’absurdité de cette guerre. Parallèlement il n’oubliait les droits des combattants, notamment la question des retraites. En juin 1960, il réaffirmait ses convictions dans un article « Algérie : la paix par la négociation ». En mai 1961, après leur rébellion, il demandait un châtiment exemplaire pour les généraux factieux. En mai 1970, vingt-cinq ans après la capitulation de l’Allemagne nazie, il signait un article intitulé « Symbole de la victoire sur le nazisme et le fascisme, le 8 mai devrait être férié ».

Vice-Président de l’association des Amis d’Henri Barbusse dont le président était Pierre Paraf, il écrivait également dans les Cahiers Henri Barbusse. Officier de la Légion d’Honneur, il était également médaillé de la Résistance, décoré de la Croix de Guerre avec palmes et de la médaille des évadés. Il vécut ses derniers jours à Robion (Vaucluse) chez son ami Georges Doussin qui lui succéda à la présidence de l’ARAC. Il mourut le 14 août 1987 à Cavaillon (Vaucluse).

Une rue de Sète porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139755, notice LUCIBELLO Casimir, Jean. par Jacques Blin, version mise en ligne le 4 mars 2012, dernière modification le 20 novembre 2015.

Par Jacques Blin

Casimir Lucibello, à gauche et Georges Delcamp à droite, Toulouse, 1945 ; Collection André Balent
Casimir Lucibello, à gauche et Georges Delcamp à droite, Toulouse, 1945 ; Collection André Balent

SOURCES : Jacques Blin, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier cettois puis sétois, préface d’Hélène Chaubin, Sète, auto-édition, 2009, 181 p. [p. 114] —Ramon Gual & Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la résistance catalane, II b, De la résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, 1998, p. 479, p. 482. — Jean Sagnes, notice « Lucibello Casimir », DBMOF, 1914-1939 , 35, p. 104. —Georges Sentis, Les communistes et la résistance dans les Pyrénées-Orientales, 2, Le difficile combat vers la libération nationale, novembre 1942-août 1944, Lille, Marxisme / Régions, 1985, 174 p. [pp. 68-69, p. 73]. —Georges Sentis, Les communistes et la Résistance dans les Pyrénées-Orientales. Biographies, Lille, Marxisme / Régions, 1994, 182 p. [pp. 177-178]. — Le Réveil des Combattants, journal de l’ARAC. — Les cahiers Henri Barbusse. — Notes d’André Balent.

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