MALCOURANT, François, Anet, Gilbert

Par Guy Putfin

Né le 1er décembre 1923 à Ebreuil (Allier), mort le 14 décembre 1995 à Rouen (Seine-Maritime) ; professeur ; militant syndicaliste, secrétaire départemental de la Fédération de l’Éducation nationale de Seine-Maritime, secrétaire national de la FEN de 1971 à 1983, conseiller spécial du secrétaire général de 1983 à 1985, secrétaire général puis président de l’ADEIC-FEN.

Au congrès du SNES 1971

Fils d’un marqueteur, François Malcourant fit ses études au lycée de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), puis à Paris à la Sorbonne, où il obtint une licence de lettres classiques. Il fut maître auxiliaire à Paris et à Reims, obtint le certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement public de second degré et fut nommé professeur certifié au collège de Darnétal, près de Rouen (Seine-Maritime).

Il épousa Amélie Backeljau le 18 février 1950 à Hal (Belgique). Le couple résida à Paris, puis à Bonsecours, près de Rouen et eut une fille, Anne Élisabeth, née le 16 novembre 1958. Sa femme était professeur de lycée professionnel.

La crise de mai 1958 détermina l’engagement syndical de François Malcourant, la position de la FEN et du Syndicat national de l’enseignement secondaire répondant à son éthique républicaine. Plus tard, il adhéra au Parti socialiste.

Militant du SNES, il fut secrétaire pédagogique adjoint, puis secrétaire pédagogique de la section académique (S3) de Caen du SNES, dont dépendait alors la Seine-Maritime. Sa prise de position sur le latin en 6e le fit remarquer du SNI. Il devint secrétaire départemental de la FEN de Seine-Maritime en 1964, succédant à Georges Leneveu, également militant du SNES, et membre de la commission administrative nationale de la FEN au titre de la majorité fédérale.

François Malcourant fut élu suppléant à la CA de la FEN, sur la liste de la majorité fédérale de 1966 à 1969, et devint titulaire au congrès de novembre 1969. En 1967, il fut membre, au titre de la majorité fédérale, de la commission d’études des problèmes de la vie fédérale mise en place par le congrès de décembre 1966, auquel il avait participé.

En 1968, à Rouen, en tant que secrétaire départemental de la FEN, François Malcourant s’opposa aux communistes qui avaient la majorité au SNES (Annette Mazauric), dirigeaient la section locale du SNESup (Louis Guilbert) et contrôlaient l’UNEF. Pour éviter l’UNEF locale opposée à la ligne de Jacques Sauvageot, il se tenait en relation avec un comité étudiant. Le 27 mai 1968, il signalait au siège national de la FEN : « Les collègues se durcissent de plus en plus et ce sont des majoritaires. Ils veulent renverser le gouvernement. Ce sont les cégétistes qui les calment. Il faut que la FEN tienne 24 heures de plus que la CGT. »

À l’occasion de la réunion de la CA fédérale de juin 1971, James Marangé, secrétaire général, lui demanda de venir à Paris, comme secrétaire corporatif de la FEN. A partir du 1er septembre 1971, François Malcourant vint travailler au siège de la fédération à Paris, mais il continua d’habiter Rouen. Il continua de figurer sur les listes « Unité indépendance et démocratie » aux élections à la CA nationale du SNES.

Au congrès FEN de novembre 1971, il présenta la motion d’orientation au nom de la majorité fédérale et fut élu au Bureau fédéral lors de la CA du 9 décembre 1971. Il anima la commission de révision des statuts fédéraux, et en présenta les conclusions au congrès de 1973, en défendant, contre les syndicats à direction « Unité et Action » (SNES, SNEP, SNEsup et SNCS) le « Manifeste pour l’unité et la responsabilité de la FEN ». Chargé des relations avec les syndicats nationaux et les sections départementales, et des affaires corporatives, il participa aux négociations salariales annuelles dans la Fonction publique, à la réforme des catégories ; il siégea au Conseil supérieur de la Fonction publique, et à ses commissions spécialisées (statuts, recours). Sous l’autorité de James Marangé, il fit ses premières armes dans les négociations Fonction publique avec Jacques Pommatau, du SNI.

