BLAND Hubert

Par Cédric Boissière

Né le 3 janvier 1855 à Londres (Woolwich), mort le 14 avril 1914 à Londres (Eltham) ; journaliste, socialiste et fondateur de la Société fabienne.

Petit-fils de plombier et de patron de pub, fils cadet d’un employé de bureau, même s’il affirma plus tard qu’il appartenait à la gentry du Yorshire, Hubert Bland fut éduqué localement. Il se distingua très vite pour son engagement dans les luttes politiques et les manifestations. Dans sa jeunesse, il espérait devenir officier dans l’armée. La mort de son père l’obligea à prendre lui aussi un emploi de bureau dans une banque. Là, en 1877, il rencontra Edith Nesbit et l’épousa trois ans plus tard alors qu’elle était enceinte de sept mois. Ensemble, ils eurent trois enfants qu’ils élevèrent avec les deux que Bland eut de sa liaison avec Alice Hoatson. Il avait aussi eu un fils avec Maggie Doran, la femme qui s’occupait de sa mère. Tout au long de sa vie, celui-ci multiplia les aventures féminines.

Admirateur de William Morris, Hubert Bland s’était très tôt engagé dans diverses sociétés aux idées avancées. Les époux Bland adhérèrent en 1883 à la Fellowship of the New Life (Fraternité de la vie nouvelle), un petit groupe de recherche éthique. En janvier 1884, avec une douzaine de membres de cette association, déçus du manque d’engagement concret, ils la quittèrent pour fonder la Fabian Society. Hubert Bland présida la réunion fondatrice et fut le trésorier du mouvement jusqu’en 1911. Il en fut aussi le délégué aux conventions du parti travailliste de 1908 et 1910. Ce fut lui qui amena George Bernard Shaw chez les Fabiens en 1884. Par contre, plus tard, son ancienneté lui permit, avec les autres fondateurs, d’avoir une quasi main-mise sur la société. Il put ainsi faire barrage à H. G. Wells en décembre 1906 quand celui-ci tenta de la moderniser. Tout en restant chez les Fabiens, il adhéra à la Social Democratic Federation d’Henry Hyndman en 1885. Il en garda les idées marxistes, mais en rejeta les idées les plus extrêmes ainsi que le républicanisme. En novembre 1886, avec Annie Besant et Sydney Olivier, il fonda la Fabian Parliamentary League destinée à présenter des candidats aux législatives. De 1886 à 1889, d’abord avec sa femme puis seul, il fut rédacteur en chef du journal socialiste To-Day. En 1888, il soutint avec Annie Besant la grève des allumettières de chez Bryant & May, dans l’East End de Londres. Il réclamait par ailleurs la création d’un véritable parti socialiste indépendant, en opposition à la tactique des Webb de « noyautage » du parti libéral. Dans les années 1890, il soutint donc l’Independent Labour Party.

Cependant, il ajoutait à son engagement socialiste des idées conservatrices et impérialistes. Pour lui, l’Empire était nécessaire à la survie de l’ouvrier anglais et de la race anglaise. Ainsi, il soutint la seconde guerre des Boers (1899-1902) dans laquelle il voyait le moyen de restaurer la virilité britannique. Il était aussi opposé au droit de vote des femmes.

Après avoir échoué à se faire élire au London School Board, l’organisme qui gérait les écoles de la capitale, il se consacra à l’écriture. Il écrivit deux romans politiques avec sa femme ainsi que divers autres ouvrages seul et fut un contributeur régulier du Sunday Chronicle de Manchester. Cependant, ce furent les romans de son épouse qui permettaient à la famille de vivre très confortablement.

Aussi, surtout après une crise cardiaque de novembre 1910, puis la perte de la vue, Hubert Bland fut-il entretenu par son épouse. Il avait cessé ses tournées de conférences, mais il continua jusqu’au bout, avec l’aide d’Alice Hoatson, à écrire ses articles pour le Sunday Chronicle. Il décéda d’une nouvelle crise cardiaque.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139823, notice BLAND Hubert par Cédric Boissière, version mise en ligne le 5 mars 2012, dernière modification le 5 mars 2012.

Par Cédric Boissière

ŒUVRES : "After Bread, Education" : a Plan for the State Feeding of School Children. , Fabian Society, 1905 ; With the Eyes of a Man., T. Werner Laurie, 1905 ; Olivia’s Latchkey, T. Werner Laurie, 1913 ; Essays by Hubert Bland : ‘Hubert’ of the ‘Sunday Chronicle’, E. N. Bland (éd.), 1914 ; The Happy Moralist. , T. Werner Laurie ; Socialism and the Catholic faith., The Catholic Socialist Society.

BIBLIOGRAPHIE : Julia Briggs, A Woman of Passion : the Life of E. Nesbit, 1858–1924. , Hutchinson, Londres, 1987 ; Julia Briggs, ‘Bland, Hubert (1855–1914)’, Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.

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