LÉTOQUART Léandre (fils)

Par Christian Lescureux

Né le 9 février 1937 à Maroeuil (Pas-de-Calais) ; ouvrier électricien puis permanent ; membre du secrétariat de la fédération communiste du Pas-de-Calais, maire de Méricourt (Pas-de-Calais), conseiller régional du Nord Pas-de-Calais.

Léandre Létoquart (fils)
Léandre Létoquart (fils)
(Archives privées)

Fils de Léandre Létoquart, ouvrier mineur, député puis sénateur et l’un des principaux élus et dirigeants de la fédération communiste du Pas-de-Calais, et de Léa Thilgen, ménagère, Léandre Létoquart fils était l’aîné de quatre enfants. Il reçut dès son enfance à la fois une éducation politique par son grand-père paternel, ouvrier plâtrier alors socialisant, religieuse par sa grand-mère maternelle et laïque par son instituteur.

Dès l’âge de dix ans, Léandre Létoquart diffusa chaque dimanche dans le village, le journal fédéral du Parti communiste Clarté, France-nouvelle et Vaillant …Il lisait avant tout Vaillant et 34 qui lui ouvrirent les yeux sur la guerre et ses conséquences pour les peuples.

Dès son certificat d’études, obtenu en 1951, Léandre Létoquart suivit des cours d’enseignement professionnel à Arras. À l’âge de quinze ans, il partit avec sa famille pour la ville minière d’Avion, municipalité communiste dont son père devint le maire l’année suivante. En 1954, il entra comme apprenti électricien dans une entreprise sous-traitante de la SNCF. Ce fut pour lui l’occasion de contacts et de discussions politiques avec les cheminots qui le renforcèrent notamment dans son opposition à la guerre d’Algérie.

Il milita à l’UJRF et participa aux luttes contre les guerres coloniales. En 1957, son grand-père lui remit sa première carte du Parti communiste.
En janvier 1957, il épousa à Avion Gilberte Drache, ouvrière du textile. Ils eurent six enfants.

En mars 1957, Léandre Létoquart fut appelé pour le service militaire à la caserne de Noyon (Oise) où il resta six mois. Soldat exemplaire, républicain, affichant ses idées de justice et de paix, il suivit le peloton d’élèves sous-officiers, brigadiers et brigadiers-chefs. Repéré comme jeune communiste (son père était alors député) il ne fut jamais noté. L’instruction terminée, il prit la décision ferme et définitive de ne pas porter les armes contre le peuple algérien.

En septembre 1957, il écrivit au Président de la République pour dire que cette guerre ne servait pas les intérêts du pays. Il rejoignit ainsi les jeunes communistes qui, comme Alban Liechti, avaient déjà dénoncé cette guerre. Il fut aussitôt envoyé de force en Algérie et incarcéré à la prison d’Alger. Victime de sévices, il fut même menacé de mort avec une arme à feu par un sergent chef. Traduit devant le Tribunal militaire, il dut assurer lui-même sa défense, son avocat étant absent faute de permis de visite. Il fut condamné à deux ans d’enfermement.

En décembre 1958, Léandre Létoquart fut transféré avec d’autres communistes dans différentes prisons de France. Il fut cité comme témoin dans des procès contre la presse communiste, accusée d’avoir publié sa lettre au Président de la République. Libéré de la centrale de Melun, le 24 octobre 1959, il resta mobilisé à Lille jusqu’en 1961. Jusqu’à la fin de son service militaire, il resta fidèle à ses positions anticolonialistes et respecté de ses chefs. Il ne recouvra ses droits civiques qu’en 1969 par la loi d’amnistie.

Léandre Létoquart reprit son travail d’électricien jusqu’en 1964. Il habita alors Sallaumines, ville minière du Pas-de-Calais et municipalité communiste, et devint le secrétaire de la cellule communiste.

En 1961, il fut élu au comité de la fédération communiste. En 1963, il suivit une école centrale du parti d’un mois et accéda au bureau de la fédération (au côté de son père). En 1964, il devint permanent de la fédération communiste en qualité d’administrateur. Il accéda au secrétariat fédéral en 1966 après avoir suivi une école du parti de mars à juillet 1965.

Habitant Méricourt (ville minière de13 000 habitants) depuis 1967, Léandre Létoquart fut élu maire en 1970. Il quitta alors le secrétariat et demeura au bureau de la fédération jusqu’en 1987.

Léandre Letoquart présida l’Association des maires communistes et républicains du département. De 1983 à 1998 il siège au conseil régional du Nord-Pas-de-Calais ; ce fut lui qui, en 1986, conduisit la liste communiste pour le Pas-de-Calais qui recueillit 17,2 % des suffrages. Il fut candidat suppléant aux élections législatives pour la 1ère circonscription d’Arras en 1978 (26,5 %) et de 1981 (21,2 %).

Du fait de toutes ces responsabilités militantes et électives, Léandre Létoquart prit une part active aux luttes contre la Constitution Européenne et la CECA accusées de mettre à mal la région, ses industries et ses populations, et développant un chômage massif en pays minier.

En 2002, des problèmes de santé le contraignirent à quitter son poste de maire, où la confiance des électeurs lui avait été sans cesse renouvelée, et à cesser toutes ses activités.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139977, notice LÉTOQUART Léandre (fils) par Christian Lescureux, version mise en ligne le 20 mars 2012, dernière modification le 25 avril 2013.

Par Christian Lescureux

Léandre Létoquart (fils)
Léandre Létoquart (fils)
(Archives privées)

SOURCES : Arch. du comité national du PCF.— Liberté, 1960-1980.— Témoignage de l’intéressé.

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