MAYADE Henri

Par Pierre Schill

Né le 21 décembre 1911 à Martres-de-Veyre (Puy-de-Dôme), mort le 16 janvier 2003 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; huissier de justice, inspecteur de police et employé des PTT ; militant des Jeunesses communistes puis du Parti communiste et du PSU ; militant du syndicat CGT de la Police ; résistant FFI du maquis des Cheires (Puy-de-Dôme) ; maire de Barriac-lès-Bosquets (Cantal) de 1978 à 1984.

Henri Mayade était le fils unique d’un agriculteur, devenu ensuite maçon, et d’une modiste, tous deux natifs de Saint-Avit d’Auvergne (Puy-de-Dôme). Son père étant mort dans les derniers jours de la Grande Guerre, il fut élevé par sa mère et reconnu pupille de la Nation.

Henri Mayade commença à travailler à l’âge de quinze en tant que clerc d’huissier à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Son entrée dans la vie professionnelle fut marquée par son engagement dans les Jeunesses communistes où il milita jusqu’en 1936 en étant particulièrement actif lors des événements du Front populaire et des campagnes de soutien à l’Espagne républicaine. En 1937, Henri Mayade quitta la capitale auvergnate pour s’installer à Pontgibaud (Puy-de-Dôme) et y occuper une charge d’huissier de justice. Il commença à militer au PC, qu’il quitta suite à la signature du Pacte germano-soviétique.

Mobilisé en septembre 1939, il fut prisonnier des Allemands dans les Vosges. Évadé et de retour en Auvergne, Henri Mayade, épaulé par son épouse, fut actif dans la Résistance à partir de 1943 en s’occupant dans le secteur de Pontgibaud de l’aide au maquis FFI des Cheires (organisation, liaison, ravitaillement) et aux réfractaires du STO. Après le débarquement des Alliés en Normandie, il rejoignit ce maquis où il occupa jusqu’à la fin août 1944 la fonction de chef de sizaine.

Au lendemain de la guerre, Henri Mayade intégra la Police nationale à Clermont-Ferrand et y milita au syndicat CGT dont il fut un des responsables locaux pour le département.

Il fut particulièrement actif au moment des « grèves rouges ». Au milieu du mois de juin 1948, Clermont-Ferrand semblait en état de siège : barricades de pavés, boutiques closes et rues quadrillées par un millier d’hommes en armes, policiers, gendarmes, gardes mobiles et CRS. Cette ville en désordre allait devenir un « terrain d’expérience » pour l’état-major de la police qui cherchait à affiner sa stratégie de maintien de l’ordre en contexte révolutionnaire. L’origine de cette situation était à chercher dans la grève qui touchait les usines Bergougnan depuis la fin du mois de mai. Occupées, elles faisaient l’objet d’un siège policier provoquant la colère des habitants. C’est dans ce contexte tendu que le tribunal de Clermont rendit le 9 juin 1948 un jugement d’expulsion auquel les ouvriers refusèrent de se soumettre, faisant craindre au préfet la grève générale avec l’entrée dans le conflit des ouvriers de Michelin. Le 15 juin, l’assaut fut décidé et le lendemain les usines évacuées après de nombreuses arrestations et de sévères bagarres qui donnèrent à la capitale auvergnate cette ambiance d’état de siège.

La solidarité des Clermontois se manifesta par une grève quasi générale. Au commissariat central de Clermont, le syndicat des policiers CGT affirma sa « solidarité avec la grève » et sa « réprobation des méthodes employées », une délégation de policiers allant jusqu’à demander au directeur départemental des Services de police le retrait des forces de l’ordre ayant investi les usines. L’inspecteur de police Henri Mayade était l’un des initiateurs de cette délégation. Trouvant cette intervention inadmissible, le directeur départemental des Services de police envoya un rapport le concernant à la direction générale de la Sûreté nationale à Paris.

Suite à ces événements, Henri Mayade fut « dégagé des cadres » par un arrêté du ministre de l’Intérieur du 30 juin 1951. Avec d’autres camarades également sanctionnés, il déposa en janvier 1952 une requête devant le Conseil d’État contre ce renvoi. Il quitta l’Auvergne pour trouver un emploi de clerc d’huissier au Raincy (Seine-et-Oise) à compter de septembre 1951. En octobre 1952, il trouva un emploi au tri postal de la gare Saint-Lazare à Paris. Un arrêt du Conseil d’État du 23 février 1955 annulant l’arrêté de juin 1951, lui permit de retrouver un poste à la police urbaine du district de Juvisy (Seine-et-Oise) à partir de juin 1955.

S’étant éloigné du Parti communiste, Henri Mayade milita au milieu des années soixante au PSU, sans y prendre de responsabilités particulières.

Il prit sa retraite de la fonction publique en janvier 1967 et rentra en Auvergne pour prendre jusqu’en 1976 une charge d’huissier de justice à Mauriac (Cantal). Il y fut candidat sur une liste de gauche aux élections municipales de 1971, mais ne fut pas élu dans ce bastion conservateur. À sa retraite définitive en 1977, il s’installa dans la commune de Barriac-lès-Bosquets (Cantal). Il y fut élu conseiller municipal la même année, sur une liste de gauche constituée pour sauver l’école publique de cette petite commune rurale. Il devint maire en février 1978 et fut réélu aux élections municipales de 1983. Démissionnant de son poste en 1984, il continua à siéger au conseil municipal jusqu’en 1988.

Henri Mayade s’était marié en janvier 1936 avec Marie née Chambon en 1916 dans le Cantal, dont il eut trois enfants. Son épouse milita également au Parti communiste jusqu’en 1951, date de son exclusion pour « titisme » et comme « femme de flic ». Marie Mayade fut secrétaire de l’Union des femmes françaises à Clermont-Ferrand et participa aux congrès de 1946 à Marseille et à ceux de 1947 et 1948 à Paris.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139807, notice MAYADE Henri par Pierre Schill, version mise en ligne le 4 mars 2012, dernière modification le 29 avril 2013.

Par Pierre Schill

SOURCES : Archives familiales. — Renseignements fournis par son épouse et ses enfants. — Claude Angeli et Paul Gillet, La police dans la politique (1944-1954), Paris, Grasset, 1967. — Gilles Lévy et François Cordet, A nous Auvergne !, Paris, Presses de la cité, 1974.

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