Après son arrivée au secrétariat général de la FEN, en 1974, André Henry organisa la fédération en secteurs. François Malcourant fut alors le secrétaire national chargé du secteur « revendications ». Il eut dans ses attributions toutes les négociations dans la Fonction publique, les relations avec les autres fédérations de fonctionnaires, les affaires sociales, puis la représentation de la FEN à l’Organisation internationale du Travail. Il prépara les motions corporatives, puis présida la commission de la résolution générale dans les congrès de la FEN.

François Malcourant joua un rôle capital dans la Fonction publique, dont il fut l’un des « inventeurs » de la politique contractuelle : tous les accords signés sur les salaires et les carrières le furent avec et sous l’impulsion de la FEN, en application du principe du compromis acceptable, mis en avant par la majorité fédérale. Cette politique fut un sujet majeur de conflit avec la principale minorité « Unité et Action ». Il anima des stages de formation pour les militants sur les négociations salariales, et réalisa, en 1983, une étude sur la négociation salariale publiée par le Centre de recherches économiques, sociales et syndicales (CRES).

À la fin de la période où il exerça cette responsabilité, François Malcourant participa à l’élaboration du nouveau statut général des fonctionnaires, mis en chantier par le ministre Anicet Le Pors, et qui incluait les fonctionnaires territoriaux dans le statut général des fonctionnaires. Concluant un article dans L’Enseignement Public sur ce nouveau statut, il écrivait : « une telle construction devrait faire tomber bien des inquiétudes et bien des préventions à l’égard des conséquences de la décentralisation. »

En juin 1983, arrivé à l’âge de la retraite syndicale, François Malcourant remit ses mandats électifs et laissa le secteur revendications à Jean-Paul Roux. Il devint alors conseiller spécial du secrétaire général de la FEN, Jacques Pommatau, jusqu’en 1985. Il présida le comité interministériel des services sociaux de novembre 1985 à novembre 1987.

En septembre 1988, il prit sa retraite administrative.

Membre du Conseil d’administration de l’Association de défense et d’information des consommateurs de la FEN, à sa création en mars 1983, sous la présidence de [Charles Martial-<120463], François Malcourant en devint quelques mois plus tard (juin 1983) le secrétaire général. Le 1er juin 1988, il remplaça Robert Chéramy à la présidence de l’ADEIC-FEN. Atteint d’un cancer, il ne put exercer cette responsabilité que pendant quelques mois.

En 1992, il avait rejoint le nouveau Syndicat des enseignants dès sa création.

Officier de l’ordre national du mérite, François Malcourant avait été fait chevalier de la Légion d’honneur, et s’était fait remettre cette distinction par James Marangé le 21 février 1986, déclarant : « La distinction qui vient de m’être remise ne va pas à mes modestes mérites personnels, mais honore, à travers moi, mon organisation, honore tous ces militants obscurs auxquels je rendais hommage tout à l’heure, honore le syndicalisme tout entier. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140338, notice MALCOURANT, François, Anet, Gilbert par Guy Putfin, version mise en ligne le 19 avril 2012, dernière modification le 6 avril 2019.

Par Guy Putfin

Au congrès du SNES 1971

ŒUVRES : articles dans L’Enseignement public et Fen-informations. — Dossiers du CRES : n° 81, Réforme de la grille indiciaire de la Fonction publique, le rapport « Lasry » ; n° 102, Pour mieux comprendre la négociation salariale. Dossier repris dans un numéro spécial de FEN Informations n° 34 de décembre 1983.

SOURCES : Témoignage de François Malcourant devant le groupe FEN-CRHMSS du 4 décembre 1991. — Renseignements recueillis auprès de Madame Malcourant par Monique Ripoche. — Renseignements fournis par Alain Dalançon (IRHSES) et par Christian Huard (ADEIC). — Guy Brucy, Histoire de la FEN, Belin, 2003.

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