MANESSE Georgette [née BRICARD Georgette]

Par Alain Prigent

Née le 12 novembre 1911 à Marseille (Bouches-du-Rhône), morte le 22 décembre 2000 à Montréal (Yonne) ; professeure puis directrice d’école normale d’institutrices ; militante de l’UFF ; membre du comité de la fédération du PCF des Côtes-du-Nord (1946) ; candidate aux élections législatives de juin 1946.

Fille unique d’un ingénieur des chemins de fer, Georgette Bricard fit sa scolarité primaire à Montréal dans l’Yonne. Après avoir passé avec succès son baccalauréat philosophie à Paris en 1929, elle obtint une licence de philosophie à la Sorbonne en 1933. Titulaire de son certificat d’aptitude de lettres en 1934, elle enseigna successivement dans les écoles primaires supérieures de garçons de Thaon (Vosges) en 1934, de filles de Clamecy (Nièvre) où elle épousa Maurice Manesse, le 6 février 1937, puis à l’EPS de garçons d’ Hirson (Aisne).

Évacuée de cette ville en 1940, sans pouvoir rien emporter, ayant tout perdu dans la débâcle, elle fut détachée à Sens (Yonne) puis nommée professeur de lettres en octobre 1941 au collège moderne de Lamballe (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor). Inspectée en juin 1942, elle présenta un texte de Michelet, « Les volontaires de 1792 ». L’inspecteur nota dans un rapport élogieux « qu’on ne saurait lui faire grief de quelques appréciations historiques un peu risquées et un peu sommaires ».

Henri Avril*, directeur de l’école primaire supérieure de Lamballe, ancien député radical, futur président du comité départemental de Libération et futur préfet des Côtes-du-Nord indiqua dans un rapport rédigé en février 1943 que Mme Manesse « témoigne par le haut exemple de sa vie, une volonté courageuse au service d’une épuisante activité. Son enseignement vivant, aisé, intelligent et cordial en fait pour ses élèves un professeur de choix et pour l’école où elle se dévoue sans compter, un précieux collaborateur. » Son chef d’établissement indiquait en mars 1945 dans un rapport que « les suites d’une poliomyélite infantile lui rendent la marche très pénible. Son courage n’a d’égal que son dévouement professionnel. »

Membre du comité de la fédération du PCF des Côtes-du-Nord (1946), elle figura sur la liste communiste lors des élections législatives de juin 1946 conduite par Marcel Hamon. Militante de l’Union des femmes françaises, elle participa au congrès départemental du mouvement à Saint-Brieuc en 1945 autour d’Hélène Le Chevallier* et de Maria Rabaté*, congrès qui rassembla au moins deux cents femmes. Elle fut élue à la direction départementale du mouvement. Les réunions de cellule se tenaient dans son domicile, rue du bout du val à Lamballe.

En septembre 1945, dans le canton de Lamballe, candidate du PCF, Georgette Manesse obtint 591 voix sur les 6 550 suffrages exprimés soit 9 %, dans une élection quadrangulaire, face aux candidats socialiste, gaulliste et conservateur. Elle se désista au second tour pour Charles Coeuret*, candidat de la SFIO, qui fut élu.

Elle fut mutée à l’École normale d’institutrices d’Auxerre en octobre 1946 sur un poste de lettres et de philosophie. Elle fut ensuite directrice dans les écoles normales de Chaumont, à Épinal (1948-1952) puis à Amiens où elle œuvra le plus pendant 18 ans (1952-1970). Elle termina sa carrière à l’EN du Bourget en 1972. Son engagement politique laissa place à la recherche pédagogique, en particulier dans le cadre de l’Institut pédagogique national, autour des questions de l’enseignement du français. Elle se détacha du PCF dans les années 1950.

Son mari, professeur à Lamballe, était membre du bureau de l’amicale des intellectuels communistes en 1945. Le couple qui eut cinq enfants (naissances de 1937 à 1949) se sépara en 1952.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140357, notice MANESSE Georgette [née BRICARD Georgette] par Alain Prigent, version mise en ligne le 19 avril 2012, dernière modification le 29 avril 2021.

Par Alain Prigent

OEUVRE : Georgette Manesse, Gérard Marc, Le Roman de Renart, adaptation, Lille, CRDEP, 1968, 21 p. — -Georgette Manesse, Janette Pillon, Enseigne-t-on le Français ?, Editions Cedic, Paris, 1975, 156 pages

SOURCES : Arch. Dép. Côtes d’Armor, 1472 W 63 (dossiers individuels des membres de l’enseignement secondaire public). — Composition des comités fédéraux de la fédération des Côtes-du-Nord et fichier des élus de la Fédération des Côtes-du-Nord du PCF établis par Gilles Rivière. — L’Aube Nouvelle, hebdomadaire de la fédération des Côtes-du-Nord du PCF (1945-1951). — Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000, Les femmes dans la Résistance dans les Côtes-du-Nord, Les Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, N°3/4, 1996. — Entretien avec ses enfants Mme Hélène Barrier et Georges Manesse, avril 2010. — Témoignage d’Edouard Quemper, élève de G. Manesse à l’EPS de Lamballe. — Notes de François Prigent.

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