LOUET Roger, Henri

En raison de la dispersion de sa famille à la suite de l’entrée des troupes allemandes à Paris, Roger Louet fut contraint d’abandonner, au niveau du bac, ses études effectuées à l’Ecole primaire supérieure Arago. Pour aider à subvenir à sa famille, il fut apprenti mécanicien. Lors de l’instauration du service du travail obligatoire (STO), Roger Louet se réfugia à la campagne où il fut ouvrier agricole. Il entra en contact avec la résistance locale dans l’Aube et il prit part à la liquidation des dernières poches des troupes allemandes subsistant après l’avance alliée.

À la Libération, il reprit ses études à Paris et s’orienta vers l’électromécanique. Il s’engagea pour trois ans dans la marine nationale, ce qui le conduisit en Indochine puis dans le Pacifique. Rentré en France, Roger Louet fut engagé comme opérateur radio à Radio France, alors entreprise privée. Il se syndiqua à Force ouvrière et prit rapidement des responsabilités : secrétaire adjoint de la section et représentant du personnel au comité d’entreprise. En 1954, Radio France fut absorbée et intégrée aux PTT. Roger Louet poursuivit ses activités syndicales au sein de la section de la région parisienne de la Fédération syndicaliste FO des PTT.Immédiatement, il fut élu à la commission exécutive puis au bureau de l’Union départementale interprofessionnelle de la région parisienne. En 1956, il devint secrétaire général de cette union départementale.

Lors du congrès confédéral d’octobre 1956, Roger Louet vota en faveur de la motion minoritaire sur l’Algérie soutenue par Alexandre Hébert (UD de Loire-Inférieure), Adolphe Sidro (Fédération des employés et cadres) et Diagne (PTT Sénégal), motion s’exprimant, sans préjuger du statut futur de l’Algérie, en faveur de la reconnaissance accordée au peuple algérien de disposer de lui-même, d’un cessez-le-feu immédiat et de négociations entre les parties. Le texte minoritaire obtint 2 225 voix contre 9 522 en faveur du texte majoritaire défendu par Camille Mourgues (Fédération des PTT), Fernand Manchon (UD de Constantine), Mohamed Kellal (Syndicat des cadres des PTT de l’Ile-de-France).

Lors de la réunion du comité confédéral national de FO, le 19 avril 1959, Roger Louet fut élu en remplacement de Raymond Le Bourre. Ce dernier, bien qu’ayant obtenu la majorité absolue et donc considéré comme élu, estima que son mauvais score, par rapport aux autres secrétaires confédéraux, fut une sorte de vote de défiance. Il quitta ainsi ses fonctions confédérales. Roger Louet eut la responsabilité du secteur économique et social au sein de sa confédération. En 1964, il fut désigné par son organisation pour siéger au sein du Conseil économique et social (CES). Il eut la charge de présenter en 1973 devant l’Assemblée nationale l’avis du CES sur le projet de loi sur la réforme du droit de licenciement.

À partir de 1964 et pendant près de dix ans, Roger Louet participa, soit comme délégué travailleur, soit comme conseiller technique travailleur au sein de la délégation de la France à toutes les sessions de la Conférence internationale du travail à Genève. Entre le 12 juin 1969 et novembre 1973, il assuma le mandat de membre adjoint du conseil d’administration du Bureau international du travail à Genève.

En juin 1973, Roger Louet rejoignit le Conseil économique et social européen à Bruxelles où il poursuivit une carrière d’abord de directeur général puis de secrétaire général.

Retiré, en retraite, à Carlux (Dordogne), il continua, malgré sa santé défaillante, à suivre avec intérêt l’évolution du mouvement syndical au niveau national et international. Il fut promu, en 2003, commandeur dans l’Ordre national de la Légion d’honneur.