DÖLKER Frédéric, Émile

Par Étienne Kagan

Né le 23 juin 1890 à Paris (XVe arr.), mort à Pont-Saint-Vincent (Meurthe-et-Moselle) le 23 juillet 1974 ; ajusteur ; syndicaliste  ; secrétaire de l »Union départementale CGT de Meurthe-et-Moselle.

Fils d’un mécanicien, mobilisé pendant la guerre à l’aciérie de Châtillon-Commentry-Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle). Frédéric Dölker participa à la création en 1918 du syndicat des métaux de Neuves-Maisons dont il devint en décembre de la même année, le secrétaire ; il conserva ce poste jusqu’en 1932. C’est sous son impulsion que se maintint entre 1920 et 1936 le seul syndicat CGT actif de la sidérurgie de Meurthe-et-Moselle. Un rapport de la préfecture qualifiait ainsi ce militant : « Intelligent, orateur très écouté, il prend la parole dans les réunions qu’il organise et possède un certain ascendant sur les ouvriers, mais n’est pas extrémiste » (10 M 100, 18 novembre 1930). Pendant de nombreuses années, secrétaire du 9e groupe de la Fédération de métaux, il fut délégué aux congrès fédéraux et confédéraux.

Frédéric Dölker joua en effet un rôle important au sein de l’Union des syndicats CGT de Meurthe-et-Moselle où, avec Marcel Voirin, il présentait — contrairement à L. Humbert et E. Jacquemin — la tendance hostile au rapprochement avec la CGTU. En 1924, il devenait administrateur du Réveil Ouvrier, organe de l’UD de Meurthe-et-Moselle, et, en juillet 1927, il était élu secrétaire adjoint permanent de l’Union. Après la mort de L. Humbert, il devint en octobre 1935 secrétaire général de l’UD et dirigea le mouvement syndical du département de concert avec A. Klein jusqu’en 1940. Il fut membre du Conseil national économique de 1936 à 1940.

Libre-penseur, il était en 1935 trésorier de la Fédération départementale de la Libre-Pensée et, en 1937, trésorier adjoint. En septembre 1939, il travailla pendant quelque temps à l’Inspection du Travail de Nancy, puis, d’accord avec A. Klein, il liquida pour 85 000 F, en 1940 la plus importante des machines de l’Imprimerie Ouvrière à l’Écho de Nancy, journal publié qui n’était pas encore contrôle allemand ; il remboursa par la suite cette somme à l’UD de Meurthe-et-Moselle. Il fut membre de la commission provisoire d’organisation de la famille professionnelle de la production des métaux par arrêté du 6 août 1942 (Hubert Lagardelle). Présenté comme « secrétaire de l’Union des syndicats de Meurthe-et-Moselle et du syndicat des métaux de Neuves-Maisons ». Il fut également membre de la commission nationale de reclassement des prisonniers de guerre rapatriés pour la famille professionnelle de la production des métaux (arrêté du 31 mai 1943), administrateur du syndicat unique des ouvriers de la famille de la production des métaux de Nancy par arrêté du 19 janvier 1944 (Bichelonne, secrétaire d’État au Travail par intérim).

Il fut arrêté en juillet 1943 par les Allemands au moment où la Gestapo interpellait le personnel de l’Imprimerie Nancéienne, 15 rue Gustave Simon. Les Allemands cherchaient en vain des traces de publications clandestines, notamment de la feuille gaulliste Lorraine. Le directeur, Louis Reynier et plusieurs membres du personnel, Henri Deguledre et Henri Duperis furent arrêtés, quatre autres seulement interpellés et libérés, dont Alfred Klein. La police de Nancy écrivit le 3 juillet 1943 : « Ces arrestations, vu la personnalité de Döker ainsi que de Klein (ce dernier ex-secrétaire de l’UDSC [Union départementale des syndicats confédérés] et adjoint de Dölker) très connus et influents dans les milieux ouvriers, ont causé un certain émoi parmi ces derniers et notamment dans le personnel du livre et de l’imprimerie de Nancy. » (Cabinet du préfet). Dôlker était classé par les Allemands, parmi les personnalités «  prominenten ». On trouve également la formule « d’Otage d’honneur ». Le 28 juillet 1944, il fut déporté de Compiègne à Neuengamme, matricule 39 317. Le Mémorial de la Résistance précise que : « les personnalités otages restent au camp dans un block spécial et sont évacuées en cars vers Theresienstadt, puis Brezani ».
Il ne joua par la suite plus aucun rôle dans le mouvement syndical et se retira à Pont-Saint-Vincent.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139806, notice DÖLKER Frédéric, Émile par Étienne Kagan, version mise en ligne le 3 mars 2012, dernière modification le 3 mars 2012.

Par Étienne Kagan

SOURCES : Arch. Dép. Meurthe-et-Moselle, 10 M 58-62, 10 M 100-102. — Témoignage de C. Thouvenin. — Le Réveil ouvrier, 1918-1940 et 1944-1946. — Livre mémorial des déportés de France, op. cit. — Renseignements communiqués par l’Institut d’histoire sociale lorrain (CGT) et par la petite fille de F. Dölker, Mme Doelker-Mignot Noëlle.)

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