LERGENMULLER Marthe [née BRIVOUL]

Par Françoise Olivier-Utard

Née le 3 juillet 1896 à Lemsal (Lettonie), morte le 26 novembre 1973 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; employée de bureau ; militante CGTU ; communiste ; présidente de la section de Strasbourg de l’Union fraternelle des femmes contre la guerre en 1930, secrétaire générale de la même Union pour l’Alsace-Lorraine en 1934, membre de l’UFF après 1944.

Marthe Brivoul naquit dans une famille française installée en Lettonie, à 90 km de Riga. Son père s’appelait André Brivoul et sa mère Pauline Prédit. Ses parents lui apprirent la langue française. A l’école elle apprit vraisemblablement les deux langues en usage en Lettonie jusqu’en 1917, l’allemand et le russe. Marthe fut employée de maison dans une riche famille lettone. Elle rencontra son futur mari pendant la guerre civile qui commença en Russie en 1917. Les Lettons se battaient aux côtés de l’armée bolchevique, que Louis Lergenmuller*, déserteur alsacien de l’armée allemande avait rejointe. Le couple rentra en Alsace et se maria en 1920.

Louis milita à la CGTU, dans le secteur de l’alimentation. Il est vraisemblable que Marthe et Louis rejoignirent ensemble les rangs du parti communiste. Ils ne suivirent pas Hueber* dans sa dissidence en 1929 et restèrent donc des communistes orthodoxes ou lignistes. Leur vie, avec leur petite fille, devait être difficile, puisqu’ils habitaient à la caserne Ganeval, où étaient logées des familles aux revenus très faibles. Employée de bureau, Marthe eut la force ou l’audace de devenir une militante syndicale. En 1930, elle partit à Moscou, au 5ème congrès de l’ISR, en tant que membre de la délégation alsacienne, qui comprenait Henri Sommer (CGTU-bois du Bas-Rhin), Henri Weber (secrétaire de l’USTM du Haut-Rhin) et Huglin (CGT Colmar). On peut penser que sa bonne connaissance de l’allemand et du russe avait facilité sa désignation comme déléguée. La police essaya de l’empêcher de partir en lui retirant son passeport le 13 août 1930, mais elle réussit à le récupérer pour partir en septembre. Elle assista aux travaux du congrès. Elle en envoya un compte-rendu qui fut publié dans l’Humanité de Metz du 22 août 1930. Son séjour dura 6 semaines. Elle rentra à Strasbourg le 2 octobre après avoir fait un passage à Hambourg où elle rencontra des organisations de femmes allemandes. Elle fut arrêtée et fouillée à la douane de Kehl. On trouva dans ses bagages des tracts en russe, en allemand, un exemplaire d’un journal de Riga et les lettres de son mari : les services de la police spéciale furent très déçus de ne trouver que de la propagande. Ils cherchaient des adresses et des noms.

Le 7 décembre de la même année, elle prit la parole à un meeting organisé par l’ARAC et l’Union fraternelle des femmes contre la guerre impérialiste dont elle présidait la section de Strasbourg, dans les locaux du Jardin populaire, pour expliquer pourquoi cette association de femmes avait été créée après le vote de la loi Paul Boncour, qui prévoyait la réquisition des femmes en cas de guerre : si les femmes peuvent faire la guerre, alors elles doivent avoir des salaires et des droits politiques égaux à ceux des hommes . Elle fut gérante du périodique Die Frau als Kämpferin/ La lutte des femmes d’octobre 1929 à mars 1930. Le 1er août 1931, elle prit la tête d’un cortège d’une vingtaine de personnes qui chantèrent un chant révolutionnaire sur la place Kléber et furent appréhendés par la police.

Au début de l’année 1934, elle devint secrétaire au journal l’Humanité, quotidien communiste en allemand encore rédigé et imprimé à Metz. La même année, elle était devenue secrétaire générale de l’Union fraternelle des femmes pour l’Alsace-Lorraine. Elle aurait résidé à Montigny-les-Metz (Moselle). On ignore si elle revint à Strasbourg dès le transfert en Alsace de L’Humanité en mars 1935.

En septembre 1940,les services de renseignements de la Gestapo, s’appuyant sur des données trouvés dans les services français de la préfecture ou de la police spéciale, la donnaient membre du comité régional communiste des femmes depuis 1934. Elle appartenait à la cellule Cachin du quartier populaire de Neudorf, et en fut la secrétaire politique (c’est un homme qui était secrétaire de la cellule). Les réunions avaient lieu au restaurant Zum Schlachthaus (À l’Abattoir ).

Après la Deuxième Guerre mondiale, elle milita à l’Union des femmes françaises (UFF), section de Strasbourg. Elle habitait alors dans un quartier du centre de Strasbourg, quai des Belges. Elle ne reprit plus de responsabilité de premier plan.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140312, notice LERGENMULLER Marthe [née BRIVOUL] par Françoise Olivier-Utard, version mise en ligne le 17 avril 2012, dernière modification le 17 avril 2012.

Par Françoise Olivier-Utard

SOURCES : Arch. Dép. Bas-Rhin, 98 AL 679 et 683. — Liste Gestapo de septembre 1940. — DBMOF, 34,p.292. — Notes de Léon Strauss.

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