BOCZAR Marcel

Par Daniel Grason

Né le 13 mars 1910 à Luck (Russie, Pologne, Ukraine), fusillé comme otage le 15 décembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; manœuvre spécialisé, légionnaire, livreur ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine.

Fils d’Abraham et de Clara, née Hazen, Marcel Boczar arriva en France le 15 septembre 1931. Il travailla quelques mois comme manœuvre au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime). Le 17 novembre, il s’engagea pour cinq ans dans la Légion étrangère et il fut affecté au 2e Régiment étranger à Casablanca (Maroc). Blessé au cours d’un combat dans le sud marocain, il fut réformé le 5 mai 1933, et l’administration militaire lui attribua une pension d’invalidité de 30 %.
De retour en France, il vécut au Havre. À la suite d’un vol, la police l’arrêta en 1934. La justice le condamna le 4 octobre à un mois de prison. Il partit en région parisienne, mais un arrêté d’expulsion lui fut notifié le 5 février 1935. La même année, la justice le condamna le 30 mai à huit mois de prison, puis à six mois le 23 juillet 1936 pour infraction à l’arrêté d’expulsion et vol. Il travaillait comme manœuvre spécialisé chez Chenard et Walcker à Gennevilliers jusqu’à son départ en Espagne.
Marcel Boczar partit en octobre 1936 combattre dans les rangs républicains et fut incorporé dans les Brigades internationales. Il fit la connaissance du docteur Kac Hirsch (Katz), médecin, lieutenant, commissaire politique à l’hôpital de Benicasim dans une équipe de la Centrale sanitaire internationale (CSI).
Rapatrié en février 1939, Marcel Boczar fut interné au camp de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales) jusqu’au 18 avril. Il fut autorisé à résider au Havre, 53 rue de Phalsbourg, et travailla du 25 juin au 8 juillet 1940 aux Établissements de constructions maritimes Doré. Du fait de la guerre, l’entreprise subit d’importants dégâts.
En septembre 1940, il partit à Paris où il s’installa 1 rue Jacquard (XIe arr.). Équipé d’un triporteur, il devint livreur de gare à domicile. Il fit certainement une démarche auprès de l’ambassade soviétique et devint sujet soviétique. Il retrouva le docteur Kac Hirsch, qui habitait 8 rue Oberkampf. Tous les deux menèrent un travail de diffusion des tracts du Parti communiste dans le XIe arrondissement de Paris. Kac Hirsch (Katz) était délégué de l’Internationale communiste pour la propagande à l’étranger et il était, selon la police, en liaison avec plusieurs dirigeants communistes. Kac Hirsch gagna Moscou dès le 20 mars 1941 et confia les clefs de sa chambre à Marcel Boczar.
Marcel Boczar fut interpellé le 16 août 1941 au café Marianne, 178 rue du Temple, lieu signalé comme lieu de rendez-vous de Juifs se livrant à la propagande communiste clandestine. Le 7 septembre 1941, des inspecteurs des Renseignements généraux perquisitionnèrent son domicile et la chambre de Kac Hirsch, mais ils firent chou blanc. Considéré comme suspect d’un point de vue politique, placé en surveillance renforcée, il fut arrêté une seconde fois le 18 octobre 1941. Un inspecteur le qualifia de « Juif soviétique. Propagandiste communiste, agitateur dangereux ». Le 24 octobre 1941, Marcel Boczar fut interné au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) réservé aux Juifs. Le 10 novembre, il déclara qu’il était Juif.
Le 14 décembre 1941, le général Von Stülpnagel faisait paraître un « Avis » dénonçant les attentats à la dynamite et au revolver par des éléments, parfois même jeunes, « à la solde des Anglo-Saxons, des Juifs et des Bolcheviks ».
Le 15 décembre 1941, Marcel Boczar était parmi les otages passés par les armes au Mont-Valérien. Il n’eut pas droit à la mention « Mort pour la France » du fait de sa nationalité étrangère.

Brigadistes fusillés pendant l’Occupation
http://chs.huma-num.fr/exhibits/sho...

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140020, notice BOCZAR Marcel par Daniel Grason, version mise en ligne le 24 mars 2012, dernière modification le 13 novembre 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., BA 2439, 77W 39. – DAVCC, Caen otage B VIII dossier 2 (Notes Delphine Leneveu, Thomas Pouty). – Arch. general militar d’Avila. – David Diamant, Combattants Juifs dans l’armée Républicaine espagnole. 1936-1939, Éd. Renouveau, 1979. – David Diamant, Par-delà les barbelés, 1986. – Site Internet du Mont-Valérien. – Site Internet CDJC.

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