BRACHET Pierre. [Belgique]

Par Freddy Joris

Etterbeek (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 21 janvier 1911 − Madrid (Espagne), 9 novembre 1936. Avocat, collaborateur du Peuple, volontaire des Brigades internationales.

Pierre Brachet est le fils de l’éminent anatomiste et biologiste, Albert Brachet, professeur à l’Université libre de Bruxelles (ULB) et membre du Parti ouvrier belge (POB). Quand son père meurt en 1931, Pierre Brachet est lui-même étudiant en droit à l’ULB.

Militant socialiste, Pierre Brachet préside le groupement universitaire pour la Société des nations (SDN) et, au niveau national, l’Association générale des étudiants socialistes (AGES). En juillet 1929, il participe à la Deuxième Journée internationale des jeunesses socialistes à Vienne. Il mène les débats de plusieurs congrès de l’AGES, participe à toutes les manifestations universitaires, et voyage aussi en Amérique et en Europe, tout en travaillant sur les bateaux pour payer ses déplacements. En 1933, il embarque sur un chalutier de « la flotte rouge » vers l’Islande pour un reportage qui paraît dans Le Peuple.

Encore étudiant, Pierre Brachet devient chroniqueur judiciaire au Peuple mais, en désaccord concernant certaines orientations politiques, il préfère ne poursuivre sa collaboration au quotidien du parti qu’au travers de reportages ponctuels. Il délaisse alors son activité dans les cercles estudiantins pour professer à la Centrale d’éducation ouvrière : il donne fréquemment des conférences, en soirée, dans des villages du Centre (pr. Hainaut), du Borinage (pr. Hainaut) ou du Namurois.
Docteur en droit, Pierre Brachet entre dans l’équipe rédactionnelle du Peuple ; il y reste de juillet 1932 à juillet 1933, tout en continuant à voyager. Il est admis au barreau de Bruxelles en septembre 1933, et devient le défenseur des malheureux dont s’occupe le Fonds Mattéoti. Brachet quitte la rédaction du Peuple mais ne cesse pas d’adresser au journal des chroniques signées « Actus » ou « Prétorien ». Il continue aussi sa collaboration à la Centrale d’éducation ouvrière et est en outre conseiller juridique de la Commission syndicale (syndicat socialiste interprofessionnel).

Militant socialiste sincère et ardent, Pierre Brachet n’en témoigne pourtant pas d’un attachement aveugle à cet engagement. En août 1933, il écrit à un ami : « En fait, de ma foi socialiste, de ma conscience prolétarienne, de mon élan révolutionnaire, de mes convictions marxistes, en un mot de tout cet ensemble, construit au prix de travaux si pénibles et qui fut un temps la raison même de ma vie, il ne reste plus que de bien futiles traces, comme, par exemple, quelques articles de ce cadre de morale commun à tous les membres du PO, qui exige notamment que je lise Le Peuple tous les soirs et que j’achète mes cravates à la Maison du peuple, vestiges modestes mais persistants d’un monument enseveli. »

Fin 1935, début 1936, Pierre Brachet prépare un voyage en Éthiopie à l’occasion duquel il ferait un reportage pour Le Peuple mais l’insurrection nationaliste en Espagne en décide autrement. Le 29 septembre 1936, il est à Barcelone. Le 1er octobre, il s’engage au bataillon Union Hermanos Proletarios (UHP), nom du front commun des mouvements de gauche lors des grèves asturiennes de 1934, à Madrid. Là il trouve un sens à son engagement politique. Il est affecté à une section de mitrailleurs avec le grade de sous-lieutenant. Dans une lettre à sa mère, datée du 23 octobre, Pierre Brachet avoue : « J’ai été membre du POB pendant quelques années mais je puis dire maintenant que je ne savais pas ce que c’est le socialisme ; c’est ici que je l’ai appris et c’est pour moi une magnifique leçon d’enthousiasme et de foi. » Ses toutes dernières lignes témoignent également de cette foi. « Nous vivons ici des heures d’exaltation et d’espoir. Madrid ne sera jamais pris. »

Pierre Brachet meurt au front le 9 novembre 1936 à vingt-cinq ans. Le directeur du Peuple écrit à son sujet : « Au moment où les habiles, les retors, les courtisans se remuent et s’agitent, tentent de duper l’opinion, la mort de Pierre Brachet apporte une hautaine et sereine leçon aux médiocres, aux sceptiques et aux irrésolus ». La mère de Pierre Brachet part à son tour en Espagne fin 1936 et, pendant sept mois, y soigne les enfants espagnols. Le nom du jeune militant socialiste devient un symbole : une « Compagnie Pierre Brachet », formée de volontaires belges combat devant Madrid en juillet 1938.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140068, notice BRACHET Pierre. [Belgique] par Freddy Joris, version mise en ligne le 27 mars 2012, dernière modification le 9 novembre 2023.

Par Freddy Joris

SOURCES : Le Peuple, novembre 1936 − Au secours de l’Espagne. Hommage à Pierre Brachet, s.l., Noël 1936, 16 p. − PEVTSCHIN G., Pierre Brachet (..), novembre 1946 (discours au jeune Barreau de Bruxelles) − Du POB au PSB, Bruxelles, 1974, p. 201-203 − CAMBIER P., Pierre Brachet parmi nous, Bruxelles, 1986.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable