Par Jacques Girault
Né le 1er janvier 1915 à Petit-Canal (Guadeloupe), mort le 1er septembre 2001 à Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence) ; professeur en Guadeloupe puis dans les Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence ; militant syndicaliste ; militant communiste, adjoint au maire de Sisteron.
Fils d’un charpentier-charron et d’une couturière, Aristide Magen vécut en Guadeloupe jusqu’en 1934. Boursier, interne au lycée Carnot de Pointe-à-Pitre, il obtint le brevet de capacité colonial de l’enseignement secondaire (désignation d’alors du baccalauréat). Bénéficiaire d’un prêt d’honneur, il vint poursuivre ses études à Montpellier à la faculté des sciences tout en étant maître d’internat. Après avoir obtenu des licences de mathématiques et de sciences physiques, il effectua son service militaire en 1939-1940 qu’il termina comme sous-lieutenant dans un régiment d’artillerie. Il fut délégué pour enseigner les mathématiques au collège de Mende (Lozère). Puis il retourna en Guadeloupe pour enseigner les mathématiques en 1946, avant de revenir en métropole comme professeur au collège de Sisteron à partir d’octobre 1953.
il s’était marié en 1938 avec Élise Valentin, fille d’un menuisier-ébéniste et d’une brodeuse, qu’il avait connue alors qu’elle préparait une licence d’allemand. Le couple eut treize enfants.
Aristide Magen participa à la constitution du Syndicat national de l’enseignement secondaire en 1944 en Lozère et fut de 1944 à 1946 le secrétaire-adjoint de la section syndicale (S1) du collège de Mende. Il occupa la même responsabilité à Pointe-à-Pitre entre 1951 et 1953. Au collège de Sisteron, il fut trésorier du S1 du collège devenu lycée Paul Arène.
Aristide Magen adhéra au PCF en 1946 avant son retour en Guadeloupe. Trésorier fédéral (1947-1949), il devint secrétaire politique (1949-1953) de la fédération communiste de Guadeloupe après le départ d’Amédée Fengarol de cette responsabilité. Par la suite, en métropole, il suivait de près la vie politique de la Guadeloupe notamment par des articles dans la presse communiste. En 1956, il fut condamné pour diffamation envers le Préfet de la Guadeloupe.
A Sisteron, Magen devint en 1955 membre du secrétariat de la section communiste de Sisteron, responsable de la propagande, puis en 1956 seulement membre du bureau de la section. Il retrouva au début des années 1960 le secrétariat de la section et redevint membre du seul bureau de section au début des années 1970. Favorable avec son épouse dès 1954 à l’indépendance de l’Algérie, il entra au comité de la fédération communiste en 1957. Renouvelé par chaque conférence fédérale jusqu’en 1971, il fut par la suite élu comme président de la commission fédérale de contrôle financier de 1971 à 1974 puis comme simple membre jusqu’en 1979. Selon le rapport de Marcel Dufriche sur la réunion du comité fédéral, le 2 décembre 1956, il avait « fustigé la position de certains intellectuels à propos des événements de Hongrie, montrant que leur position et celle de Tito se rejoignent dans la négation de la lutte des classes comme moteur de l’histoire ». Ce jour-là, il souhaita que l’hebdomadaire communiste France nouvelle puisse développer des « problèmes d’éducation comme l’impérialisme et la lutte des classes. » Il vota en 1964 contre la résolution condamnant les orientations du Parti communiste chinois mais protesta quand certains communistes le considérèrent comme un « pro-chinois ». Selon des rapports de Gaston Viens, sans avoir fait d’autocritique, il montra par la suite « son accord avec notre ligne ». Il était à partir de la fin des années 1950 le secrétaire départemental de l’association France-URSS.
Aristide Magen fut le candidat communiste au Conseil général dans le canton de Lauzet-sur-Ubaye en 1958 ; il refusa d’être à nouveau candidat dans le même canton en 1964 puisqu’il avait exprimé son désaccord avec les orientations de la politique du PCF et qu’il devait se consacrer à son métier.
Il fut élu conseiller municipal et deuxième adjoint au maire de Sisteron en 1971. Il fut réélu en 1977.
Par Jacques Girault
SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Notes de Jean-Pierre Sainton. — Renseignements fournis par Gabrielle Magen, fille des intéressés.