LOMBARD Paul, Henri, Marius

Par Gérard Leidet

Né le 15 décembre 1927 à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), mort le 7 juin 2020 à Martigues (Bouches-du-Rhône) ; employé de bureau ; militant syndicaliste et communiste, maire de Martigues (1969-2009) ; conseiller général (1970-1988) et député des Bouches-du-Rhône (1988-1993).

Paul Lombard
Paul Lombard

Paul Lombard était le fils de Paul-Baptistin Lombard qui, avant 1939, fonda l’Union locale CGT, fut président de la Bourse du travail en 1938 et milita au PCF. Organisateur de la Résistance communiste, du Front national puis, à la fin 1942, des FTPF, il fut capturé par les nazis et fusillé le 13 juin 1944 au Fenouillet entre Charleval et La Roque d’Anthéron (Bouches-du-Rhône) en compagnie d’autres résistants parmi lesquels se trouvait en particulier le socialiste Henri Lazzarino (voir Georges Lazzarino). Sa mère, Césarie Eygasier, native de Martigues, issue d’une vieille famille de souche martégale transmit à son fils Paul une large part de l’identité locale dont il allait s’imprégner tout au long de son parcours de militant et d’élu. Paul Lombard fréquenta l’école de garçons de l’Ile à Martigues où sa famille s’était définitivement installée en 1932. Après avoir réussi le certificat d’études, il poursuivit sa scolarité au cours supérieur et au cours complémentaire, situés toujours dans l’école de l’Ile. Il y obtint le brevet élémentaire en 1943 mais des résultats insuffisants en arithmétique l’empêchèrent de se présenter à l’École normale d’instituteurs d’Aix-en-Provence.

Le parcours militant de son père, sa participation à la Résistance et sa fin tragique incitèrent le jeune Paul Lombard à lutter pour le même idéal et déterminèrent son engagement politique. A l’âge de dix-sept ans, il adhéra aux Jeunesses communistes puis à l’Union de la jeunesse républicaine de France lorsque elle furent dissoutes. Il anima alors le Cercle des Jeunes dont il devint l’un des dirigeants à Martigues puis adhéra dans la foulée, en 1946, au Parti communiste français. La même année, il fut employé à la comptabilité à la mairie de Martigues avant d’être embauché comme employé de bureau aux huileries Verminck puis à la société Astra-Calvé (Croix-Sainte) entre 1946 et 1963. Paul Lombard y milita comme délégué syndical CGT du personnel et délégué au comité d’établissement.

En 1953, le Parti communiste le désigna pour être candidat aux élections municipales. Il entra au conseil municipal de Martigues, à la faveur de la démission de sa mère - élue depuis 1945 - et prit alors une part active au travail de l’opposition, la majorité municipale SFIO étant successivement dirigée par Théodore Cheillan puis Paul Pascal. En 1959, profitant d’une division interne du courant socialiste, Francis Turcan, tête de liste du PCF fut élu maire de Martigues ; sa liste l’emportait de trente-quatre voix ; Paul Lombard se vit alors confier le poste de premier adjoint chargé des questions d’aménagement et de l’urbanisme puis des finances.

Sur le plan politique, Paul Lombard fut élu membre du comité fédéral du PCF le 20 novembre 1960 (il fut réélu le 7 mai 1961). À cette époque, il multiplia les activités militantes : secrétaire de la section de Martigues, élu municipal et délégué du personnel. Il fut élu suppléant de René Rieubon, le député de la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône le 25 novembre 1962, en mars 1967, et surtout lors des législatives du 30 juin 1968 en dépit d’un contexte difficile pour la Gauche.

Aux élections municipales de 1965, une partie de l’équipe sortante associée à des militants socialistes au sein d’une liste d’Union républicaine vit sa position confortée avec 57 % des suffrages. En mai de la même année 1965, une délégation conduite par Paul Lombard fut reçue à Leuna (RDA). Les premiers contacts avec cette localité remontaient à 1962. Le projet de jumelage entre ces deux communes ne put se concrétiser, les pouvoirs publics refusant d’accorder les visas qui auraient permis à des délégations de RDA de se rendre à leur tour à Martigues.

