LEFEBVRE Maurice, Émile

Par Gérard Boëldieu

Né le 5 mars 1891 à Fresnay (aujourd’hui Fresnay-sur-Sarthe, Sarthe) ; mort le 17 novembre 1975 au Mans (Sarthe) ; ingénieur des Travaux publics ; ancien combattant de la Grande Guerre ; membre de l’ARAC ; a participé à la construction de l’ossuaire de Douaumont ; militant communiste ; Résistant ; membre du Comité départemental de Libération de la Sarthe ; Combattant de la paix puis membre du Mouvement de la paix ; conseiller municipal du Mans de 1953 à 1959 ; membre de la Libre Pensée.

Né d’un père originaire du Calvados, employé de chemin de fer à la Compagnie de l’Ouest, et d’une mère native de l’Ille-et-Vilaine, sans profession, Maurice Lefebvre, qui étudia à l’École pratique du Mans, fit carrière dans les Travaux publics avec le titre d’ingénieur.

Ancien combattant (engagé volontaire) de la Grande guerre, Lefebvre adhéra à l’Association républicaine des Anciens combattants (ARAC). Il milita au Parti communiste, en Eure-et-Loir dans l’Entre-deux-guerres, dans la Sarthe après la Libération.

Entre 1923 et 1932, au sein de l’entreprise Jouvet de La Loupe (Eure-et-Loir), Maurice Lefebvre participa aux travaux de construction de l’ossuaire de Douaumont. Lors du cinquantenaire de la bataille de Verdun, dans un entretien accordé au quotidien régional Ouest-France (numéro du 2 mars 1966), il disait avoir « dirigé les travaux » ; dans sa notice nécrologique parue dans Le Maine-Libre (22-23 novembre 1975), on lit : « M. Lefebvre avait réalisé les plans de l’ossuaire de Douaumont ».

Le 6 juin 1944, Lefebvre participa à des actes de sabotage sur le réseau téléphonique allemand autour du Mans. Le 4 octobre suivant, au titre de représentant du Parti communiste (le second après Jean Le Paranthoën*), il entra dans le Comité départemental de Libération (CDL) de la Sarthe, présidé par Henri Ledru*, où il fut chargé de l’examen des dossiers de collaborateurs et de traîtres. Lefebvre fit partie de l’Association nationale des Anciens combattants de la Résistance (ANACR).

Lefebvre fut, dans la Sarthe, un des Combattants de la Paix et de la Liberté de la première heure. Aux côtés du même Henri Ledru (socialiste unitaire) et de Camille Salles* (communiste, ex-secrétaire local du Front National, secrétaire départemental de l’ARAC), il siégea au bureau provisoire, de la fin de 1948 au 4 avril 1950. Ensuite président du comité départemental définitif jusqu’en 1953-54, actif contre la guerre d’Indochine, les accords de Bonn, ceux de Paris, il s’employa à réaliser « l’union de la Résistance » contre la Communauté européenne de défense (CED). Dans ces années, il siégea au Conseil national du Mouvement de la Paix.

En 1950, pour avoir lancé, le 26 avril, à un commandant de gendarmerie « vous avez bien gagné votre avoine », en sortant du tribunal correctionnel de La Flèche qui venait de sanctionner trois militantes sarthoises de l’Union des femmes françaises (UFF), dont Germaine Guesnay*, accusées d’atteinte au moral de l’Armée en pleine guerre d’Indochine, Lefebvre fut incarcéré puis condamné par le même tribunal à six mois de prison avec sursis et à la perte de ses droits civiques. Dans cette condamnation, Lefebvre vit, selon ses propres termes, la « contrepartie évidente de l’action que j’ai menée au sein du CDL contre les collaborateurs et les traîtres ». Alors conseiller municipal de La Loupe, il fut toutefois réintégré dans ses droits par le juge de paix.

Lorsqu’à l’issue des municipales de mars 1953, Maurice Lefebvre fut au nombre des huit conseillers municipaux communistes du Mans, l’Institut des statistiques de Nantes ordonna formellement au maire de lui notifier sa radiation des listes électorales. Le maire gaulliste Chapalain convoqua Lefebvre puis une commission « pour entériner cette radiation ». Au cours de la séance du conseil municipal du 3 juillet 1953, Robert Manceau*, conseiller municipal et député communiste, s’efforça de convaincre le maire et la commission de refuser de prendre position, un avis de leur part pouvant inciter le préfet à prononcer la révocation de Lefebvre du conseil municipal. Lefebvre fit appel. Il bénéficia probablement, comme il le demandait, « des dispositions d’amnistie contenues dans les textes de la dernière loi électorale ». Il siégea au conseil municipal du Mans jusqu’en 1959.

Pendant ce mandat d’élu municipal, à deux reprises, Lefebvre fut candidat malheureux dans des cantons réputés difficiles pour les communistes : le premier canton du Mans en 1955, celui de Montmirail en 1958.

Pendant ce mandat d’élu municipal, à deux reprises, Lefebvre fut candidat malheureux lors d’élections cantonales dans des cantons réputés difficiles pour les communistes : le premier canton du Mans en 1955, celui de Montmirail en 1958. Aux sénatoriales de juin 1958 puis à celles d’avril 1959, il figura en tête de la liste des trois candidats communistes qui furent largement distancés par la droite.

Maurice Lefebvre était marié et père d’un fils. À son décès, des suites d’une longue maladie, il était vice-président local de l’ARAC, président d’honneur de l’ANACR, président de la section du Mans de la Libre Pensée.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140138, notice LEFEBVRE Maurice, Émile par Gérard Boëldieu, version mise en ligne le 2 avril 2012, dernière modification le 21 avril 2012.

Par Gérard Boëldieu

SOURCES : État civil de Fresnay (consulté sur le site internet des Archives départementales de la Sarthe). – Archives municipales du Mans : registre des délibérations du conseil municipal 78 W 6 (contient le procès-verbal de la séance du 3 juillet 1953). – L’Aurore sarthoise, organe de la fédération sarthoise du PCF, du 28 avril 1950 (affaire de La Flèche) ; des 17-23 avril 1953 (élections municipales, notices sur les candidats communistes au Mans). – Presse locale (pour l’ensemble des élections) – Ouest France du 2 mars 1966 (cinquantenaire de la bataille de Verdun). – Le Maine Libre des 22-23 novembre 1975 (brève notice nécrologique) – Jacques Termeau, « Le Comité départemental de la Libération (CDL) de la Sarthe. 1944-1945 », Bulletin de la Société d’Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe, 1989, paru en 1990, p. 123 à 135 – Robert Jarry, Les communistes au cœur des luttes des travailleurs Sarthois 1920-1970, Le Mans, 1970, 2 tomes.

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