BASTIN Pierre, Jean.

Par Freddy Joris

Né à La Reid (aujourd’hui commune de Theux, pr. Liège, arr. Verviers) le 6 mai 1847. Ouvrier textile, chef de file de la tendance anarchiste au sein des internationalistes verviétois.

Domicilié en 1873, rue des Franchimontois à Verviers, Pierre Bastin, tisserand, est, avec Émile Piette et Gérard Gérombou, un des leaders de la tendance la plus radicale du mouvement ouvrier verviétois jusqu’en 1880. Au contraire de son homonyme, Hubert Bastin, délégué à Bâle en 1869, il ne joue pas de rôle important avant 1873.

Membre du Conseil fédéral verviétois de l’Association internationale des travailleurs (AIT) dès février 1873 au moins, et, à ce titre, rédacteur du Mirabeau, Pierre Bastin représente sa fédération au Congrès belge d’Anvers des 15 et 16 août 1873. Il y fait adopter une motion déclarant que « toutes les fédérations et sections de l’Internationale sont tenues de travailler activement à l’organisation de la grève générale et d’abandonner complètement la poursuite des grèves partielles, sauf en cas de légitime défense. » (L’Internationale, 31 août 1873)

Pierre Bastin prône la révolution au Congrès belge d’avril 1874 à Baume (pr. Hainaut, arr. Soignies). Il est alors membre du Conseil fédéral belge, installé à Verviers de janvier 1874 à fin 1875. En tant que tel, il est correspondant pour Liège puis, en 1875, pour le Borinage (pr. Hainaut), ainsi que secrétaire pour l’étranger d’avril à juillet 1874. Il participe très activement au Congrès international qui se tient à Bruxelles du 7 au 13 septembre 1874.

Au milieu des années 1870, la section belge de l’AIT est en très net déclin et divisée entre révolutionnaires et partisans de l’action politique. Le transfert du Conseil belge à Anvers en janvier 1876 traduit la remontée du courant modéré. À l’automne, Pierre Bastin et Gérard Gérombou s’opposent en vain à ce que la section belge appuie une pétition d’ouvriers gantois à la Chambre.
Déçus par la tendance « légaliste », ils finissent par se retirer de l’Internationale et fondent, le 1er novembre 1876, le cercle anarchiste, L’Étincelle. Soutenus par leurs amis de la fédération jurassienne (Suisse), ils parviennent à reconquérir leur ancienne influence dans Le Mirabeau dans le courant de 1877. Mais les révolutionnaires sont de plus en plus isolés. Au début de 1878, le Conseil belge de l’AIT est transféré à Bruxelles, l’endroit le moins favorable aux thèses anarchistes.

Pierre Bastin rompt peu après avec Le Mirabeau et, toujours avec Émile Piette et Gérard Gérombou, publie, à partir de juillet 1878, Le cri du peuple, qui paraît un an. Également œuvre de L’Étincelle, La Persévérance lui succède en août 1880 mais disparaît dans le courant de l’année suivante, après avoir combattu les principes « évolutionnistes » du premier Parti socialiste belge et défendu les thèses révolutionnaires. Piette et Gérombou s’expatrient peu après 1881, et on n’entendra plus parler de Pierre Bastin. En revanche, le cercle L’Étincelle subsiste jusqu’à la fin du siècle.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140052, notice BASTIN Pierre, Jean. par Freddy Joris, version mise en ligne le 27 mars 2012, dernière modification le 4 janvier 2021.

Par Freddy Joris

SOURCES : FREYMOND J. (dir.), La Première Internationale. Recueil de documents, t. III, Genève, 1971, p. 181-184, 515 ; t. IV, 1971, p. 715 – WOUTERS H., Documenten betreffende de geschiedenis der arbeidersbeweging ten tijde van de Ie Internationale (1866-1880), deel III, Leuven-Paris, 1971, p. 1723 (Cahiers du Centre interuniversitaire d’histoire contemporaine, 60) (index à Hubert Bastin par erreur) – JORIS F., La presse verviétoise de 1850 à 1914, Louvain-Paris, 1982, p. 125-135, 169 (Cahiers du Centre interuniversitaire d’histoire contemporaine, 92).

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