LOUIS Albert, Maurice

Par Gilles Morin

Né le 9 mai 1893 à Paris (Xe arr.) mort le 10 septembre 1969 à Lens (Pas-de-Calais) ; mineur puis cafetier ; militant socialiste et résistant ; membre du Comité départemental de Libération du Pas-de-Calais ; adjoint au maire de Lens ; secrétaire de la fédération PSA du Pas-de-Calais.

Originaire de Normandie, mais avec une mère venue de la région minière du Pas-de-Calais, Albert Louis perdit jeune son père, garçon boucher. Sa mère se remaria à un mineur et celui-ci le fit travailler à treize ans au fond. Après son service militaire et la guerre de 1914-1918 – qu’il fit Maroc –, pour améliorer sa situation, il apprit le métier de garçon-coiffeur, s’installa à Lens comme coiffeur à son compte et, « n’y faisant pas fortune », entreprit simultanément le métier de représentant en bière. Il se maria le 30 avril 1920 à Lens, avec Élise Daniel.

Louis Albert, qui a été durant vingt années le secrétaire de la section SFIO de Lens, fut élu conseiller municipal de Lens du 5 mai 1929 au 21 décembre 1941. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, père de deux filles, il se trouvait à la tête d’un petit commerce d’épicerie, auquel était annexé un café, dans la maison qu’il habitait.

Mobilisé deux fois en 1939, Albert Louis fut libéré en raison de son âge, de ses services de guerre et de sa situation de famille. Il participa à l’exode en mai 1940, tentant de se rendre dans l’Orne, mais l’avance allemande le précéda et il revint après trois semaines à Lens.

Militant socialiste, syndicaliste et laïc, secrétaire de la section SFIO de Lens, qui comprenait sept groupes, Albert Louis, affirmait avoir développé des sentiments antiallemands et antipétainistes dès le début de l’Occupation. Après quelques mois de « flottements », en septembre 1940, il entreprit de reconstituer le parti socialiste sur le plan local. La plupart des responsables de groupes locaux contactés acceptèrent et la première action fut de couvrir les murs d’inscriptions antiallemandes. Le retour de Just Évrard, ancien secrétaire fédéral adjoint de la SFIO, et de son épouse, Émilienne Moreau, dans la circonscription à l’automne, permit d’ébaucher un regroupement sur le plan départemental, avec André Pantigny, Camille Delabre, Jean Mouton et Paul Thumerel. Ils se partagèrent la tâche de reconstruction, Louis étant chargé de la région du canton de Lens en direction de Béthune, c’est-à-dire essentiellement le bassin minier. Pendant plusieurs mois, ils se contentèrent d’action de propagande, diffusion de tracts et de journaux clandestins, dont La Voix du Nord et IVe République, à partir du printemps 1941, plus tard le Populaire clandestin. À partir de l’année 1942, ils entreprirent la reconstitution syndicale. Fin 1942 ou début 1943, Pantigny retransmit les instructions venant de Paris afin de créer des groupes para-militaires qui se rattachèrent à Libération-Nord dont Albert Louis devint représentant. Il recruta donc des responsables dans chaque commune, qui formaient des groupes locaux, appelés « mains ». Mais ils n’obtinrent jamais d’armes, en dépit des promesses. Ils repérèrent des terrains d’atterrissage. Émilienne Moreau a fait état de fréquentes rencontres chez lui avec Henri Henneguelle (La guerre buissonnière, Solar Éditeur, 1970).

Après l’arrestation de Delabre et Pantigny, en juillet 1943, Ernest Wery fut secrétaire de la fédération clandestine, jusqu’au retour d’Évrard d’Alger, avec Albert Louis comme adjoint et était en contact avec Henneguelle, responsable régional de Libération. Son épicerie était devenue le point de chute du courrier départemental.

À l’automne 1943 fut créé le Comité départemental de Libération clandestin dans lequel Louis représentait le parti socialiste et la CGT sensibilité confédérée, et Wery Libération-Nord. Il fut chargé de la mise en place des comités locaux de Libération des secteurs de Wingles, Mazingarbe et Loos-en-Gohelle. Au printemps 1944, avec ces groupes, ils multiplièrent les actions de sabotages, mais refusèrent la proposition des communistes de lancer l’insurrection et une grève générale.

Après la Libération, Albert Louis, s’employa au CDL à remettre en place les anciennes municipalités ou à mettre en place les municipalités provisoires, représenta le CDL à la commission de triage auprès du camp d’internement de Béthune-Calonne-Liévin et au comité départemental d’enquête et de taxation. Il était aussi membre du comité local de Libération et lança L’Espoir du Pas-de-Calais, qui devint par la suite organe du Parti socialiste SFIO du Pas-de-Calais, dont il assura la gérance.

L’historien Édouard Perroy qui recueillit son témoignage le 27 juin 1948 pour le Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, le décrivait ainsi : « de taille petite mais corpulente, le visage barré par une grosse moustache grisonnante, d’allure joviale ».

Secrétaire adjoint fédéral provisoire de la fédération socialiste du Pas-de-Calais en septembre 1944, membre de la commission exécutive de la SFIO en 1947-1958, Albert Louis redevint secrétaire de la puissante section de Lens. Il occupait cette fonction au moins en avril 1950, 1954, 1956 et mars 1959. Il fut élu adjoint au maire de Lens en 1947-1953, après la victoire contre la municipalité communiste.

Albert Louis participa à la scission de 1958 qui donna naissance au Parti socialiste SFIO autonome (PSA). Il en fut secrétaire fédéral en mars 1960 et le responsable de la section de Lens de ce parti, il fut ensuite après la fusion avec l’UGS secrétaire fédéral du PSU à sa création en avril 1960. Il fut candidat PSU à une cantonale partielles de Lens-Nord-Ouest en avril 1962, obtenant 1 343 suffrages, soit 8,9 % des exprimés.

La « citoyenne » Louis, siégeait à la commission de vérification des mandats du congrès national SFIO d’août 1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139973, notice LOUIS Albert, Maurice par Gilles Morin, version mise en ligne le 20 mars 2012, dernière modification le 1er août 2012.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., 72/AJ/1910. — Archives de l’OURS, dossier Pas-de-Calais et AGM 141. — Rapports des congrès de la fédération SFIO du Pas-de-Calais, 1945-1967. — Archives A. Seurat. — Daniel Mayer, Les socialistes dans la résistance, op. cit., p. 161. — René Bargeton, Le Comité départemental de Libération du Pas-de-Calais (1943-1946), Arras, Mémoires de la commission départementale d’Histoire et d’Archéologie du Pas-de-Calais, tome XXXIII. — L’Espoir socialiste, 14 septembre 1944. — La Voix du Nord, 11 septembre 1969.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable