MARIVIN André, Jean, Joseph

Par François Prigent

Né le 28 janvier 1932 à Rennes (Ille-et-Vilaine) ; ouvrier ; permanent syndical de l’UL-CFTC-CFDT de Fougères (1958-1967) ; secrétaire général de l’UD-CFDT en Ille-et-Vilaine (1967-1978) ; militant JOC ; militant MLP puis UGS ; militant PSU puis PS.

Sympathisant communiste, son père Joseph Marivin (né en 1906) était employé de commerce (vendeur-étalagiste de vêtements). Entre 1930 et 1947, il adhérait à la CGT, avant de passer à la CFTC sous l’influence conjointe dans cette branche professionnelle de Robert Duvivier et de Pierre Legavre. Catholique pratiquante, sa mère Fernande Ridard, employée de maison puis couturière à domicile (brodeuse), n’avait pas d’engagement militant mais votait pour les candidats démocrates-chrétiens.

Passé par les écoles privées à Guichen puis Rennes, André Marivin obtint son CEP en juin 1945. Marqué par l’emprise du monde clérical de l’enseignement privé, il passa un baccalauréat de philosophie en 1951. Depuis 1942, il fréquentait le milieu du scoutisme rennais, à l’instar de Pierre Bourges.
Lecteur de Témoignage Chrétien, il militait au sein des réseaux jocistes dès 1949, mais aussi du MLP (tout comme Félix Nicolo). Ce choix militant résultait d’une prise de conscience précoce des injustices sociales, vécues au quotidien en raison des origines sociales familiales.

Au terme d’un stage FPA, André Marivin devint coffreur en béton armé, adhérant à la CFTC dès 1952, très marqué par les figures syndicales de Robert Duvivier, Pierre Legavre et Léon Rétif*.

Entre 1956 et 1958, il fut permanent au secrétariat social du Dahomey à Cotonou, jusqu’à son rapatriement sanitaire en août 1958. Imprégné par le personnalisme de Mounier, il fut influencé par les théories du père Lebret à Dakar (Économie et Humanisme), militant à la Confédération Africaine des Travailleurs Croyants et à l’Union Démocratique du Dahomey-Rassemblement Démocratique Africain.

Revenu en Bretagne, il devint permanent de l’UL-CFTC de Fougères en septembre 1958. André Marivin était très proche de Jean Farard (secrétaire de l’UL puis permanent à Fougères). Très présent sur le front des luttes sociales à Fougères, il animait la vie militante de l’UL, prenant spécifiquement en charge également les secteurs professionnels des métaux et du vêtement dans le département. Il était positionné sur la ligne Reconstruction, jouant un rôle important dans le basculement des réseaux syndicaux chrétiens vers la CFDT en 1964. Ayant noué des liens forts avec Albert Tréluyère*, André Marivin conserva les fonctions de permanent de l’UL-CFDT de Fougères jusqu’en août 1967.

Adhérent à l’Union de la gauche socialiste (UGS) depuis 1958, il avait été marqué par l’expérience du Front Républicain puis par Mendès-France. En 1961, il fit une demande d’adhésion au PSU, rejetée par la direction laïque du milieu partisan en Ille-et-Vilaine incarné par le secrétaire fédéral Pierre Le Coadic*, prétextant son mariage à l’Église. Finalement accepté au PSU en 1962, André Marivin scolarisait ses filles dans les écoles publiques.
Entre septembre 1967 et août 1978, il fut permanent CFDT à Rennes. Il occupait également les responsabilités de secrétaire général de l’UD durant cette période, relayant Félix Mauger* (1962-1967), candidat PSU aux législatives de juin 1968 à Redon.

Militant CFDT de tout premier plan, il contribua au renforcement de l’implantation de la CFDT en Ille-et-Vilaine, très présente dans les luttes sociales notamment de la période 1968-1973. Entre 1968 et 1974, André Marivin faisait aussi partie de la commission politique confédérale, s’inscrivant dans la ligne syndicale de Jacques Julliard, Albert Detraz voire Jacques Moreau* et Pierre Rosanvallon*. En octobre 1974, il fit partie des dirigeants majeurs de la CFDT en Bretagne à appuyer le mouvement des Assises du Socialisme avec Jean Le Faucheur, Michel Cadoret et Tino Kerdraon. Dénonçant finalement sa signature en novembre 1974, il rejoignit les secrétaires des UD du Finistère (Robert Caradec) et du Morbihan (André Laurent), qui avaient choisi de ne pas soutenir l’entrée de la composante syndicale CFDT au sein du PS.

