DESNOS René.

Par José Gotovitch

Mont-Sainte-Aldegonde (aujourd’hui commune de Morlanwelz, pr. Hainaut, arr. Thuin), 16 juin 1906 – Estinnes-au-Mont (commune d’Estinnes, pr. Hainaut, arr. Thuin), mai 1965. Ouvrier mineur, militant syndical et dirigeant communiste, déporté, conseiller provincial du Hainaut.

Fils de Camille Desnos et de Marie Caillaux, René Desnos achève l’école primaire et entre à la mine. Il effectue son service militaire en 1926 au 6ème de Ligne. Il se marie avec Berthe Valenduc, née le 1 novembre 1908, sans profession, et leur enfant, Marcel, naît le 9 mai 1927 à Estinne-au-Mont où s’est fixé le ménage.

René Desnos adhère au Parti communiste belge (PCB) en 1931 et participe activement aux grèves de 1932. En 1937, il écope d’une légère condamnation pour rassemblement interdit. Devenu secrétaire permanent de la Fédération de Thuin, il est, en 1939, deuxième candidat à la Chambre et suppléant à la Province. Il est élu au Comité central du parti lors du Congrès de 1939. Retourné dans la mine, il est élu délégué principal aux charbonnages de Bray (aujourd’hui commune de Binche, pr. Hainaut, arr. Thuin).

Dès le début de l’Occupation, René Desnos organise les revendications de son charbonnage. Il est retenu quelques heures par les Allemands en juillet 1940. Lors du grand mouvement de grève dans le Centre (pr. Hainaut) et à Liège (pr. et arr. Liège) en janvier 1941, il dirige l’action. L’occupant le désigne comme instigateur et, en son absence, arrête une vingtaine de mineurs et sa femme. Il se livre le 15 janvier. Il est jugé et condamné à un an de prison qu’il accomplit à Mons (pr. Hainaut, arr. Mons), Saint-Gilles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale) et Merxplas (pr. Anvers, arr. Turnhout). Une très active campagne est menée contre son incarcération. Libéré le 14 janvier 1942, il plonge dans la clandestinité, en qualité de secrétaire d’organisation à la Fédération de Charleroi (pr. Hainaut). Il est arrêté à Marchienne-au-Pont (aujourd’hui commune de Charleroi, pr. Hainaut, arr. Charleroi), avec le liégeois Raymond Geenen, le 23 décembre 1942, sur dénonciation de l’informateur de la sûreté allemande, Désiré Paquet. Il connaît alors la déportation : Breendonk (commune de Willebroek, pr. Anvers, arr. Malines), Vught (Pays-Bas), Sachsenhausen (Brandenburg, Allemagne) et Buchenwald (Thuringe, Allemagne). Demeurée seule et sans ressource, sa femme sollicite en décembre 1944 le soutien public pour survivre et assurer les études entreprises par leur fils à l’Athénée de Mons.

Rapatrié le 10 mai 1945, René Desnos est désigné, après six mois de convalescence, secrétaire puis président de la Fédération du PCB de Thuin. Il s’accommode mal des pratiques nouvelles d’un parti florissant et entre en conflit avec d’autres permanents.

Élu conseiller provincial lors du scrutin de 1946, René Desnos passe au Syndicat unique des mineurs du Centre en qualité de secrétaire permanent. Il vit la déliquescence du syndicat, agrémentée de difficultés avec les délégués d’entreprise et les dirigeants du PCB. En mai 1950, il est écarté, licencié du cadre permanent, chômeur au 1er juin 1950. Les charbonnages de la région lui refusent longtemps l’embauche. Il trouve à s’employer à l’Héribus de Cuesmes (aujourd’hui commune de Mons, pr. Hainaut, arr. Mons). Malade, il est admis à la pension en 1954.

Victime de la bureaucratie du PCB après-guerre, ce militant, célébré comme un héros sous l’Occupation, répond à une commission chargée d’étudier le cas de militants, victimes de l’arbitraire : « J’ai été malade et les seuls docteurs que j’attendais ne se sont jamais présentés à mon chevet… J’avais des défauts mais aussi des qualités, la plus belle et la plus noble était surtout mon attachement indéfectible au parti… N’attendez plus de moi un exploit retentissant. La flamme s’est éteinte. Je ne crois plus en la possibilité de la ranimer… »

René Desnos est un exemple type des militants ouvriers venus au PCB dans et à travers les affrontements de classe, qui ne purent trouver leur place dans un parti de « pouvoir », grandi et « glacé ». Ses funérailles civiles ont lieu le 8 mai 1965.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140131, notice DESNOS René. par José Gotovitch, version mise en ligne le 2 avril 2012, dernière modification le 13 janvier 2020.

Par José Gotovitch

SOURCES : Le Drapeau rouge, Liberté, Clarté, janvier, mars 1941 – CArCoB, dossier de René Desnos – Archives générales du Royaume, Fonds SPF Sécurité sociale, Direction générale Victimes de la Guerre, dossier Prisonnier Politique.

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