C’est en 1969 que Paul Lombard fut élu maire de Martigues suite au décès de Francis Turcan ; il fut constamment réélu, dès le premier tour lors des élections municipales entre 1971 et 2008.

En 1970, il fut élu conseiller général du canton de Martigues, un mandat qui sera renouvelé le 7 mars 1976. Élu dès au premier tour avec 13 203 des 19 726 suffrages exprimés, Paul Lombard le fut à nouveau en 1982. Il dut démissionner en 1988 consécutivement à la loi sur le cumul des mandats. Il se consacra à son mandat de député de la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône jusqu’en 1993. A ce titre il intervint à l’Assemblée nationale, notamment lors de la deuxième séance du 18 novembre 1988 consacrée aux cérémonies du bicentenaire de la Révolution Française. Il interpela le gouvernement qui semblait, selon le groupe communiste « faire une croix » sur cet anniversaire en remettant en cause certaines initiatives et en engageant des moyens trop « discrets ». En l’absence de Jack Lang, c’est Catherine Tasca, ministre déléguée auprès du ministre de la Culture, de la communication, des grands travaux et du Bicentenaire qui apporta des éléments d’apaisement sur la position du gouvernement vis-à-vis de cette célébration : « Soyez sûr, monsieur le député, qu’aucun effort ne sera épargné pour faire de 1989 une année digne des événements d’il y a deux siècles : les villes et les villages de France seront les lieux privilégiés de la communion des Français avec leur histoire. » (applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et communiste).

À l’occasion des élections municipales de 2008, Paul Lombard se présenta pour la septième fois consécutive tout en annonçant son départ en 2009 au profit de Gaby Charroux, premier adjoint PCF. La « passation de pouvoir » se déroula effectivement le 29 mai 2009. Durant plusieurs décennies, Paul Lombard s’était donc investi pleinement dans le « communisme municipal ». Il voulait donner la preuve concrète que lorsque ce sont les « représentants de la classe ouvrière » et ses alliés qui dirigent la municipalité, « ça allait nettement mieux pour tous les Martégaux ». Il ajoutait souvent : « J’étais communiste aussi pour la population de Martigues, pour que la ville soit toujours mieux équipée… essayant d’être rassembleur j’ai pu éviter un certain sectarisme ». La place occupée aujourd’hui encore par le PCF à Martigues témoigne de l’intelligence politique et de la capacité d’ouverture de militants qui, tels Paul Lombard, surent éviter l’enfermement sectaire - celui des années 50 par exemple - ou dogmatique et s’appuyer sur le rayonnement local afin de construire une réalité politique et sociale dynamique, parfaitement adaptée à une ville comme Martigues.

Lors des élections municipales de mars 2014, il mena une liste concurrente de celle menée par Gaby Charroux, "Martigues unie", qui obtint 8,75 % des suffrages exprimés au premier tour. Le maire sortant, faisant successivement des scores de 49,9 % au premier tour et de 58,52 % au second, fut réinvesti dans ses fonctions.

Paul Lombard a été nommé chevalier dans l’Ordre National du Mérite en août 1985, Chevalier dans l’Ordre du Mérite Maritime le 4 septembre 1996, chevalier de la Légion d’Honneur en avril 1998. Il a été nommé maire honoraire de la ville de Martigues le 28 juillet 2009 et enfin Officier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur le 16 mars 2011.

Paul Lombard s’était marié le 28 mars 1970 avec Annie Camurati. Ils n’ont pas eu d’enfant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140026, notice LOMBARD Paul, Henri, Marius par Gérard Leidet, version mise en ligne le 25 mars 2012, dernière modification le 15 août 2022.

Par Gérard Leidet

Paul Lombard
Paul Lombard

SOURCES : Entretien avec le militant (28 juillet 2011) et réponses au questionnaire. — Archives municipales de Martigues. — Notes Jean-Claude Lahaxe. — DBMOF, notice Paul-Baptistin Lombard (Antoine Olivesi). — Jacky Rabatel, Une ville du midi sous l’occupation, Martigues : 1939-1945 , Centre de développement artistique et culturel, Martigues , 1986. — État civil. — Résultats des élections municipales de 2014 (site du Ministère de l’Intérieur). — Notes de Renaud Poulain-Argiolas.

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