En 1977-1978, tout en restant très critique, il finit par sauter le pas de l’adhésion au PS (courant rocardien), retrouvant de façon irrégulière d’autres responsables bretons de la CFDT comme André Laurent, Robert Duvivier, Jean Mobian* (conseiller général de Guilers en 1992) ou Tino Kerdraon (député de Brest en 1997).

En 1978, il passa le relais à Michel Duthoit puis André Dorso, qui étaient à la tête de la CFDT Ille-et-Vilaine.

À quarante-six ans, il reprit ses études en AES, soutenant une maîtrise en 1981, sous la direction de Alain Evin (futur président du CESR Bretagne) et Joël Clatin (ancien PSU). En 1980, il avait été recruté comme responsable d’une cellule d’action sanitaire et sociale (logement) à la ville de Rennes. Travaillant en liaison étroite avec Edmond Hervé*, André Marivin occupa ces fonctions jusqu’à son départ en retraite en 1992.

Au début des années 1980, André Marivin faisait partie des rouages essentiels du milieu partisan socialiste à Fougères (réseaux ouvriers chrétiens, issus de la CFDT-PSU). A l’instar de François Bourgeon (candidat PSU aux cantonales en 1973) et Gérard Fonteneau (futur secrétaire adjoint de la CMT à Bruxelles), cette nouvelle génération militante contribua à l’émergence politique de Jacques Faucheux, maire de Fougères (1983-2008) et conseiller régional (1992-2004). En effet, le recrutement militant s’était profondément transformé, le milieu socialiste étant ancré jusqu’à la fin des années 1960 sur les filières laïques et anticommunistes, incarnées par Joseph Fournier (responsable FO).

En 2004, André Marivin faisait partie des signataires du manifeste « Questions à la CFDT », adresse parue dans Le Monde, rassemblant les opposants au tournant confédéral opéré depuis la réforme des retraites en 2003. Toujours adhérent PS, il est surtout resté très actif au sein du groupe des retraités CFDT en Ille-et-Vilaine.

Depuis novembre 1960, il est marié avec Madeleine Janvier (née le 22 juin 1934). Agent de maîtrise puis chef de coupe chez Cyclone à Fougères, elle était aussi syndiquée à la CFTC et à la CFDT. Devenue professeure en lycée professionnel à partir de 1972, elle militait également au SGEN.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140157, notice MARIVIN André, Jean, Joseph par François Prigent, version mise en ligne le 3 avril 2012, dernière modification le 5 juin 2018.

Par François Prigent

SOURCES : Arch. Dép. d’Ille-et-Vilaine. — Arch. de la CFDT d’Ille-et-Vilaine. — Arch. de l’OURS et la FJJ, dossiers Ille-et-Vilaine. — Arch. Privées André Marivin - Arch. Privées Pierre Bourges. — Fichier des adhérents du PSU en 1965. — Fichier des responsables CFDT en Bretagne transmis par Tudi Kernalegenn. — Ouest-France. — Luc Berlivet, Transformations et permanences de la CFTC-CFDT en Bretagne. Deux générations de syndicalistes, DEA d’études politiques, Rennes I, octobre 1991. — André Dorso, Les facteurs d’évolution syndicale. Histoire de la CFTC-CFDT des origines à 1964 en Ille-et-Vilaine, diplôme des hautes études en pratiques sociales, collège coopératif en Bretagne, 1987. — Valérie Jarnot, Éléments pour une histoire de la CFDT en Ille-et-Vilaine (1964-1971), maîtrise, 1989, Rennes 2. — Claude Lode, Le syndicalisme comme acteur dans l’entreprise et dans l’espace local. Difficultés d’une expérience syndicale CFTC- CFDT à Fougères (1950-1976), diplôme des hautes études en pratiques sociales, collège coopératif en Bretagne, Rennes, 1988. — Tudi Kernalegenn, François Prigent, Gilles Richard, Jacqueline Sainclivier (dir.), Le PSU vu d’en bas. Réseaux sociaux, mouvement politique, laboratoire d’idées (années 50 - années 80), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009, 343 pages. — Entretiens avec André Marivin, Jean Farard, Tino Kerdraon, Jean Mobian, Edmond Hervé, Albert Tréluyère, Jacques Faucheux, Pierre Bourges. — État civil.

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