LOCHARD Jacques, Paul

Par André Caudron

Né le 27 novembre 1914 à Montbéliard (Doubs) ; commissaire national des Éclaireurs unionistes ; résistant ; pasteur de l’Église évangélique luthérienne du pays de Montbéliard ; secrétaire général du Christianisme social (1953-1961).

Fils d’Henri, petit cadre de l’usine Peugeot de Sochaux (Doubs), et de Lisa née Guainans, Jacques Lochard fit ses études secondaires à Montbéliard où il entra chez les Éclaireurs unionistes. Depuis 1936, il poursuivait sa formation – interrompue par la guerre – à la faculté de théologie protestante de Paris. À l’automne 1940, il servit comme aumônier des Chantiers de jeunesse à Rumilly (Haute-Savoie) et devint bientôt commissaire national adjoint des Éclaireurs unionistes pour la branche Routiers. De 1942 à 1945, il en fut le commissaire national.

Compagnon de Joffre Dumazedier au service militaire, il le retrouva par la suite à l’École des cadres d’Uriage (Isère) où il fut appelé à encadrer des stagiaires en décembre 1940. Devenu, à l’automne 1941, membre du secrétariat des Unions chrétiennes de jeunes gens, il fut promu instructeur-chef d’équipe à Uriage en 1942, à la demande de Pierre Dunoyer de Segonzac, « le Vieux Chef ». En août 1943, Jacques Lochard se trouvait à Chamargues, dans la Drôme, pour le compte de l’École d’Uriage, quand Pierre François proposa l’idée du « grand mouvement » qui allait donner naissance, l’année suivante, à la Fédération des francs et franches camarades (Francas).

De mai à août 1944, Jacques Lochard rejoignit la résistance armée au maquis et fut intégré dans l’état-major du Vercors (Drôme). Au lendemain de la Libération, il fut pasteur à Béthoncourt (Doubs) puis à Montbéliard de 1945 à 1953. Il fonda ensuite le centre protestant de rencontres de Glay (Doubs) qu’il dirigea jusqu’en 1961. À cette date, il fut nommé secrétaire général du mouvement du Christianisme social, fonction qu’il remplit pendant huit ans. Il prit part aux mouvements de contestation des années soixante sur le plan social et culturel avec Georges Casalis. Adoptant des positions situées de plus en plus à gauche, les deux amis avaient condamné la guerre d’Algérie, qualifiée de « guerre coloniale », et pour eux les événements de Mai 1968 étaient bien une « révolution » dirigée contre la société de consommation. Jacques Lochard lui-même fit partie de la commission chargée de rédiger le document Église et pouvoirs qui produisit l’effet d’une « bombe » dans les milieux protestants (1970-1971) en raison du caractère anticonformiste de ce document auquel s’opposèrent des coreligionnaires attachés à différents types de hiérarchies.

De 1969 à 1973, les responsables de l’Église réformée dans la région parisienne confièrent à Jacques Lochard une recherche sur le phénomène urbain à l’échelle d’une ZUP (zone à urbaniser en priorité), celle de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne). En octobre 1972, il avait succédé à Roger Parmentier comme pasteur de la paroisse réformée de Montreuil (Seine-Saint-Denis) où sa présence fut de courte durée. Il quitta le ministère pastoral en 1973 et acheva sa carrière neuf ans plus tard. Il était alors chargé de mission à la Fondation pour le cadre de vie. Il avait épousé Michelle Bigler, née Jouck, enseignante, militante de la CIMADE, en décembre 1944.

Selon des sources diverses, il serait né à Montbéliard mais sa trace n’a pas été trouvée dans les registres de cette ville. Sa sœur Élisabeth s’était mariée avec le pasteur Étienne Mathiot*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139998, notice LOCHARD Jacques, Paul par André Caudron, version mise en ligne le 23 mars 2012, dernière modification le 26 avril 2013.

Par André Caudron

ŒUVRE : Jacques Lochard a participé à plusieurs tables rondes dont les comptes rendus ont été publiés : Communauté de croyants et développement, avec Madeleine Barot, Michel de Certeau, André Boland, l’abbé Hardy, David Traoré et Robert de Montvalon, Chronique sociale de France, Lyon, 1967. – L’Évangile et la révolution, direction Jean Cardonnel, avec François Biot, Georges Casalis et Georges Montaron, Témoignage chrétien, 1968. — Dieu dans le devenir des hommes, avec Joseph Folliet, Table ronde, Chronique Sociale de France, 1969.

SOURCES : Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, 5. Les Protestants, notice de Pierre Bolle, Beauchesne, 1993. — Dictionnaire biographique des militants, notice de Jean Baubérot, L’Harmattan, 1996. — Jean Baubérot, Le pouvoir de contester, Labor et fides, Genève, 1983. – André Encrevé et Jacques Poujol, Les protestants pendant la Seconde Guerre mondiale, Société de l’histoire du protestantisme français, 1994. — Antoine Delestre, Uriage, une communauté et une école dans la tourmente, 1940-1945, Presses universitaires de Nancy, 1989. — Bernard Comte, Une utopie combattante. L’École des cadres d’Uriage, Fayard, 1991.

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